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Le Pays N° 5426 du 23/8/2013

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Interdiction de manifestation au Bénin : une frilosité bien suspecte
Publié le lundi 26 aout 2013   |  Le Pays




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L’opposition politique béninoise, sous les bannières de l’Union fait la Nation et la Convention patriotique des forces de gauche, avait promis de battre le macadam samedi 24 août dernier. Elle voulait notamment dire non au projet de modification de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, initié par le président Boni Yayi. Comme s’il y avait péril en la demeure, le pouvoir béninois a vite sorti l’artillerie lourde pour intimider les marcheurs qui ont dû vite se raviser. Boni Yayi vient de poser un acte lourd de conséquences pour la démocratie dans son pays en interdisant une marche pacifique. Il porte ainsi un coup dur aux acquis démocratiques qu’il a hérités de ses prédécesseurs. Cela dit, l’on peut se demander ce qui peut bien se cacher derrière cette frilosité du pouvoir. On prête au président béninois l’intention de modifier la loi fondamentale issue de la Conférence nationale de février 1990, pour briguer un troisième mandat. Pendant que Boni Yayi s’en défend, il pose des actes qui apportent de l’eau au moulin de ceux qui le suspectent de vouloir le faire. On croyait le président béninois quand il jurait, il y a si peu, la main sur le cœur, de ne jamais mordre un jour au fruit défendu de la Constitution de son pays. On le croyait d’autant plus qu’il faisait ses déclarations devant des personnalités bien connues et bien respectées du monde : le Pape et le président américain. Mais Boni Yayi a très vite semé le doute dans les esprits à travers des faits parlants. Le premier fait reste cette affaire rocambolesque de tentative d’assassinat sur sa personne, qui n’en finit pas de faire des vagues au Bénin. Vint ensuite la dissolution inattendue de son gouvernement et sa recomposition sans son Premier ministre dont on disait qu’il ne regardait plus dans le même sens que Yayi à propos de ladite affaire. En outre, comme s’il voulait faire l’unanimité autour de lui, Boni Yayi a récemment enjoint le fils de l’ex-président Nicéphore Sogolo qui fait parti de son équipe gouvernementale, de clarifier sa position sur son intention de réformes politiques s’il veut qu’ils continuent de cheminer ensemble. Et puis il y a cette sortie de Yayi Boni quand la conférence épiscopale de son pays a récemment estimé que la révision de la loi fondamentale mettra en péril la paix au Bénin. Le pouvoir a alors répondu que l’Eglise n’était dans son rôle. L’interdiction de la marche pacifique par des forces de l’ordre lourdement armées, vient enfin jeter le discrédit sur les déclarations de bonne foi du président béninois. L’on a bien peur que, comme cela se voit dans bien d’autres pays africains, les courtisans de Yayi, tapis dans l’ombre, ne lui soufflent à l’oreille des mots dangereux du genre : « M. le président, vous êtes indispensable. Restez terminer les chantiers que vous avez entamés … ». En tout état de cause, l’opposition politique et la société civile béninoise dont on connaît bien la ténacité, ne s’agitent pas pour rien. Comme dit l’adage, « il n’y a pas de fumée sans feu ». Ils savent sans doute que quelque chose se trame au palais de la Marina. En tous les cas, l’on ne peut que souhaiter que la sagesse habite Boni Yayi. Il ne lui appartient pas de remettre en cause le capital démocratique construit depuis la Conférence nationale de février 1990, et préservé par ses prédécesseurs. Comme eux, il doit travailler à entrer dans l’histoire et de la plus belle manière.

Boulkindi COULDIATI

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