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Le Pays N° 5432 du 2/9/2013

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Attaque de la présidence du Faso : Des riverains et des acteurs politiques se prononcent
Publié le lundi 2 septembre 2013   |  Le Pays




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Dans la nuit du 30 au 31 août 2013, des coups de feu ont été entendus au palais de Kosyam. Ces évènements font suite à une attaque menée par un ancien soldat de la sécurité présidentielle qui se serait introduit à la présidence pour s’attaquer à la résidence du chef de l’Etat, Blaise Compaoré. Romuald Tuina, puisque c’est de cet ex-soldat du Régiment de sécurité présidentielle qu’il s’agit, a trouvé la mort dans les affrontements qui l’ont opposé aux éléments du RSP, précise un communiqué lu à la télévision nationale par le substitut du procureur du Faso, Blaise Bazié. Hier, dimanche 1er septembre 2013, nous nous sommes rendus à Ouaga 2000, quartier qui abrite le palais présidentiel où se sont déroulés les évènements. A notre arrivée aux environs de 10 heures, il régnait un calme ordinaire et les habitants vaquaient à leurs occupations. Autour du palais, il n’y avait, visiblement, rien à signaler. Aucun dispositif sécuritaire spécial n’était perceptible. Difficile cependant de trouver un interlocuteur pour se prononcer sur les évènements. Quelques riverains ont accepté, tout de même, de livrer des témoignages sous le couvert de l’anonymat. Nous avons aussi approché des hommes politiques pour qu’ils nous donnent leur lecture de la situation. Et pour cela, nous avons voulu, dans un souci d’équité, avoir un homme politique du pouvoir et de l’opposition. Mais nous avons essayé en vain de joindre certains hommes politques du pouvoir. Si fait que nous nous sommes au final contentés de la seule réaction de Me Bénéwendé Sankara.

Intervenant 1
Nous avons entendu les coups de feu et nous avons été beaucoup inquiétés. On ne sait pas de quoi il s’agit exactement jusqu’à présent, car on n’a pas eu d’informations précises.

Intervenant 2
Avant-hier nuit (vendredi nuit), nous avons effectivement entendu des détonations puissantes de coups de fusils dans le quartier. Les coups de canons nous font toujours peur. Tout ce que nous souhaitons, c’est que la paix règne dans le pays afin que nous puissions assurer notre pitance quotidienne. C’est cela qui nous préoccupe plus.

Intervenant 3
Au moment des tirs, on a beaucoup été inquiété car nous avons encore en mémoire, les évènements douloureux de la crise sociale qui a traversé le pays. Quand on a entendu les tirs, on n’a pas eu le sommeil tranquille. On n’a pas toujours eu d’informations et on espère que les journaux en feront cas dans leurs colonnes en début de semaine prochaine. On attend donc d’en savoir davantage.

Un acteur politique rencontré à Ouagadougou s’est également prononcé sur les évènements survenus.

Me Bénéwendé S. Sankara, président de l’UNIR/PS

« Une grave bizarrerie qui devait cacher beaucoup de choses aux Burkinabè »

« C’est un cas d’une extrême gravité qui interpelle tout citoyen burkinabè. J’estime que, pour autant que nous sommes, nous sommes tous exposés à des risques d’insécurité. On peut, du jour au lendemain, être canardé de la même façon. On trouvera toujours un procureur pour monter tout de suite au journal télévisé de 20h pour donner des explications en mettant entre parenthèses la présomption d’innocence. J’avoue que j’ai été dépassé par la barbarie avec laquelle il a été littéralement assassiné par une armée d’élite qui a une notoriété internationale et qui intervient dans tous les conflits en Afrique. Je suis d’autant plus dépassé qu’il s’agit, comme on le laisse croire, d’un seul individu nommé Tuina, fût-il un récidiviste. On n’aurait pu le maîtriser afin de le traduire purement et simplement devant une juridiction compétente que la lumière et la vérité se seraient établies. Aujourd’hui, ce soldat n’est plus ; il a été tué. Dans ce cas, il n’y aura même plus, à mon avis, de procès qui tienne, puisqu’on dit que, lorsque vous êtes mort, il y a extinction ou prescription. A moins que l’on nous dise qu’il avait des complices. Mais j’ai suivi l’intervention télévisée du procureur Bazié qui dit qu’il s’agit d’un acte isolé, qu’il s’était déguisé et que l’on a trouvé sur lui une autorisation de sortie de prison d’un pays voisin. En suivant les tentatives d’explication de Bazié, l’on se rend compte qu’il y a une grave bizarrerie qui devait cacher beaucoup de choses au peuple burkinabè. En attendant d’en savoir un peu plus, je déplore qu’une armée qu’on connaît, qui assure la sécurité du chef de l’Etat, n’ait pas pu maîtriser un seul individu pour que la vérité puisse être établie. Je le regrette sincèrement et je pense que c’est une atteinte très grave aux droits de l’Homme. Des citoyens tuent littéralement d’autres citoyens dans des quartiers et sur les routes. Si notre armée se met à agir comme ces citoyens, cela est extrêmement grave et l’on est en droit de se poser la question de savoir où allons-nous ».

Le communiqué du ministère de la Justice

« Le parquet du Procureur du Faso du Tribunal de grande instance de Ouagadougou porte à la connaissance du public qu’un ex-militaire du nom de Tuina Romuald a trouvé la mort au cours d’un échange de tirs entre une patrouille militaire et lui dans la nuit du vendredi 30 août 2013. Le sieur Tuina Romuald, portant irrégulièrement une tenue militaire, avait tenté de tromper la vigilance d’une sentinelle et s’était attaqué à un poste de garde du Camp Naaba Koom II du Régiment de sécurité présidentielle. Face à la réaction des éléments de garde, il a pris la fuite. Une course-poursuite s’est alors engagée pour l’interpeller. Il a opposé une résistance si bien que suite aux échanges de coups de feu, les balles l’ont atteint mortellement. Il vous souviendra que Tuina Romuald est cet ex-militaire radié des Forces Armées Nationales pour avoir tiré sur le gérant d’un bar dans la nuit du 20 au 21 février 2012 à Ouagadougou. Interpellé le 1er mars 2012, il s’était évadé, peu après, de la brigade de gendarmerie où il était détenu. Le 11 avril 2012, il avait braqué en plein jour l’agence de la Banque Commerciale du Burkina (BCB) de la Patte d’Oie et emporté la somme de sept millions cinq cent quatre mille (7 504 000) francs CFA. Activement recherché après ce forfait, il s’était enfui hors du pays. Le Procureur du Faso avait requis l’ouverture d’une information judiciaire et le juge d’instruction en charge du dossier avait décerné un mandat d’arrêt contre lui le 24 mai 2012. Dans les documents découverts sur lui, il a été retrouvé un billet de sortie de prison délivré par l’administration pénitentiaire d’un pays voisin.

Le Procureur du Faso a été saisi de cette affaire qui suit son cours.
Ouagadougou, le 31 août 2013. »

Propos recueillis par Boulkindi COULDIATI et Saïdou ZOROME

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