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Sécurité et défense : Pourquoi faut-il délocaliser les camps militaires ?

Publié le mardi 29 septembre 2020  |  Netafrique.net
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© AFP par Sia Kambou
Des soldats de l`armée burkinabè devant le camp militaire Guillaume Ouedraogo de Ouagadougou, mardi 22 septembre 2015.
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Le 23 septembre dernier, le conseil des ministres a adopté un décret portant approbation du Schéma directeur d’aménagement du Grand Ouaga (SDAGO), horizon 2025. Avec ce texte, le gouvernement s’engage à oeuvrer à une meilleure organisation de l’espace dans le Grand Ouaga et une maîtrise de son développement. La relocalisation des casernes militaires hors de la ville de Ouagadougou est l’un des changements majeurs que le SDAGO entrainera. Quelles peuvent en être les implications dans un contexte de lutte acharnée contre le terrorisme ?

La capitale burkinabè est l’une des plus étirées d’Afrique : vingt-cinq kilomètres d’est en ouest et une trentaine du nord au sud. Vue du ciel, Ouagadougou paraît sans frontière.

Cette situation devrait radicalement changer avec le Schéma directeur d’aménagement du Grand Ouaga, le SDAGO.

Logements, disponibilité en services sanitaires et sociaux, écoles, voiries, transports, routes, ressources en eau, gestion des déchets et, plus globalement, vie dans la cité… ce schéma doit préparer la première ville du pays à relever les nombreux défis auxquels elle sera confrontée à l’horizon 2025. Un réaménagement imposé par l’accroissement démographique et l’extension inhérente à l’habitat spontané : la capitale ne comptait que 110 000 habitants en 1972, 500 000 en 1984, 1,4 million actuellement. En 2025, sa population atteindra 4,7 millions d’âmes. Les problèmes seront insurmontables si les mesures idoines ne sont pas prises dès aujourd’hui.

L’idée maîtresse du SDAGO est de juguler l’extension de l’agglomération par l’absorption des communes riveraines, tout en densifiant les espaces existants. La superficie globale de l’agglomération est de 520 km2, comprenant la ville proprement dite ainsi que la zone rurale et les dix-sept villages qui lui sont rattachés. Le Grand Ouaga (GO) englobera, à terme, l’actuelle commune urbaine ainsi que les sept communes rurales que sont Koubri, Komsilga, Tanghin-Dassouri, Pabré, Saaba, Komki-Ipala et Loumbila, dans la région du Plateau central.Le Sdago prévoit une technopole ; deux (2) pôles d’activités économiques ; trois (3) pôles industriels qui sont Tanghin Dassouri, Koubri et Kossodo, deux (2) pôles agropastoraux à Loumbila et à Koubri, un pôle sportif à Komsilga, des zones naturelles et agricoles, des zones de réhabilitation et de densification, des zones d’éco cultures aux abords des barrages de Ouagadougou.

Se mettre en retrait pour mieux peaufiner sa stratégie

Le SDAGO participe aussi du renforcement de la sécurité et de la sureté urbaines. En ce sens, des pôles de sécurité et de défense seront érigés pour permettre d’envoyer les casernes militaires à l’écart de la ville de Ouagadougou. Les camps seront relocalisés à Koubri, Loumbila, Komki-Ipala, Pabré et Saaba.

Plusieurs raisons militent pour une relocalisation des camps militaires hors des villes. Historiquement, les camps ont été implantés à l’extrémité des villes afin de permettre aux troupes de pouvoir contrer rapidement toute attaque venant d’un ennemi extérieur. Aujourd’hui, du fait de l’urbanisation, les casernes qui étaient censées rester à l’extrémité des villes sont englouties. Les barrières de sécurité autour de ces forteresses empêchent par moment la libre circulation des populations ce qui est à la base de nombreux désagréments et parfois de vives tensions.

La deuxième raison c’est que les civils sont parfois pris pour cibles pour des différends qui devraient se régler normalement entre militaires. Les mutineries de 2011 à Ouagadougou et à Bobo en sont un exemple. Le 14 avril 2011, l’on s’en souvient, pour des questions de primes, des éléments du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) ont pris des armes, pour semer la terreur et la désolation dans la ville de Ouagadougou. Très vite, les éléments basés au « Conseil », les soldats du Camp Guillaume et ceux du Camp Sangoulé Lamizana entrent. Dans la danse. Des commerces sont pillés, des édifices publics et privés détruits, des femmes violées, des citoyens violentés,…

En juin 2011, c’est autour de Bobo de vivre sa mutinerie. Celle-ci part du camp Ouezzin-Coulibaly. Situé en plein cœur de la commune, le camp est encerclé par le quartier Sikasso-Cira vers le Nord, Bolomakoté et Kuinima vers l’Est et Kodeni et la zone industrielle vers le Sud et l’Ouest.

Ici aussi, des commerces sont pillés et des citoyens violentés. Certains mutins auraient même menacé de tirer sur les dépôts de SONABHY situés à côté,…

La mutinerie des militaires sera suivie de celle des policiers. Le mouvement a commencé par des tirs en l’air au camp des CRS (Compagnies républicaines de sécurité) avant de s’étendre au commissariat central de la capitale puis à d’autres villes du pays. En juillet 2022, le commandement aura la main ferme. 566 militaires seront radiés des effectifs de l’armée. Il leur est reproché entre autres les fautes contre l’honneur, la morale, la probité et les devoirs généraux du militaire avec incitation au désordre.

Une autre raison qui milite pour la délocalisation de ces camps, c’est qu’ils constituent des cibles dures pour les terroristes. C’est ainsi que l’État-major général des armées a été attaqué en plein centre de Ouagadougou le 02 mars 2018. Les assaillants ont fait usage d’un véhicule bourré d’explosifs. Une attaque contre un camp militaire en plein centre-ville peut causer des dégâts inimaginables.

Hors de la ville, les soldats pourront être plus à l’abri des nuisances diverses, mieux s’adonner à leurs exercices militaires et mieux peaufiner les différentes stratégies de lutte anti-terroriste.

Mais la question de la délocalisation doit être traitée avec le maximum de soins et l’implication des différentes forces et entités. C’est pour cette raison qu’il convient de saluer la perspective de création de pôles de sécurité et de défense. C’est une approche stratégique qui convient à la situation.

Jérémie Yisso BATIONO
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