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Procès putsch manqué : Fin des plaidoiries pour les avocats de la défense

Publié le mardi 17 septembre 2019  |  Aujourd`hui au Faso
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© Autre presse par DR
Procès putsch manqué : Le délibéré
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Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 tire inexorablement vers sa fin, avec la clôture des plaidoiries le vendredi 23 août 2019. Les plaidoiries ont pris fin avec les conseils de Me Hermann Yaméogo et de Léonce Koné. Il s’agira pour la prochaine audience de «la divulgation de la liste des questions du Tribunal». L’occasion sera donnée aux juges de réagir à des questions dont les réponses vont impliquer la culpabilité ou non des accusés.

Après 18 mois de débat, les plaidoiries de la défense ont pris fin. «Je déclare les débats clos et renvoie l’audience au lundi 26 août pour la liste des questions», a déclaré le président du tribunal militaire, Seydou Ouédraogo. Ainsi, le tribunal va formuler à la prochaine audience, les questions à partir desquelles les juges vont répondre si tel accusé est coupable de telle charge et s’il y a des circonstances atténuantes ou aggravantes. Revenant sur les plaidoiries de Me Yérim Thiam et Me Antoinette Ouédraogo qui ont plaidé l’acquittement de Léonce Koné et de Me Hermann Yaméogo, ces conseils diront qu’en aucun moment, il n’est ressorti que ces deux personnalités politiques ont été mêlées de loin ou de près aux évènements du 16 septembre 2015.

«Si je montre le Code pénal du Burkina et l’accusation du parquet à Gohou Michel (comédien ivoirien), il dira que le parquet a tapé poteau (pour dire à échouer). Le parquet doit apporter la preuve parce que la preuve repose sur ses épaules», a laissé entendre l’ex-bâtonnier sénégalais, Yérim Thiam, en tentant de déconstruire l’argumentaire du parquet militaire.

Selon Me Thiam, le parquet militaire n’a pas joué franc-jeu dans ce procès, car il a caché des pièces et a refusé de donner des copies aux parties, conférant un caractère nul à ces pièces. Toujours d’après ses propos, ses clients Léonce Koné et Hermann Yaméogo n’ont apporté un quelconque concours pour la réussite du coup d’Etat perpétré par l’ex-Régiment de la sécurité présidentielle.

«Dans le livre (Je sais qui je suis) de Zida, à aucun moment, il n’a cité comme commanditaires possibles, M. Koné et M. Yaméogo. Jamais», a soutenu le bâtonnier sénégalais qui dit cumulé 44 ans de fonction. Et de souligner, que les acteurs de la Transition, notamment le Premier ministre, Isaac Yacouba Zida, se sont enrichis, ont enrichi leurs avocats et créé la pomme de la discorde en faisant voter la loi qui excluait certains hommes politiques des élections de novembre 2015.

Pour Me Antoinette Ouédraogo, les arguments du procureur ne résistent à aucune critique sérieuse, puisque l’instruction a été faite avec légèreté. Et d’en déduire que les arguments ne peuvent être vérifiés ni par la «preuve littérale», ni par la «preuve par indice» ou par la «preuve par témoignage». Que ce soit les infractions d’attentat à la sûreté de l’Etat ou du complot commis reprochés à M. Koné et Me Yaméogo, le parquet, n’ayant pas de preuve tangible contre les deux accusés, s’est rabattu sur les «accointances», selon l’ex-bâtonnière.

«L’accointance sur laquelle on veut se baser pour condamner mes clients n’est pas un crime», a-t-elle alors déclaré, trouvant anormal que le procureur veuille se baser aussi sur les conversations téléphoniques pour condamner ses clients. «60% des messages attribués à Léonce Koné et Hermann Yaméogo s’apparentent à des messages particuliers», a dénoncé la bâtonnière. C’est sur ces remarques que ces deux avocats ont terminé leurs plaidoiries, faisant ainsi place aux accusés pour leur mot de fin.

Léonce Koné est revenu sur le caractère politique du procès. Il a de ce fait, restitué le contexte des évènements du 16 septembre 2015. Il a évoqué le rôle joué par Isaac Yacouba Zida, alors Premier ministre et Auguste Denise Barry, ministre de la sécurité, contre les hommes politiques restés proches de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré.

«Il considérait la survivance des partis de l’ancienne majorité présidentielle et leur prétention à continuer à exercer comme une offense à sa personne», a confié l’accusé, au sujet du colonel Auguste Denise Barry, qui a suspendu pendant un moment, le CDP et des partis alliés. L’accusé a aussi exprimé sa pensée envers les victimes des évènements et souhaité que l’on travaille à éviter la pratique de la chasse aux sorcières. Quant à Me Hermann Yaméogo, il est revenu sur «l’illégalité et l’illégitimité» du gouvernement de la Transition qui les aurait conduits à ce procès. «La Transition a été à la base de toutes les crises ayant abouti au coup d’Etat».

Hermann Yaméogo, fils de Maurice Yaméogo, le premier président du Burkina, ex-Haute-Volta, revisitant l’histoire politique du pays des «hommes intègres» a tiré la conclusion que c’est le Conseil national pour la révolution (CNR) dirigé par le panafricaniste, le capitaine Noël Isidore Thomas Sankara, qui «a inauguré les crimes politiques au Burkina Faso».

Sollicitant une clémence du tribunal pour les accusés, Me Hermann Yaméogo a déclaré: que «La place du général Gilbert Diendéré n’est pas à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca). La place du général de gendarmerie Djibrill Bassolé «n’est pas dans une pseudo prison». Il a demandé la relaxe de ces deux hauts gradés et des officiers, sous-officiers et soldats de rang de l’ex-RSP, ex-unité d’élite dissoute fin septembre 2015, après le coup de force raté, afin qu’ils puissent participer aux opérations de maintien et de sécurisation du pays en proie à de multiples attaques terroristes. C’est la fin donc des plaidoiries. Rendez-vous est donné pour ce matin à la salle des banquets.

Larissa KABORE
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