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Procès du putsch : Me Mamadou Traoré, le mandataire de Macky Sall

Publié le jeudi 22 novembre 2018  |  Sidwaya
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© FasoZine par DR
Me Mamadou Traoré, ancien bâtonnier de l`Ordre des avocats du Burkina
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L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina Faso, Me Mamadou Traoré, a comparu, le mercredi 21 novembre 2018, devant le Tribunal militaire de Ouagadougou, pour répondre des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre et de coups et blessures, dans le cadre du procès du coup d’Etat de septembre 2015. L’avocat a clamé son innocence.

Après le magistrat militaire, Abdoul Karim Traoré, un autre homme de droit a comparu, le 21 novembre 2018, en la personne de l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Mamadou Traoré, devant le tribunal militaire de Ouagadougou. L’avocat de 50 ans est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre et de coups et blessures. Des chefs d’accusation qu’il dit ne pas reconnaître. Me Traoré a expliqué que le 16 septembre 2015, après une journée de travail au cabinet, il est rentré chez lui. Aux alentours de 18h, il a reçu un appel de sa collaboratrice, Me Toé, l’informant d’une situation particulière en ville. Ensuite, c’est le président sénégalais, Macky Sall, président en exercice d’alors de la CEDEAO, qui l’a joint au téléphone vers 22h, pour lui demander d’être son messager auprès du général Gilbert Diendéré. Macky Sall a voulu d’abord s’enquérir des nouvelles de son homologue burkinabè, Michel Kafando, qu’il n’arrivait pas à joindre, a précisé Mamadou Traoré. Aussi, il a souhaité que le général Diendéré s’investisse «personnellement» dans la résolution de cette crise afin que rien n’arrive aux otages. Me Traoré dit avoir joint le général qui lui a donné rendez-vous au camp Naaba Koom II. L’ancien bâtonnier a précisé avoir rencontré le Gal Diendéré aux alentours de minuit, à qui il a transmis le message. «Le général m’a dit qu’il veillera à la sécurité du président et qu’il est en concertation. Nous nous sommes vus très rapidement et je suis reparti», se souvient le prévenu. Le lendemain, 17 septembre, Me Traoré dit avoir pris connaissance, par voie de presse, de la déclaration de coup d’Etat. A 9h, il a reçu un appel du président sénégalais à qui il a rendu compte. Ce dernier l’informait que pour des contraintes de vols, il viendra au pays des Hommes intègres, le 18 septembre 2015. Ce jour-là, des clients de l’avocat étaient bloqués à l’hôtel Laïco, pour cause de fermeture des frontières terrestres et aériennes. Il a demandé au Gal de livrer une autorisation expresse à ces derniers, afin qu’un aéronef foule le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou pour les ramener chez eux. C’est en quête de ce document qu’il a été invité par Macky Sall, arrivé, dans sa suite au sein du même établissement hôtelier.

«J’étais un élément neutre»

Le président sénégalais l’a encore sollicité d’être son émissaire auprès de Gilbert Diendéré. Cette fois-ci, il s’agissait de faire part au Général, le souhait de rencontrer le président Kafando pour échanger sur la situation. L’avocat a souligné avoir également proposé à Macky Sall d’échanger avec les autorités religieuses, coutumières, les OSC pro et anti exclusion. Le 19 septembre, le Gal a rencontré, à nouveau, le président Sall, sur la fameuse «bonne nouvelle» de l’ancien chef d’Etat béninois, Yayi Boni. «Ce fut une longue rencontre, mais très précise. J’ai assisté à la rencontre à la demande du président Sall», a ajouté l’accusé. A l’issue de ladite réunion, il a dit avoir fait deux suggestions à Macky Sall. La première concerne la prise de mesures en faveur des victimes de l’insurrection populaire et du putsch. La seconde étant que le président Sall rencontre «himself» les éléments de l’ex-RSP pour leur livrer son message de démocratie.
Le parquet militaire a voulu savoir à quel titre l’avocat a été sollicité par le président sénégalais. L’accusé a estimé que Macky Sall voulait sûrement passer par une tierce personne pour avoir une bonne lecture de la situation. «J’étais un élément neutre, sans accointance avec qui que ce soit. (…) C’est le choix du président Sall que vous et moi ne pouvons pas discuter ici», a-t-il fait savoir. «Que savez-vous de la rédaction de la déclaration de coup d’Etat ?», a interrogé le parquet. «Je n’en sais absolument rien», a rétorqué Me Traoré. Mais selon le procureur militaire, plusieurs coaccusés dont le capitaine Zoumbri et le commandant Korogo ont déclaré, lors de leurs auditions, avoir aperçu l’ancien bâtonnier dans le bureau où a été rédigé le communiqué, aux alentours de 3h du matin le 17 septembre. Le colonel Yonaba a ajouté l’avoir vu vers 7h. Me Traoré persiste et signe : «j’ai quitté le camp vers minuit». Le Gal Diendéré a affirmé dans son procès-verbal que l’avocat a participé aux échanges avec les médiateurs à ses côtés. «Je ne faisais pas partie de la délégation du Général, puisque j’étais avec Macky Sall», a maintenu Me Traoré.

Difficile d’interroger
un confrère

Le parquet a dit ne pas comprendre pourquoi l’accusé a servi d’interface entre le président Sall et le Gal Diendéré, alors qu’il n’était pas à l’accueil du président sénégalais, à l’aéroport. «C’est une bénédiction divine pour moi de n’avoir pas été à l’accueil de Macky Sall, sinon on allait dire que j’étais le vice-président du CND», a répondu l’ancien bâtonnier. Pour lui, sa seule présence aux côtés du Gal Diendéré, c’était juste pour lui transmettre le message du président en exercice de la CEDEAO. L’un des parquetiers s’est aussi préoccupé de savoir si le prévenu a reçu, en tant qu’avocat, des honoraires pour assister le médiateur Sall. «Il y a des travaux qu’un avocat peut faire sans argent. Sinon, j’ai eu plus que des honoraires avec Macky Sall», a-t-il déclaré.
Avant d’interroger le prévenu, Me Prosper Farama de la partie civile a indiqué que c’est avec un ressentiment d’inconfort qu’il le fait d’autant plus que l’ancien bâtonnier est son confrère, son aîné et son ami. Mais pour lui, la loi l’y oblige. Il s’est dit intrigué par les déclarations du Gal Diendéré qui précisent que l’accusé a fait partie de sa délégation et mieux, qu’il a sollicité ce dernier qui a accepté. Mais Me Traoré a soutenu que c’est seulement le 19 septembre 2015 qu’il a participé à la rencontre entre le Gal et le président sénégalais. En outre, Me Farama s’est demandé pourquoi, contrairement aux autres institutions, le barreau que dirigeait le prévenu, n’a pas condamné le putsch. L’ancien bâtonnier a laissé entendre qu’il avait demandé aux autres avocats du corps, pendant qu’il était à Bobo-Dioulasso pour un enterrement, de préparer un projet de déclaration mais que cela n’a pas été fait. Et de poursuivre qu’étant sur le départ, c’est son successeur qui l’a finalement fait lors de la rentrée judiciaire. Revenant à la charge, le procureur militaire a mentionné que l’accusé semblait être dans les secrets des dieux, sinon pourquoi dès le 16 septembre, celui-ci a été mandaté par Macky Sall pour aller voir le Gal Diendéré pour une sortie de crise. «Le président sénégalais connaissait très bien la situation qui prévalait au Burkina Faso. Je n’ai fait que ma mission», a répliqué l’accusé. Une réponse qui ne satisfait pas le parquet. Son interrogatoire se poursuit ce jeudi 22 novembre à 9h.

Djakaridia SIRIBIE &
Mady KABRE
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