Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Afrique
Article



 Titrologie



Le Pays N° 5433 du 3/9/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Afrique

Refus d’extradition de Koné Justin Katinan : L’obstination suspecte du Ghana
Publié le mardi 3 septembre 2013   |  Le Pays


Le
© Autre presse par DR
Le porte-parole de l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan


 Vos outils




Justin Koné Katinan peut encore se la couler douce au Ghana où il s’est refugié depuis la chute en avril 2011 de son mentor, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. La Justice ghanéenne vient en effet de refuser son extradition vers la Côte d’Ivoire, son pays d’origine. On se rappelle que c’est le 16 août 2012 qu’Abidjan avait lancé un mandat d’arrêt contre le sieur Katinan. On avait alors pensé à une extradition immédiate de cet homme tant recherché par le pouvoir ivoirien et que les services de sécurité ghanéens avaient mis aux arrêts le 24 août 2012. La diligence (huit jours après le mandat d’arrêt) était telle que l’on avait fini par croire en la bonne foi d’Accra. On y croyait d’autant plus que le président d’alors, John Atta-Mills, avait ordonné à la Justice de mettre tout en œuvre pour que l’extradition de Katinan fût effective.

On peut bien se demander par quel bout l’ex-ministre du Budget et porte-parole de Gbagbo tient les autorités ghanéennes

Mais plus le temps passe, plus l’on se rend compte que ce n’était que pure illusion. En tout cas, Katinan peut encore narguer la Justice de son pays. John Dramani Mahama vient de lui garantir un séjour paisible sur son sol en opposant un refus catégorique à son extradition. Katinan a donc toutes les raisons de s’estimer heureux. Il est le bienheureux hôte de l’ex-Gold Coast qui protège sa tête contre l’épée de Damoclès. On comprend donc qu’il se sente bien à l’aise au point de s’insurger contre la Justice de son pays, allant jusqu’à la qualifier de justice aux ordres. Ses camarades du FPI (Front populaire ivoirien), même les plus teigneux comme Pascal Affi N’Guessan, semblent se raviser en tenant un langage d’apaisement. Pour ce qui le concerne, c’est un discours va-t-en-guerre que Katina a laissé entendre lundi dernier sur les antennes de RFI (Radio France internationale). Ce qui prouve qu’il bénéficie d’une protection certaine. Du reste, comme le dit l’adage, quand la bouche parle mal, c’est que la nuque est bien protégée.
On peut bien se demander par quel bout l’ex-ministre du Budget et porte-parole de Gbagbo tient les autorités ghanéennes pour qu’elles refusent, obstinément son extradition au risque même de froisser les relations entre les deux Etats. En tout cas, ce n’est pas par un effet du hasard que Katinan a choisi le Ghana comme pays de refuge.

L’attitude du pouvoir d’Accra finira par donner raison à ceux qui disent que l’ex-ministre ivoirien du Budget est une poule aux oeufs d’or

Il a soigneusement évité de déposer ses valises de refugié dans un pays membre de la BCEAO. Et les raisons qu’avancent les autorités ghanéennes du genre « Katinan risque d’être victime de procès politique » sont très peu convaincantes. Lui-même n’est-il pas un homme politique ? On disait de John Atta-Mills, prédécesseur de John Dramani Mahama, qu’il couvrait les pro-Gbagbo refugiés sur son sol du fait de l’amitié qui liait les deux hommes. Mais telle une méchante ritournelle, les choses se répètent : le changement à la tête de l’Etat ghanéen n’a pas fait bouger le dossier d’extradition de Katinan d’un iota. Cette obstination du Ghana le rend suspect. L’attitude du pouvoir d’Accra finira par donner raison à ceux qui disent que l’ex-ministre ivoirien du Budget est une poule aux oeufs d’or que les autorités ghanéennes ne veulent pas prendre le risque de tuer. Aux premières heures de la fuite de Katinan au Ghana, les rumeurs relayées par la presse ivoirienne ont du reste laissé entendre qu’il a emporté avec lui un gros pactole après avoir éventré les caisses de l’Etat.

A la vérité, l’histoire de Katinan rappelle celle de Hissène Habré. Ce qui a longtemps bloqué le dossier de l’ex-dictateur tchadien, c’est bien les grosses valises de billets de banque qu’il a emportées lors de sa fuite vers le Sénégal. Comme lui, Katinan aurait beaucoup investi au Ghana. Si c’est bien le cas, on comprend que ce n’est pas demain la veille que le pouvoir ghanéen le lâchera. En tout état de cause, ce refus d’extrader ce présumé pilleur de deniers publics pourrait être un crime contre le contribuable ivoirien qui continuera de croire que le Ghana protège son criminel économique.

Boulkindi COULDIATI

 Commentaires