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"Si la France retire Barkhane, le Mali et le Burkina se transformeront en Somalie", affirme Serge Michailof, auteur d’"Africanistan"

Publié le jeudi 12 decembre 2019  |  francetvinfo.fr
Opération
© Autre presse par DR
Opération Barkhane
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Parcourant l'Afrique depuis 50 ans, ancien directeur des opérations de l'Agence française de Développement (AFD) et de la Banque mondiale, actuellement à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), Serge Michailof nous livre son inquiétude sur la situation au Sahel, à quelques jours du sommet qui doit réunir à Pau les présidents Emmanuel Macron et les chefs d'état du G5-Sahel.

Franceinfo Afrique : l'armée française peut-elle quitter le Mali ? Pourra-t-elle tenir encore quinze ans comme le demandent certains généraux ?

Serge Michailof : je pense sincèrement que si demain l’armée française quitte le Mali, le pays se transformera en Somalie, qu’il en sera de même du Burkina et que les pays côtiers, comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo, rencontreront de grandes difficultés au plan sécuritaire. En revanche, je ne la vois pas tenir quinze ans ni même trois ans sans changer radicalement de posture.

En premier, je crains que la France n'ait perdu la bataille de la communication sans l’avoir livrée. Habilement travaillées, les opinions publiques urbaines au Mali et au Burkina sont désormais très hostiles à la présence militaire de la France. C'est devenu un vrai problème. Des foules avaient acclamé les soldats de Serval, mais les véhicules de l’armée française sont désormais régulièrement caillassés au Mali. Le chanteur malien Sélif Keita a diffusé sur Youtube une délirante diatribe antifrançaise qui a été vue des millions de fois. Nous sommes confrontés au syndrome du US go home que nous avons connu en France dans les années 50. Quant à l'opinion rurale, l’échec de l’éducation publique et les financements, depuis quarante ans par l'Arabie saoudite, de milliers de mosquées et d’écoles coraniques ont réussi à convertir au salafisme une population qui pratiquait jusque-là un islam soufi modéré.

La position de l’armée de l’ancien colonisateur risque dans ce contexte de devenir politiquement très difficile. De toute manière, il lui faut engager une bataille de communication en se rappelant que seules des voix africaines seront entendues.

L'armée française doit-elle se mettre en retrait ?
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