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Alassane Monè, ambassadeur du Burkina en Egypte «En un an, plus de 200 FDS burkinabè ont été formés par l`Egypte»

Publié le mardi 19 novembre 2019  |  Sidwaya
Alassane
© Autre presse par DR
Alassane Monè, ancien secrétaire général du Ministère de la Défense
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L’ambassadeur du Burkina Faso en Egypte, Alassane Monè : « Chaque Burkinabè est appelé à mettre en avant sa fibre patriotique ».

Alassane Monè, ancien secrétaire général du ministère de la Défense est, depuis le 9 janvier 2018, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de huit pays que sont la République Arabe d’Egypte, la République du Soudan, la Palestine, l’Israël, la Syrie, l’Irak, la Jordanie et le Liban. Dans cet entretien accordé à Sidwaya, le 12 novembre 2019 au Caire, il apporte son soutien à son pays, meurtri par les attaques terroristes et rassure que l’axe Ouagadougou-Le Caire se porte bien.

Sidwaya (S.) : Comment se porte l’axe Ouagadougou-Le Caire depuis l’ouverture de l’ambassade du Burkina Faso en 1976 ?
Alassane Monè (A.M.) : Il y a lieu de se féliciter de l’excellence des relations d’amitié et de coopération que le Burkina Faso et l’Egypte entretiennent depuis plus de quatre décennies. En effet, depuis l’ouverture de l’Ambassade en 1976, les relations de coopération et d’amitié n’ont cessé d’évoluer de façon satisfaisante jusqu’à nos jours. Cela a permis aux deux gouvernements d’instituer depuis 1995 une commission mixte de coopération à travers un protocole d’accord.

Ce cadre fait tous les deux ans l’état des lieux de la coopération dans les domaines concernés et identifie des perspectives. Cette santé diplomatique se justifie également par la visite d’amitié et de travail du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, du 7 au 10 juin 2017, sur invitation de son homologue, Abdel Fattah AL Sissi, et la visite officielle du président de l’Assemblée nationale burkinabè, Alassane Bala Sakandé, du 12 au 15 mai 2018 en Egypte. A l’occasion, les personnalités burkinabè et égyptiennes ont pu apprécier la vitalité des relations d’amitié entre leurs pays respectifs.

Des questions politiques et diplomatiques, aux domaines économique et commercial en passant par le volet sécuritaire ont été examinées. Le satisfecit de ces échanges est la disponibilité des deux pays à dynamiser et renforcer leurs relations bilatérales en faveur de l’épanouissement des peuples. Dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’autonomisation des femmes, de l’énergie, du journalisme, le nombre de Burkinabè ayant bénéficié de stages de formation allant de 2 à 6 mois est en constante progression. Il y a actuellement près de 50 stagiaires burkinabè au Caire dans les domaines sus-cités. Il en est de même pour les jeunes étudiants burkinabè qui bénéficient par an, de dizaines de bourses de formation dans les grandes universités du Caire et d’Alexandrie. A partir de 2018, la République arabe d’Egypte a décidé d’offrir 34 bourses aux étudiants de notre pays, au lieu de 20 comme c’était le cas.

S. : Combien de Burkinabè vivent dans les huit pays que couvre votre ambassade?
A.M. : Aujourd’hui, il y a environ 8 000 Burkinabè dont plus d’un millier en Egypte. Composés essentiellement d’étudiants, c’est seulement plus de 500 parmi eux qui sont immatriculés à l’ambassade. Notre objectif est de pouvoir enregistrer tout Burkinabè vivant dans notre juridiction. Pour ce faire, nous avons développé un partenariat entre l’ambassade et la communauté burkinabè, par l’intermédiaire des délégués consulaires, qui nous ont permis de faire de la sensibilisation en vue de leur enregistrement.

S. : Sont-ils vraiment intégrés ?

A.M. : Nos compatriotes vivant en Egypte sont bien intégrés dans la société égyptienne. Le Burkinabè jouit d’une très bonne image auprès des Egyptiens. C’est du moins, ce qui nous revient à travers nos contacts avec les autorités et confirmé par nos compatriotes. Toutefois, la communauté burkinabè est confrontée à des difficultés liées aux conditions d’obtention des titres de séjour, aux inscriptions dans les universités et instituts d’enseignement de la place, ainsi qu’à la cherté de la vie qui est de plus en plus insupportable, au regard de leur statut. A ce sujet, l’ambassade a consenti ces dernières années, de nombreux efforts avec les autorités égyptiennes pour améliorer les conditions de vie et d’études de nos compatriotes.

S. : A la suite de l’attaque du convoi des miniers à l’Est le 6 novembre 2019, le président du Faso a décidé de lancer un appel au recrutement de volontaires. Est-ce un aveu d’impuissance ou une tactique pour mieux affronter l’ennemi ?

A.M. : Le président du Faso, en tant que premier magistrat du pays et chef suprême des Armées, garant de l’intégrité territoriale, a le pouvoir de décider de la mise en œuvre et de la conduite de la politique de défense du pays, après analyse de la situation. Il est le mieux placé pour apprécier le moment de passer à une étape supérieure de la lutte. Il revient par conséquent à chaque Burkinabè de l’accompagner avec ses connaissances et ses savoir-faire. Il dispose des compétences requises pour cela.

Cette décision n’est pas venue d’un coup de tête. Il a un ensemble d’instruments techniques sur lesquels il s’est certainement appuyé pour assumer son engagement. Par cet appel, il sonne la mobilisation pour une union sacrée de toutes les filles et fils du pays, face au péril terroriste qui est une gangrène qui menace dangereusement la stabilité du pays. Chaque burkinabè est appelé à mettre en avant sa fibre patriotique. La mise en œuvre efficiente de cette mobilisation n’a d’autre dessein que de sortir notre patrie des griffes des forces du mal. Personne ne viendra de l’extérieur pour mieux défendre notre pays pour nous.

S. : Est-ce la solution à ce phénomène ?
A.M. : C’est l’une des solutions, parce que la défense du territoire national n’est pas que l’affaire des professionnels de la défense et de la sécurité. Le recours à l’action de la force militaire intervient assez souvent lorsque le dialogue connait des limites certaines. Dans ce cas de figure, nous sommes en face des gens sans visages, sans localisation, sans identité, sans foi ni loi. L’une des solutions ultimes qui nous reste à exploiter, c’est la mobilisation populaire. Bien encadrés et bien sensibilisés, les volontaires apporteront, un soutien de grande valeur pour venir à bout de ce fléau. Menons le bon combat car la nation ne devra pas sombrer et ne sombrera pas.

S. : Quel est le soutien de l’Egypte qui a une expérience dans la lutte contre cette guerre asymétrique ?
A.M. : L’Egypte est un pays qui s’est forgée à travers une longue période de guerres et de crises successives. D’abord de type conventionnel, puis asymétrique par la suite. C’est donc un pays doté aujourd’hui d’une grande expérience en matière de lutte contre le terrorisme et qui possède une expertise certaine. Il se montre solidaire du peuple burkinabè et est surtout disposée à faire bénéficier de son expertise au Burkina Faso.

Du reste, depuis quelques années, de nombreux stagiaires burkinabè dans le domaine de la sécurité et de la défense, bénéficient de formations de qualité dans diverses spécialités ici en Egypte. Entre 2018 et 2019, plus de 200 professionnels de défense et de sécurité burkinabè ont été formés entièrement ou partiellement par l’Egypte, dans le but d’optimiser les capacités opérationnelles et sécuritaires de nos forces. D’ailleurs, l’Egypte est disposée à offrir ses services au G5 Sahel.

S. : Les attaques ont aujourd’hui provoqué plus de 400 000 déplacés et l’heure est au sursaut patriotique. Quel est le soutien des Burkinabè d’Egypte ?
A.M. : Nous avons apporté notre contribution et celles des autres chancelleries, lors de la dernière conférence des ambassadeurs du Burkina, tenue à Ouagadougou, en juillet 2018, pour soutenir les FDS. C’est une contribution qui dénote de la prise de conscience des ambassadeurs et consuls généraux de l’insécurité que traverse notre pays. En ce qui concerne la communauté burkinabè, la mobilisation est déjà présente et chacun songe à son apport.

S. : Existe-t-il d’autres projets pour accompagner le développement du Burkina Faso ?
A.M. : Nous sommes en discussion avec les autorités égyptiennes, en vue d’un renforcement et d’un meilleur encadrement de la coopération sécuritaire entre les deux pays. Le but étant d’aboutir à la mise en place de part et d’autre, de mécanismes formels pour une meilleure animation de nos relations diplomatiques. Nous sommes convaincus que cela pourrait accroître la qualité du partenariat pour une sécurisation plus efficace de nos populations.

Interview réalisée par Fleur BIRBA
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