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Législatives et municipales couplées : Quels enjeux pour les dernières élections de l`ère Compaoré ?
Publié le samedi 6 octobre 2012   |  Journal du Jeudi


François
© Autre presse par DR
François Compaoré secrétaire national du Congrès pour la démocratie et le progrès CDP


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Lentement mais sûrement, le Burkina politique se rapproche de l’année fatidique de 2015 qui devrait marquer le point final constitutionnel du bail du Blaiso national. A moins d’une modification de dernière minute, les législatives et municipales couplées du 2 décembre prochain seront les dernières élections de l’ère Compaoré. Les dernières auxquelles l’enfant terrible de Ziniaré assistera en tant que président du Faso. Et aussi les dernières qui verront élire ses lieutenants chargés de conduire les affaires politiques jusqu’au terme du mandat. Ces élections sont comme les autres, mais leurs enjeux ne sont pas moins singuliers. Décryptage.
Pour la première fois, le nombre de députés passera de 111 à 127, soit désormais 111 à élire sur les listes provinciales au lieu de 97 et 16 au lieu de 15 sur la liste nationale. Une augmentation du nombre de parle-men-taires que le législateur justifie par la volonté de «corriger» une vieille erreur du passé en faisant passer le nombre minimal de députés de un à au moins deux dans chaque province du pays. La province du Kadiogo reste la plus grande pourvoyeuse d’élus avec 9 sièges à pourvoir. C’est là que François Compaoré, «le petit président», a choisi de briguer un mandat d’élu du peuple. Tout un symbole! Et aussi un programme, au moment où son frère de président achève, lui, son dernier mandat. Ceci explique-t-il cela? Il ne faut peut-être pas devancer l’iguane dans l’eau, tellement la mare politique du Faso est trouble et boueuse...
Ce qui est au moins sûr, c’est que Simon Compaoré, le courtmestre de la capitale, n’a pas attendu tout ça pour rendre le tablier. Il a élégamment respecté sa parole en renonçant aussi bien aux municipales qu’aux législatives. Quand on sait que le réflexe de «quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent» n’est pas partagé au sein du giga-parti au pouvoir, Simon mérite bien d’être considéré comme un brave politique qui aura tout donné pour Ouagadougou mais aussi pour le parti qui l’a façonné. Espérons qu’il saura cultiver son jardin. Se laissera-t-il tenter par les sirènes du Sénat pour reprendre service? Le Faso politique a ses raisons que la raison ignore.
Pour la première fois aussi, un président sortant du Parle-ment ne se présente pas aux élections législatives. Roczilla, puisque c’est de lui qu’il s’agit, semble se tirer du landernau politique sur la pointe des pattes. En tout cas, il n’a jamais annoncé de retraite et voilà qu’il se retire de tout sans crier gare. Depuis son éviction de la tête du giga-parti, il a préféré garder le cadenas sur la langue et préfère siroter son whisky plutôt que de se mêler des oignons qui ne le regardent pas. Ainsi va le Faso. Sa retraite, quelque peu prématurée, sonnerait-elle le chant du cygne? En attendant de voir s’il sera recyclé lui aussi au Sénat, on peut imaginer que le Blaiso national ne veut pas s’en aller comme ça sans protéger ses arrières. Une de ses stratégies semble être de remplacer certaines «vieilles marmites» par de nouvelles. «Calife Dial’Eau» en a fait les frais. A lire les listes du CDP entre les lignes, on constate que plusieurs membres de son clan, comme ceux de Simon et de Roch, ont été nettoyés proprement. Exit donc les Salifistes, les Simonistes et les Rochistes au profit des Fransiscains, Assimistes, bref, des Fedap/Bcistes.
Le principal enjeu des élections législatives et municipales semble être de confier la gestion de la fin de bail à des «ouvriers de dernière heure». Et la question que l’on se pose logiquement est de savoir s’ils seront à la hauteur de la tâche qui s’annonce comme un virage dangereux pour le navire Burkina. Du reste, le danger dépendra du choix qu’aura à faire le Blaiso pour tirer sa révérence au terme de son ultime mandat ou de déverrouiller l’article 37 de la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Le plan de succession ou de prolongation se dessine en fonction de l’une ou l’autre hypothèse de ce qui apparaît toujours comme l’équation Compaoré. Puisqu’il a choisi de ne pas se prononcer officiellement et ouvertement sur sa fin de bail, on ne peut que se confondre en conjectures. Sauf qu’il y a des signes qui ne trompent pas.
Au-delà des compétitions de routine qu’elles suscitent, les législatives et municipales couplées du 2 décembre prochain ne doivent pas cacher la forêt de cette interrogation fondamentale du Faso. Les figures qui apparaissent ou disparaissent renseignent sur les enjeux de ce scrutin double auquel les Burkinabè vont s’essayer pour la première fois en choisissant simultanément leurs députés et leurs conseillers municipaux. Le jeu du bulletin unique doublé et de l’urne doublée en vaut la chandelle.
S’il est vrai que c’est le Parlement et les conseils municipaux qui font l’essentiel de l’ossature du pouvoir politique, il ne l’est pas moins qu’ici au Faso, c’est le Blaiso national qui donne l’onction aux uns et aux autres. Sans être candidat à ces élections, il est tout aussi concerné que quiconque. Il a non seulement intérêt à ce que ce double scrutin se déroule dans la quiétude, mais que l’attelage qui va en sortir lui permette d’amorcer sereinement sa fin de règne.

F. Quophy

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