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Nathanaël Ouédraogo, conseiller UPC a la mairie centrale de Ouaga

Publié le jeudi 25 juin 2020  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Une vue du palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre Guingané de Ouagadougou
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A l’occasion de la première session ordinaire du Conseil municipal de Ouagadougou, qui se tenait le 22 Juin dernier au Palais de la culture Jean-Pierre Guingané, on a assisté à un mouvement d’humeur.

En effet, des conseillers municipaux issus de partis de l’opposition, ont manifesté pour exiger la démission du maire Armand Béouindé qui fait l’objet de poursuites judiciaires et cela, suite à l’acquisition de 77 véhicules dont on dit qu’elle sent « le deal ». Alors, pourquoi exiger la démission du maire et ce alors même que sa culpabilité n’est pas encore établie ? Nous avons posé la question à Nathanaël Ouédraogo de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), par ailleurs 3e adjoint au maire de la commune de Ouagadougou. C’était hier, 23 juin 2020.

« Le Pays » : A l’occasion de la première session du Conseil municipal de Ouagadougou, vous avez manifesté pour demander la démission du maire Armand Béouindé. Pensez-vous que vous serez entendu ?

Nathanaël Ouédraogo : Comme ce qui se passe au Mali, manifester pour demander la démission d’un responsable, à quelque niveau que ce soit, est démocratique puisque la démission est actée par la loi sur les collectivités territoriales, qui dit que le maire peut démissionner. Donc, nous nous inscrivons résolument dans la démocratie républicaine pour demander à un responsable, quand sa gestion est mise en cause, de pouvoir se libérer de ses charges et se mettre à la disposition de la Justice. C’est un acte volontaire qui est demandé au maire Béouindé ; c’est à lui de décider, en toute souveraineté, en toute dignité, de démissionner et de se mettre à la disposition de la Justice. Ce n’est pas un acte contraignant.

Le maire a-t-il besoin de démissionner pour se mettre à la disposition de la Justice quand on sait qu’il n’est pas protégé par une quelconque immunité ?

Que vous soyez protégé ou pas, l’honneur et la dignité veulent que vous vous mettiez à la disposition de la Justice et surtout, que vous attendiez qu’elle se prononce. C’est d’ailleurs cela qui a entraîné les problèmes et les difficultés lors de la session communale du 21 juin dernier sur les comptes de gestion qui devaient être examinés et adoptés pour sa gestion 2019.

Le dossier étant déjà en Justice, n’allez-vous pas trop vite en besogne en demandant le départ du maire quand on sait que sa culpabilité n’est pas encore établie et qu’il bénéficie toujours de la présomption d’innocence ?

Si je comprends bien, Jean Claude Bouda, l’ex-ministre de la Défense, est actuellement aux arrêts pour permettre à la Justice de pouvoir faire des enquêtes. Donc, vous êtes d’accord avec moi que se mettre à la disposition de la Justice ne remet pas en cause la présomption d’innocence. Bien au contraire, cela permet d’être entièrement à la disposition de la Justice et à la Justice aussi de faire son travail. Quand les enquêteurs partent à la mairie et demandent aux collaborateurs directs du maire, de mettre à leur disposition des documents, ces documents peuvent ne pas communiqués sauf si le maire en donne l’ordre. Ces documents peuvent être dissimulés ou même, parfois, trafiqués avant d’être remis. Donc, pour la manifestation de la vérité, souvent, on décharge la personne mise en cause pour que justement ceux qui sont sous sa responsabilité, puissent être déchargés de ce fardeau et permettre à la Justice de faire son travail tranquillement et sans influence.

Quelle suite comptez-vous donner à votre mouvement d’humeur si le maire refuse de démissionner ?

Il y a des voies qui, comme je le disais, sont laissées à l’appréciation du maire ; sa démission, c’est quelque chose de personnel. Mais en dehors de cela, la loi prévoit une possibilité de déposer une motion de défiance contre le maire s’il n’obtempère pas. C’est une demande qui lui permet de partir et de se mettre à la disposition de la Justice avec honneur. On peut appliquer les dispositions du Code des collectivités territoriales, qui disent qu’il y a une possibilité, pour le 1/3 des conseillers du Conseil municipal d’une commune donnée, de demander une motion de défiance qui doit être votée par les 2/3 des conseillers du Conseil municipal.

« Le maire, quand ça ne l’arrange pas, dit que nous faisons de la politique politicienne. Quand nous votons, il nous dit d’être comptables de ce qu’il fait »

Dans son discours prononcé à l’occasion de la première session, le maire Béouindé a déclaré : « le développement de la ville de Ouagadougou ne doit pas souffrir de la politique politicienne ». Que lui répondez-vous ?

Encore une fois, ce n’est pas de la politique politicienne. Il a parlé des écoles qu’il devrait construire. Pourquoi n’a-t-il pas séparé l’ordre du jour en ne mettant que des points sur le développement et laissant trois points qui concernent sa gestion pour que la Justice tranche d’abord ? S’il était question simplement des projets de la ville, nous n’aurions pas protesté. Ce que le maire oublie de dire, c’est que dans l’ordre du jour, il y a trois points portant sur sa gestion 2019 dont celui financier 2019. Et comme vous le savez, ce point est inscrit dans le même ordre du jour que les écoles qu’on devrait construire. Donc, nous comprenons que s’il y a une personne qui fait de la politique politicienne, c’est bien le maire Armand Béouindé.

En tant que conseillers, n’êtes-vous aussi comptables de la gestion du maire ?

Nous ne sommes pas comptables de sa gestion puisqu’il y a un ordonnateur de budget. En fait, ce que les gens ne comprennent pas, et je tiens à le rappeler avec force, c’est que les conseillers de l’opposition n’ont jamais voté, en tout cas pas à l’unanimité, pour l’achat des 77 véhicules. Les procès- verbaux de cette session sont disponibles et je suis prêt à les mettre à votre disposition. L’une des photos qui a été publiée dans le journal « Courrier Confidendiel », montre bien que ce jour-là, il y a un conseiller au moins qui n’avait pas voté. Si vous regardez bien sur la photo, il s’agit de moi-même. Donc, c’est faux de dire que le vote a été à l’unanimité. Supposons que le vote ait été à l’unanimité, cela ne doit pas donner lieu à des actes de mauvaise gestion. Si les conseillers votent pour la construction d’une route et que l’argent est détourné, pensez-vous qu’ils soient comptables de cela ? On a voté pour construire une route et c’est donc celui qui a détourné l’argent de la route qui en est responsable. Si cette route est mal faite, les conseillers sont-ils responsables parce qu’ils auraient voté pour sa construction ? Le maire, quand ça ne l’arrange pas, dit que nous faisons de la politique politicienne. Quand nous votons, il nous dit d’être comptables de ce qu’il fait. Je termine en disant que quand nous votons pour une route, on ne dit pas de donner à sa famille. On s’est rendu compte qu’il y a un conflit d’intérêts. Même si nous avons voté la loi à l’unanimité, est-ce à dire qu’il doit donner des choses à sa famille ?

Avez-vous un mot pour conclure ce bref entretien ?

Nous voulons seulement que les gens comprennent que nous recherchons seulement l’équité et l’égalité devant la Justice. Que les actes qui sont posés soient mis devant la Justice. Nous faisons confiance à notre Justice pour dire si oui ou non, il y a eu mauvaise gestion dans l’affaire des 77 véhicules qui ont été acquis au profit de la ville de Ouagadougou.

Ce n’est pas un débat personnel ou personnalisé. Vous voyez que la population est révoltée de penser qu’on a donné l’accord pour équiper la ville et que cela a tourné à autre chose. Il y a eu des surfacturations. Vous trouvez normal que des prix soient doublés ou triplés ? Nous, les conseillers du CFOP, nous allons appuyer la démarche de la Justice pour que les enquêtes soient menées à charge et à décharge. Si le maire ne se reproche rien, qu’il continue d’exercer librement sa fonction. S’il lui est reproché quelque chose, qu’il aille répondre simplement car c’est de cela qu’il s’agit.

Propos recueillis par Michel NANA
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