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L’Observateur Paalga N° 8439 du 20/8/2013

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Au commencement était le CCRP
Publié le mardi 20 aout 2013   |  L’Observateur Paalga


le
© Autre presse par DR
le membres du conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP)


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Vous êtes là ? C’est mardi. Même mardi, mêmes élucubrations. Les élucubrations, il n’y a que ça de vrai. Plus il y a d’élucubrations, plus il y a de joie. Plus il y a de joie, et plus il y a encore de joie. Plus il y a encore de joie, moins il y a de meetings place de la Nation. Et moins il y a de meetings, moins il y a de marche-meeting. Moins il y a de marche-meeting, plus il y a la paix. Elucubrons donc, car les élucubrations sont bien plus que des élucubrations. C’est pour cela qu’un élucubreur couché voit plus loin qu’un politicaillard debout.

A l’annonce de la convocation du comité de suivi des réformes politiques la tension a baissé d’un cran dans le pays. Mais ça suppute. Ça suppute dur.

J’en connais qui déclarent que pour consolider les propositions consensuelles du CCRP, le comité de suivi va se contenter de corriger certaines dispositions du Sénat comme réduire l’âge de 45 ans requis pour être sénateur, dimunier le quota de 29 sénateurs dévolu au chef de l’Etat, instaurer la gratuité du mandat sénatorial pour faire taire ceux qui dénoncent le caractère budgétivore de l’institution.

J’en connais aussi qui sont convaincus que le recours au comité de suivi n’est rien d’autre qu’une mise en scène pour faire table rase du Sénat. Oui, le Sénat ne serait plus qu’un souvenir. Mon point de vue se rapproche de celui de ceux qui pensent ainsi. Je vais vous expliquer.

Vous savez que Blaise Compaoré ne s’est pas levé comme ça, un matin, pour se dire dans son lit : "Je n’ai rien créé hier, je vais donc créer le Sénat aujourd’hui". Par conséquent pour mettre fin au Sénat, il ne peut pas se lever comme ça et se dire : "Hier, j’ai créé le Sénat, aujourd’hui je vais mettre fin au Sénat". Non, Blaise ne peut pas agir de la sorte, même s’il sait bien que depuis la publication de ses directives au Premier ministre et au ministre chargé des Réformes, la majorité, la grande majorité de ses concitoyens, sont persuadés et espèrent que son intention est de renoncer au projet de création du Sénat.
De même, le chef de l’Etat sait qu’après cette lueur d’espoir donnée à la Nation, une décision consistant à poursuivre la mise en place du Sénat provoquerait une tempête de protestations encore plus vive. Supprimer le Sénat, mais laissons Blaise Compaoré y mettre la manière. Vous avez entendu parler de parallélisme des formes ? Voilà, c’est un peu cela, le scénario.

Au commencement donc était le CCRP installé en juin 2011. Le CCRP qui accouche du Sénat en août 2013. A la fin fut le comité de suivi. Le comité de suivi qui devra tordre le cou au Sénat, le 31 août au plus tard.

Blaise a donc convoqué le comité de suivi avec la lettre de mission suivante : lui faire parvenir "des recommandations et des propositions à consolider les institutions républicaines". Deux cas de figure pourraient se présenter à l’issue des travaux, selon que les membres du comité avaient participé ou non au CCRP.

Si les membres du comité de suivi n’avaient point participé au CCRP il sera très facile pour eux de livrer très rapidement leurs conclusions au chef de l’Etat : "Monsieur le Président, d’autres avant nous avaient préconisé l’institution du Sénat. Nous avons examiné la proposition sous toutes ses coutures. Nous sommes en mesure de vous dire qu’il s’agit d’une idée farfelue. Ceux qui vous ont conseillé la création du Sénat ne vous veulent pas de bien. Il faut les amener à Bassinko 2 et à Toudwéogo 4 pour leur tirer les oreilles. La prochaine fois il faut les conduire au poteau n°5 comme vous le faites souvent pour Toégui. Pour notre part, nous vous suggérons de rejeter le Sénat avec la dernière énergie, et de ne plus y penser même après 2015. Le président du Parti Indépendant du Burkina là, le nommé Kaboré Maxime de Belgique qui était au CCRP, vous auriez dû vous méfier de lui. Il parle comme s’il vous aimait mais point du tout. Il veut votre place.

Si en revanche le comité de suivi regroupe d’anciens membres du CCRP, ils devront bien faire attention au moment de rendre compte à Blaise. Quels arguments vont-ils présenter au Président pour le convaincre de renoncer à son projet, eux qui, il y a 2 ans, lui avaient présenté le Sénat comme l’institution miracle pour renforcer la démocratie ? Blaise ne pourrait-il pas les accuser de l’avoir induit en erreur alors qu’ils étaient grassement payés à coups de perdiems et de perdiems ?

Le comité de suivi a dit que Blaise m’a amené parfois au poteau n°5. C’est vrai. Je peux même dire qu’il m’y a amené 8 fois. A chaque fois qu’on me coupe la tête, le mardi suivant je renais de mes élucus comme le Phénix. On pourrait même dire qu’entre Blaise et moi c’est comme entre Hermann et Blaise : Dieu seul sait, dixit Tahirou Barry. C’est pourquoi je suis comme les pleureuses du Mossitenga. A la mort d’un Naaba, elles pleurent à se rouler par terre. Lorsqu’on tente de les calmer, elles arrêtent de pleurer et disent : nous ne pleurons pas le Naaba qui est mort.

Le Naaba qui est mort, il est bien mort.
Il est même mort définitivement. Mais nous pleurons le Naaba qui vient. Notre inquiétude, c’est de savoir si le Naaba qui vient va nous laisser danser librement le warba comme le Naaba qui est mort.

Et moi, voilà une dizaine d’années que je suis dans les élucubrations et j’ai toujours ma tête. Lorsqu’on me la coupe, elle est toujours là. En sera-t-il ainsi avec Zeph ? Avec Bénéwendé ? Avec Bado ? Avec Hermann ? Avec Gilbert ? Avec Ablassé ? En sera-t-il de même lorsque nous serons dans la Fasocratie ?

J’ai un coup de gueule à lancer. Et tout de suite. Sinon il n’y aura plus de place à la page 6. C’est sur un sujet qui ne semble préoccuper personne : ni les associations de parents ni les associations d’éducateurs, ni les autorités.

C’est la période des vacances scolaires. Bientôt seront organisées des manifestations de divertissement à l’intention des élèves et des enfants en général. Les organisateurs de ces manifestations déclarent, la main sur le cœur, vouloir promouvoir la culture. C’est tout à leur honneur même si, par ces temps de vaches maigres où chacun cherche à sortir la tête de l’eau, ces manifestations culturelles ne sont souvent qu’un deal pour permettre aux organisateurs de mettre du beurre dans leur boulvanka. D’éliminatoires en éliminatoires dans plusieurs villes, ces spectacles peuvent rapporter gros. On le voit à la télé, les salles et même les stades refusent parfois du monde. De très bonnes affaires donc. Mais il y a des manifestations que je désapprouve absolument. Ce sont ces soi-disant "concours de Miss" pour des fillettes de moins de 10 ans. Des fillettes rivalisent de subterfuges pour être la plus belle. Il faut, pour cela, avoir le plus beau maquillage, la plus belle coiffure, la plus belle robe, la plus belle démarche. En fin de manifestation, il y a bien évidemment une seule "Miss" choisie comme étant la plus belle. Les autres qui n’ont pas été élues sont par conséquent moins belles. En guise de récompense, la gagnante a un joli cadeau, un vélo le plus souvent. S’est-on demandé ce qui peut se passer dans la tête d’une fillette de 10 ans à qui on a dit que si elle n’a pas eu un vélo comme cadeau, c’est parce qu’elle n’a pas été élue "Miss" ? Que si elle n’a pas été élue "Miss", c’est parce qu’elle est moins belle que celle qui a été élue "Miss" ? Et que même si elle est belle, il y a plus belle qu’elle ? Que pensera cette fillette à qui on avait toujours dit à la maison qu’elle est la plus belle ? Qu’elle est une reine ?

Quant à la fillette qui a été élue "Miss" et qui a reçu un vélo en cadeau ? Désormais elle sera convaincue que contrairement à ce qu’on lui dit à la maison, il n’est pas nécessaire de bien travailler à l’école pour avoir des cadeaux : il suffit d’être belle. Et être belle ne nécessite pas de bien travailler à l’école.
Pauvre fillette ! Quand tu seras grande, tu découvriras qu’on t’avait menti, car nulle n’est suffisamment belle pour être la plus belle.

La plus belle, en ce qui me concerne c’est Murielle, ma petite Mumu. C’est la plus belle. Elle me donne toujours des ordres en criant : "Allez Papy ! Cheval" ! Et moi aussi je me mets à quatre pattes. Alors elle monte sur moi et moi, je galope. Elle me donne des coups, tantôt à la tête, tantôt aux fesses. Parfois j’ai vraiment mal. Mais j’aime ça. C’est la plus belle après tout et ses ordres sont des ordres.


Charles Guibo

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