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Santé au Burkina Faso: « Le désespoir gagne du terrain »

Publié le mardi 29 septembre 2020  |  Netafrique.net
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© FasoZine par DR
Centre hospitalier universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo à Ouagadougou
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Quand à la descente de ta garde, tu te retrouves avec 4 femmes qui ont perdu leur bébé (après 9 mois de grossesse assez difficile pour la plupart d’entre elle), parce qu’elles n’ont pas pu bénéficier d’une prise en charge en urgence dont elles avaient besoin, tu te demandes pourquoi tu as choisi ce métier. Il ne s’agit pas d’une négligence, mais à cause du fait qu’il y avait plus urgent qu’elles.
En médecine moderne, la vie d’une mère compte plus que la vie d’un enfant dans le ventre de sa maman. Cela veut dire que votre enfant peut présenter une souffrance foetale et une autre femme va arriver bien après vous, mais elle sera admise au bloc avant vous car c’est la vie maternelle qui est menacée dans ce cas.
Le désespoir gagne du terrain car malgré les efforts consentis, au matin de ta garde il aura 1, 2, 3, ou 4 femmes qui auront perdus leur enfant, et là si tu as de la chance de n’avoir qu’un seul décès maternel. Le désespoir gagne du terrain car si dans un CHU, on est incapable de faire un Électrocardiogramme (ECG) à un malade, alors tu comprends que ni l’administration de l’hôpital, ni le ministère de la santé et encore moins la présidence de la république se soucient réellement du malade qui vient dans un hôpital public. Le désespoir gagne du terrain, car lorsque tu vois un collègue dire à un patient qu’il n’y a plus de place au CHU, même si tu n’es pas du même avis, tu comprends qu’après moult tentatives de dynamiser et de faire de la place, au matin de sa garde il y a encore 4 ou 5 malades qui attendent en urgence qu’on leur trouvent une place.
Le désespoir gagne du terrain parce qu’une infirmière ne peut pas administrer les soins de 20 malades dans un service d’urgence médicale. Le désespoir gagne du terrain parce que même les plus combatifs commencent à baisser les bras.
Aujourd’hui nous avons besoin de personnes qui pensent nation, communauté avant de penser individu. Nous avons besoin de personnes qui ont une vision holistique des choses afin de donner de la confiance et de l’espoir à ceux qui pensent que nous pouvons nous en sortir encore.
Donnons un sens à nos différents engagements pour le bien de tous.
NB : Un hommage spécial aux gynécologues qui se battent sincèrement pour leur patientes.
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