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Procès du putsch : Ce que Bassolé avait dit à Diendéré

Publié le lundi 25 mars 2019  |  Sidwaya
General
© Autre presse par DR
General Djibril Bassolé
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Les derniers éléments sonores impliquant le général Djibrill Bassolé ont été diffusés, le vendredi 22 mars 2019, au tribunal militaire de Ouagadougou. Ils rendent compte de ses encouragements au Gal Gilbert Diendéré.

La diffusion du premier lot d’éléments audio attribués à Djibrill Bassolé, a pris fin, vendredi 22 mars 2019, devant le tribunal militaire de Ouagadougou. Il s’agit de plus d’une cinquantaine d’éléments sonores qui accablent encore plus le général de gendarmerie. Deux d’entre eux révèlent ses échanges téléphoniques avec le Général de brigade, Gilbert Diendéré.

Dans le premier, Bassolé évoque la question du désarmement de l’ex-RSP et suggère à son interlocuteur de conclure un « bon accord de DDR (NDLR, Désarmement-démobilisation-réinsertion) ». Il l’invite surtout à ne pas abandonner. « Tiens bon mon cher ! Tu n’as plus rien à perdre. On est ensemble. Il suffit de motiver les jeunes », a conseillé Bassolé à Diendéré.

Le second appel entre les généraux fait cas d’une certaine hantise du côté de Diendéré. Ce dernier annonce au gendarme, une « mauvaise nouvelle ». « Allo ! ça va ? », a demandé Bassolé. « Pas totalement ! Comme il y a la pression psychologique, ça joue sur le moral des hommes », lui a répondu Diendéré. Invité à la barre pour se prononcer sur les écoutes téléphoniques, le président du CND n’a pas souhaité faire d’observations, d’autant plus qu’elles n’étaient pas contenues dans les transcriptions.

Lors de sa comparution, le général Bassolé avait fait savoir qu’il n’a jamais été en contact avec les éléments de l’ex-RSP au moment du coup d’Etat. Pourtant, le procureur militaire fait noter que le général a contacté un « noyau dur » du corps. Me Hervé Kam de la partie civile a dit comprendre que la défense de Bassolé réfute les écoutes et que Me Dieudonné Bonkoungou se soit retiré de la salle d’audience. « Bassolé était plus qu’un complice, c’était un acteur- clé. Il était dans la stratégie de tout brûler…. Heureusement que Diendéré n’a pas écouté Bassolé, sinon… », a expliqué l’avocat.

« LE BERGER ET LE FUMEUR DE YAMBA »

En réponse, Me Olivier Yelkouni a estimé que même si les communications s’avéraient, elles ne constituent pas une infraction. Mais il est resté convaincu qu’elles ont été « fabriquées ». « On ne connaît pas leur provenance… Jusqu’à présent, le numéro qui a servi entre les deux n’a pas été identifié », a soutenue M. Yelkouni. Dans une des conversations, Fatimata Thérèse Diawara informe le Général Bassolé de ce que le capitaine Abdoulaye Dao et d’autres officiers empêcheraient les soldats de l’ex-RSP, de sortir du camp Naaba Koom II.

Les capitaines Dao et Zoumbri, le lieutenant Relwendé Compaoré … ont confirmé à demi-mot, les dires de Mme Diawara. « Nous nous sommes investis au mieux pour régler la situation », a indiqué Dao. Curieux, selon le parquet, que des éléments fabriqués collent aussi bien à la réalité du terrain du moment.
D’autres éléments sonores du général ont été entendus. Il rend compte de ses échanges avec Guillaume Soro à une dame, Yolande Bélemviré, selon le parquet. Bassolé lui fait savoir que « le berger et le fumeur de yamba ne doivent pas vivre ».

Qui sont-ils ? Mystère ! « Son agent de renseignement », Bila Bénédicte Jean, lui a communiqué les consignes de sécurité de l’ancien CEMGA et lui a donné la position des soldats. « Ça devient compliqué… Quelque chose se trame… », a-t-il dit. En stratège, Bassolé lui a déclaré : « la meilleure manière de se défendre, c’est d’attaquer ». Fatimata Thérèse Diawara entre encore en scène. Elle a indiqué au général que les soldats n’attendent que l’argent pour se battre.

Aussi, elle lui a fait part du début des « arrestations » dans la nuit, de l’assaut imminent contre le RSP et d’un communiqué du MPP, appelant ses militants à faire barrage au putsch. En outre, « Soro a besoin du numéro des gens du MPP dont Salif Diallo et Roch Kaboré », a dit Mme Diawara à Bassolé. L’accusé n’est pas sûr de toujours avoir lesdits contacts.

« GROUILLER POUR LEUR ÉCHAPPER… »

Dans un autre appel, Bassolé s’entretient avec dame Diawara sur la venue prochaine des médiateurs de la CEDEAO. Pour lui, il faut « créer une crise avant leur arrivée, anticiper ». Il informe également son interlocutrice de ses passages sur les ondes des médias locaux et internationaux. D’ailleurs sur une radio de la place, Bassolé condamne le coup d’Etat et accuse le gouvernement de chercher un bouc émissaire en le jetant en pâture. « Sur les radios, je vais les griller. Ils ne sont pas du tout responsables. Je vais les ratatiner, les ridiculiser », a dit le général à Diawara.

Et d’ajouter : « il faut que les gens sachent qu’on a affaire à des plaisantins … C’est un gouvernement de minables bonhommes, je vais les sommer ». Appelée à la barre, l’ex-compagne du fils de Diendéré met en doute la fiabilité des écoutes. Tout est faisable, selon elle, on peut manipuler les voix dans un petit studio de la place. « Ceux qui ont fait cela, ce ne sont pas des enfants.

Ce sont des Officiers de police judiciaire », a-t-elle dénoncé. Elle a exhorté le parquet à arrêter de « polluer l’esprit des gens » avec les éléments audio. Car, elle serait déjà victime de railleries dans le quartier. Me Kam a demandé à l’accusé d’admettre la vérité. Lorsqu’on veut prendre des chemins torpillés, on se perd. « Les interactions sont évidentes, les faits têtus », a soutenu l’avocat de la partie civile.

Me Hawa Sawadogo a aussi estimé que Fatimata Diawara « tente maladroitement de se débiner alors que tout l’accable ». Dans un autre extrait diffusé, Bassolé demande à Alidou Ouédraogo d’annoncer à certains membres de sa famille qu’il s’est rendu de lui-même à la gendarmerie pour sa sécurité. Aussi, il a informé un monsieur et Fatimata Thérèse Diawara qu’un groupe de « gendarmes très armés » a encerclé son domicile pour l’arrêter.

A son interlocuteur, il a exprimé son souhait de collaborer avec la gendarmerie. « Je ne veux pas les mettre en difficulté », lui a dit le général. A Diawara, il a tenu des propos contraires : « Je suis en train de grouiller pour leur échapper… Je me suis planqué ». Le parquet en a déduit que Djibrill Bassolé était en train d’organiser sa fuite, malgré l’adage selon lequel : « un général ne fuit pas ».
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