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Football burkinabè : Nécessaire refondation
Publié le vendredi 5 octobre 2012   |  L'Opinion


Football/super
© Autre presse
Football/super division, quatrième journée : ASFA-Y # EFO


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Le sport-roi burkinabè est à la croisée des chemins et c’est le moins qu’on puisse dire. Les décideurs rendront service à tout le monde s’ils regardaient les choses en face pour mieux solutionner les problèmes.

«Il faut avancer par étapes, dès que l’on a atteint un but. Il faut se fixer de nouveaux objectifs», nous dit le perchiste ukrainien Serguei BUBKA détenteur des records du monde du saut à la perche en plein air (6,14 m) et en salle (6,15 m). En parlant du football burkinabè, ces propos nous obligent à la réflexion pour voir si nous avançons ; et si oui, à quelle étape nous sommes ?

Ceux qui ont le courage d’aller au stade pour suivre les matchs de la super division se sont rendus sans doute compte de l’état dans lequel se trouve notre football. Les gradins sont de plus en plus vides du fait de la mauvaise prestation des équipes. Le 29 septembre, le match qui a opposé l’EFO au Racing Club de Bobo-Dioulasso pour le compte de la 12e journée de la super division du championnat national a mobilisé moins de mille spectateurs. De la Porte 10 où nous étions assis on pouvait entendre ceux qui étaient à l’opposée, en face, à la tribune officielle. Le stade sonnait creux. Un club comme l’EFO, le plus populaire du Burkina qui évolue devant des gradins clairsemés, il faut reconnaître qu’on a touché le fond. Et plus illustratif encore de la désaffection du public, le match ASFA-Yennenga contre EFO, le plus grand match du pays, joué le 25 septembre a regroupé à peine plus de monde. Les Burkinabè ont vraiment divorcé d’avec leur football et il faut vraiment se demander pourquoi ?

Le mauvais effet de la CAN 98

En 1998, le Burkina a abrité, avec le succès que l’on sait, la 21e édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Sans référence notable sur la scène continentale, le pays des Hommes intègres a réussi à se hisser à la 4e place du tournoi. Le problème c’est que cet acquis n’a pas été perçu comme le début d’un processus mais l’aboutissement d’un travail par certains décideurs. Ce qui n’était pas exact. Cette mauvaise perception a conduit à concentrer tous les efforts sur l’équipe nationale. Les Etalons sont aux petits soins et ne manquent de rien. La vie du bureau exécutif de la Fédération burkinabè de football est liée aux performances du Onze national.

Conséquence, le football local qui constitue justement le socle sur lequel repose toute équipe nationale est délaissé. Le championnat périclite de saison en saison. Les décideurs sont préoccupés à autre chose et les dégâts ne font que prendre de l’ampleur. La saison dernière, les connaisseurs du football disaient que le niveau du championnat était bas, cette saison les mêmes techniciens disent que la situation s’est empirée. On va donc droit dans le trou.

La réorganisation des clubs et le football de jeunes

«Prenez n’importe quel grand footballeur et demandez-lui de citer les personnes qui l’ont inspiré. Il commencera inévitablement par parler d’un instituteur ou d’un éducateur. Il ne s’agira pas nécessairement d’une personne évoluant dans le foot professionnel, mais plutôt d’un entraîneur qui l’a placé sur la bonne voie à chaque étape de sa carrière» estime le Britannique Jack GALLAGHER, l’un des plus grands techniciens du football, sur le site fifa.com. Le football de haut niveau a ses exigences qu’il faut respecter. La popularité du football et sa très forte propension à procurer beaucoup d’argent sont telles que n’importe quel enfant veut le pratiquer. La matière est donc intarissable. Il appartient aux structures dirigeantes de mettre en place les instruments de la formation.

Dans son organisation, les clubs constituent les éléments de base du football. Ils recrutent les jeunes enfants, les forment pour animer son équipe. Toujours dans la logique de son existence, les plus grandes réussites en football sont la conquête des trophées par les plus grands, c’est-à-dire les seniors. Toute la finalité de la formation avec l’organisation des compétitions dites de petites catégories est d’amener les jeunes joueurs à atteindre le plus haut niveau dans les meilleures dispositions pour compétir. Pour revenir au cas du Burkina, c’est tout ce qui manque. Les compétitions de jeunes ne sont pas considérées comme un maillon essentiel dans la chaîne du football. La préoccupation du comité exécutif de la Fédération est l’organisation du championnat national de première division et dans une moindre mesure celle du championnat de la deuxième division.

L’organisation des compétitions de jeunes est vue presque comme une corvée. Or cette vision des choses est un acte à tout le moins suicidaire. C’est prendre la fin pour le début. Toute cette souffrance du football burkinabè dans le renouvellement de ses générations est due à la mauvaise formation des jeunes. Si nous prenons l’exemple d’un club comme l’EFO, la dernière génération véritable de joueurs sortis de sa formation date du début des années 1990. Cette dernière cuvée qui avait pour instructeur Amadou KEREGUE était composée entre autres de Mamadou DOSSAMA, Ousmane DRABO, Yousfou SAWADOGO dit le chat, Aboubacar Sidiki DRABO etc.

Tous ces joueurs ont preuve de compétitivité sur nos pelouses et ailleurs mais ont arrêté leur carrière depuis presque dix ans. Depuis lors, le club stelliste renouvelle ses générations par des recrutements souvent sans tenir compte de la valeur réelle des sportifs. Elle n’a vraiment pas le choix puisque sa pépinière ne propose pas mieux. Ce qui est dit pour l’EFO est valable pour les autres clubs du Burkina.

L’instance dirigeante du football dont la mission première est d’assurer la bonne marche du sport-roi doit tout mettre en œuvre pour donner de la compétition aux plus jeunes afin de permettre à la pépinière d’avoir un cursus de formation à même de la préparer à la haute compétition demain.

Il est de nos jours impossible d’être sur la plus haute marche du podium en comptant sur le talent brut des enfants. Le football est science et il faut le traiter comme tel. Comme le dit si bien l’ancien pilote français de Formule 1 Alain PROST «La vraie réussite d’une équipe, c’est d’assurer la compétitivité dans la pérennité».

Ahmed NAZE

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