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Multiplication des crimes au Burkina : que faire pour plus de justice et de quiétude ?
Publié le samedi 31 aout 2013   |  L’Hebdomadaire


Justice
© aOuaga.com par A Ouedraogo
Justice : Prestation de serment des magistrats à la cour d`appel de Ouagadougou
Vendredi 28 septembre 2012. Ouagadougou. Palais de justice


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C’est un phénomène qui est de plus en plus inquiétant au Burkina. Pas une semaine sans qu’on ne découvre un corps sans vie. Des humains sont tués par leurs semblables pour des raisons diverses. Pourquoi les auteurs de certains de ces crimes ont voulu se faire justice en donnant la mort à leur prochain ? Malgré la campagne de communication qui accompagne la tenue des assises criminelles, des individus continuent de mettre fin volontairement (souvent avec préméditation) à la vie de leurs prochains sans avoir peur d’aller en prison. Les décisions de justice ne sont-elles pas suffisamment fortes pour arrêter un tel phénomène ? N’y a-t-il pas lieu d’appliquer les peines les plus lourdes comme la perpétuité ou la peine de mort pour dissuader ? Des interrogations qui ont suscité notre réflexion sur cette situation qui taraude l’esprit des Burkinabè.



Pas une semaine où la presse ne fasse cas d’un crime de sang commis quelque part dans nos cités. En effet, pour les cas les plus récents, dans la nuit du 31 juillet au 1er août dernier, dans le quartier Marcoussi situé dans l’ex-arrondissement de Sig-Noghin, c’est un certain Aristide Kola qui a froidement tué sa copine, Salamata Zoungrana, la mère de l’enfant qu’ils ont eu ensemble. Dans la semaine qui a suivi, c’est un corps sans vie qui a été retrouvé à Tanghin, dans l’arrondissement n°4.

Des actes odieux parmi tant d’autres qui sont de plus en plus légion dans les cités urbaines et dans les villages. Un constat les victimes de ces crimes de sang ont un visage féminin dans la majorité des cas. Pourquoi des crimes odieux se multiplient dans les villes et villages du Burkina  ? Se demandent aujourd’hui bien de gens.

C’est de plus en plus inquiétant de savoir que l’insécurité dans les cités urbaines et dans les villages du Burkina est ainsi matérialisée par des actes d’assassinat. Entre vindictes populaires, règlement de compte et attaques à mains armées, des personnes sont exécutées en extrajudiciaire.

On a l’impression que la tolérance et le respect des droits humains qui étaient des valeurs sacrées semblent voler en éclat ces derniers temps au pays des Hommes intègres.

N’importe qui veut se faire justice prétextant ne plus avoir confiance en la justice. Du coup, l’autorité de l’Etat est mise à mal par l’incivisme grandissant au sein de la population et une recrudescence du banditisme. Dans la plupart des cas, ceux qui posent ces actes ignobles le font souvent sous le coup d’un dopant.

C’est pourquoi le président du conseil d’administration du Réseau africain Jeunes santé et développement au Burkina Faso (RAJS/BF), Bagnomboé Bakiono pense qu’« il faudra lutter contre le trafic et la consommation de la drogue et de l’alcool dans notre pays ».

Entre sévérité des sanctions et respect des droits humains

L’article 329 du Code pénal dit ceci  : « Est puni d’un emprisonnement de dix à vingt ans, tout coupable de coups et blessures volontaires et voies de fait ayant entraîné des mutilations, amputations ou privation de l’usage d’un membre, cécité, perte d’un œil ou autres infirmités permanentes. Si les coups portés ou les blessures faites volontairement sans intention de donner la mort, l’ont pourtant occasionnée, le coupable est également puni d’un emprisonnement de dix à vingt ans ».

Dans le même Code, l’article 330 stipule que « la peine est l’emprisonnement à vie lorsque les coups et blessures, les violences et voies de fait sont exercés avec préméditation ou guet-apens et il en résulte des mutilations, amputation ou privation de l’usage d’un membre, cécité ou perte d’un œil ou autres infirmités permanentes ».

A ces dispositions, on peut ajouter la peine de mort qui est une décision de justice très lourde pour dissuader les auteurs de crimes de sang.

Pour bien de citoyens terrifiés par la multiplication de ces tueries, il faut frapper fort pour donner l’exemple. C’est du reste le point de vue de ce citoyen Hamidou Hidogo : « Je suis pour la peine de mort. Pas pour dire de condamner à mort quelqu’un qui aurait commis un crime par accident ou en légitime défense.

Mais celui qui aurait prémédité, planifié et exécuté un crime de sang-froid peut difficilement être récupéré par la société. Et pour que celui-ci ne gangrène pas l’environnement, il faut simplement le condamner à mort pour l’exemple.

Il y a beaucoup de crimes gratuits. Les crimes rituels ou ceux que l’on commet pour obtenir des richesses... Ces personnes ne peuvent plus faire amende honorable et sont inutiles pour la société ». Par contre, le PCA du RAJS/BF pense que « l’application de la peine de mort ne résoudra pas le problème ».

 On pourrait alors se poser cette question  : comment punir sévèrement les auteurs des crimes de sang pour donner l’exemple sans s’attirer aujourd’hui la furia des organisations et mouvements des droits humains  ?

« Il faut que la justice fasse son travail en appliquant la loi en vigueur sinon le problème est très récurrent ces temps-ci. Il faut appliquer la loi dans sa rigueur pour décourager au maximum ceux qui s’adonnent à de telle pratique », estime Lansina To, coordonnateur du projet SAGE. 
Pour lui, dans la situation actuelle où les crimes de sang se multiplient, il ne faut pas appliquer la peine de mort aux coupables car avec certaines dispositions légales internationales dont le Burkina est signataire, notamment la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, le pays peut s’exposer aux critiques de certaines organisations de défenses des droits humains.

Il estime qu’il faut plutôt les infliger des peines lourdes allant jusqu’à la prison à vie s’il le faut. L’informaticien Kaboré Joseph quant à lui a fait remarquer que « la peine capitale est reconnue au Burkina mais apparemment, son application pose problème ».

Même si Valéa Raga, un activiste de la société civile burkinabè dit être contre l’application de la peine de mort mais, face à la gravité et la cruauté de certains crimes, il s’interroge s’il ne faut pas l’appliquer.

Dans un contexte de droits humains, M. Soumaïla Savadogo de Human Rights Worker, une ONG de défense des droits humains, a aussi fait remarquer que « la perpétuité est la norme reconnue en matière des droits humains.

Car, si l’on considère que la vie est sacrée et qu’elle constitue le premier des droits reconnus à l’être humain, je pense qu’il faut appliquer la perpétuité aux criminels de sang ».

Même son de cloche pour Me Halidou Ouédraogo, en tant que défenseur des droits humains qui fait le constat suivant  : « La peine de mort est de moins en moins appliquée dans le monde.

Nous avons au Burkina des lois sur le grand banditisme mais elles sont anticonstitutionnelles parce qu’elles permettent des condamnations à des peines de 50 ans pour des délits ».

En attendant les prochaines assises criminelles de 2013, la justice burkinabè a du pain sur la planche pour non seulement redorer son blason auprès des justiciables, mais aussi respecter les droits humains. Elle doit également dans le cadre de sa mission républicaine, permettre la restauration d’un environnement sécurisé pour les populations en appliquant les lois en la matière.

Abou OUATTARA

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