Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 851 du 27/8/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Économie

Boom minier au Burkina : Attention à la désillusion !
Publié le mercredi 28 aout 2013   |  Le Quotidien




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

L’économie du Burkina s’est résolument orientée vers l’extraction minière ces dernières années. En termes de recettes fiscales et de créations d’emplois, nul ne peut douter des retombées positives de ce secteur pour le pays. Mais les activités minières, qui dépendent du cours international, peuvent provoquer des désillusions si des garde-fous ne sont pas pris. C’est ainsi qu’après plusieurs années d’embellie, le cours de l’or connaît une baisse dont les effets sont immédiatement ressentis jusque dans les caisses de l’Etat et surtout dans la vie des travailleurs. Ces derniers, qu’ils soient employés directement dans les mines ou dans des sociétés de sous-traitance, sont les premiers sacrifiés en cas de mauvaise passe, comme c’est le cas actuellement. Les licenciements se font à la pelle. Autant d’espoirs brisés, pour avoir cru en cet eldorado tant vanté par les autorités. Il y a donc quelque chose à faire dès maintenant, car le secteur des mines apparait de plus en plus comme une bombe sociale à retardement. En cela, il ne faut pas dupliquer les erreurs du passé. Les premières expériences minières au Burkina ont, en effet, laissé un goût amer.

Rappelez-vous Poura, cette ville minière dont il ne reste pratiquement plus rien. La ville s’est assoupie dans la léthargie, en même temps que la mine qui lui servait de sève nourricière s’est fermée. Le cas de Poura est emblématique de la mal gouvernance minière au Burkina. Malheureusement, d’autres villes abritant des sites miniers risquent de connaître le même sort. Les investissements des sociétés minières en faveur des communautés de base sont largement insuffisants. Ils ne sont pas à même d’assurer leur développement durable. Si tout cela est possible, c’est bien parce que bien des sociétés, du fait d’un code minier dit attractif, se croient en territoire conquis. Elles font la pluie et le beau temps au nom du libéralisme économique voulu par les autorités. Mais, il y a certainement d’autres facteurs à l’origine du laisser aller actuel. Il s’agit de savoir en effet si le Burkina dispose d’une classe dirigeante suffisamment préoccupée par les souffrances des populations. N’est-elle pas plutôt obnubilée par ses propres intérêts ? Un pays voisin ayant une longue tradition aurifère, le Ghana, a su créer une dynamique de développement des villes minières. Qui n’a entendu parler d’Obuasi Goldfields ? L’or, dans ce pays, sert au développement du pays et non à enrichir quelques privilégiés. Voilà l’exemple à suivre.
Au Burkina, l’adage selon lequel tout ce qui brille n’est pas or, n’a jamais été aussi vrai. Le secteur minier provoque aujourd’hui la désillusion chez bien des personnes. Certes, les salaires sont au-dessus de la moyenne nationale, mais la précarité de l’emploi annihile cet avantage. Pour un oui ou pour un non, on peut se retrouver à la rue, sans aucun recours. Pour eux, le boom minier s’est transformé en cauchemar.

Les inspections du travail croulent sous les dossiers de mineurs licenciés sans autre forme de procès. Que deviendront tous ces travailleurs habitués à un certain train de vie et qui, du jour au lendemain, se retrouvent dans la rue ? Assurément, c’est maintenant qu’il faut sonner l’alerte. Sinon, demain sera trop tard. Les sociétés minières seront reparties vers d’autres cieux après avoir fait de bonnes affaires, nous laissant avec des cas sociaux à gérer. Quel bilan aurons-nous à offrir de ces années où l’on roulait sur l’or ? A ce rythme, il faut craindre qu’à l’heure des comptes, la moisson ne soit maigre. D’où l’impérieuse nécessité de redresser la barre dès maintenant. Il faut pouvoir concilier les intérêts des investisseurs avec ceux du peuple burkinabè. Les contrats n’ont plus droit de cité. Car les Burkinabè ont l’impression d’un marché de dupes où l’or ou les autres minerais servent seulement à engraisser quelques pontes du régime. La seule façon de dissiper ces doutes, c’est de vraiment travailler à développer et à rendre les sociétés minières plus citoyennes .

La Rédaction

 Commentaires