Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
International
Article



 Titrologie



L’Observateur Paalga N° 8454 du 10/9/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

International

Cour pénale internationale : Ce paradoxe bien kényan
Publié le mercredi 11 septembre 2013   |  L’Observateur Paalga




 Vos outils




Le spectacle était beau et l’émotion était au rendez-vous quand, lundi dernier, le vice-président du Kenya, William Ruto a, tout sourire, dit au revoir à ses accompagnateurs avant de prendre l’avion pour La Haye afin de répondre à la convocation de la Cour pénale internationale. Accusé d’être impliqué dans l’organisation de violences politico-ethniques en décembre 2007, il joue en fait au précurseur pour son président, Uhuru Kenyatta, qui doit aller répondre du même crime et au même endroit en novembre prochain. En attendant, hier mardi, William Ruto s’y est présenté en costume gris et visiblement détendu devant les juges.

Du reste, il avait reçu les assurances du tribunal qu’il est libre de ses mouvements le temps que durera l’instruction. Mais derrière ce bel exemple de coopération avec une juridiction internationale, se cachent les velléités d’un Etat de s’en soustraire. Quel paradoxe que l’attitude des autorités de ce pays, qui répondent favorablement aux convocations du tribunal international tout en faisant feu de tout bois en interne pour quitter le Traité de Rome, acteur fondateur de la CPI perçu par le Parlement kényan comme une "institution néo-colonialiste". Un avant-projet de loi est en effet en gestation au sein des députés de la coalition au pouvoir. Mais comme nous l’avions si bien précisé dans notre édition du lundi 9 septembre à travers le titre «Le Kenya et la CPI - Le gros gibier se cabre», il n’y aura pas de retour en arrière pour les accusés puisqu’au cas où leur pays quitterait la redoutée institution dirigée par la Gambienne Fatou Bensouda, la décision prendrait effet un an après son adoption.

Avouons néanmoins qu’«ils sont courageux, ces Kenyans !» par allusion à la rengaine "Ils sont fous ces Romains" d’Asterix, dans la bande dessinée franco-belge. William Ruto parti répondre, espérons que son président, Uhuru Kenyatta, ne se fera pas non plus prier pour déférer aux convocations de la CPI. Il se trouve des accusés qui, pour tout l’or du monde, ne s’y présenteraient jamais : c’est le cas d’Omar el-Béchir, le maître du Soudan, qui choisit méticuleusement ses destinations afin de ne pas être cueilli comme un fruit mûr. Certes, dans le pire de ses cauchemars, il ne rêverait pas d’effectuer une visite d’Etat aux Pays-Bas, siège de l’institution, mais il pousse souvent la bravade à s’aventurer dans des pays membres de la CPI, au Tchad par exemple. Il est vrai qu’il ne risque pas grand-chose dans les pays africains d’autant que l’Union africaine a adopté une résolution appelant ses Etats membres à ne pas le livrer.

Que de rapports ambivalents entre l’Afrique et la Cour pénale internationale ! Quand des pays comme l’Ouganda, la Centrafrique, le République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire et, plus récemment, le Mali demandent son intervention, d’autres la vouent aux gémonies, la considérant comme une création de l’Occident pour croquer du Nègre. Foi de sa présidente, ce sont pourtant les Etats africains même qui demandent le plus son intervention par rapport aux autres régions du monde. D’aucuns se plaignent de ce que ce sont toujours des Africains qui y sont traduits. Allez-y chercher du génocide au Danemark, en France ou en Grande- Bretagne ! Et ces milliers de morts pendant les manifestations postélectorales, par exemple au Kenya en 2007 ? Ne nous voilons pas la face, en matière de "crimes contre l’humanité" ou de "crimes de guerre", l’Afrique détient la palme de sang depuis, en tout cas, l’adoption du statut de Rome le 17 juillet 1998. Il faut savoir ce que l’on veut à la fin ! Soit l’on fait foi à l’institution (malgré ses imperfections d’autant qu’aucune structure au monde n’est parfaite) même si un proche est interpellé, soit l’on ne ratifie pas le traité de Rome et, lorsqu’il y a du grabuge à grande échelle, l’on se démène avec les tribunaux nationaux. C’est facile de faire appel à la CPI quand on a besoin d’elle et de l’envoyer paître tel du kleenex lorsque soi-même ou ses proches sont épinglés !

Issa K. Barry

 Commentaires