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Thomas Sankara : Itinéraire d’une icône mondiale

Publié le lundi 15 octobre 2018  |  Sidwaya
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© AFP par DR
Le président français Emmanuel Macron promet de déclassifier tous les documents liés à l`assassinat de l`ancien président Burkinabè Thomas Sankara.
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Leader charismatique, visionnaire hors pair, le président Thomas Sankara, considéré comme l’une des figures majeures de l’Afrique postcoloniale, a connu un parcours ordinaire. Mais, par la force de ses idées, il lègue un héritage exceptionnel à la postérité.

C’est l’histoire d’un homme au destin exceptionnel. Thomas Isidore Noël Sankara est né le 21 décembre 1949 à Yako (province du Passoré). Il fréquente, quelques années plus tard, l’école primaire de Gaoua (aujourd’hui Ecole Centre A) où il suit un cursus normal. Après le Certificat d'études primaires (CEP), le jeune Thomas, «meilleur servant à la messe» du dimanche, refuse cependant d’intégrer le séminaire pour devenir un jour prêtre ou «servant de messe» professionnel. Des collines du Bafudji, il atterrit dans la belle «Cité de Sya», où il fréquente le Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso. Son Brevet d’études du premier cycle (BEPC) en poche, il rejoint son père Joseph Sankara, qui avait été entre temps affecté à Ouagadougou. Amoureux de la nature, le jeune homme songe, dans un premier temps, à devenir cadre des Eaux et Forêts, puis par la suite, médecin. Il se ravise finalement et frappe aux portes au Prytanée militaire du Kadiogo (PMK), qui manifestait le besoin de recruter trois candidats pour complément d'effectif en classe de seconde. Il est admis. Titulaire d’un Baccalauréat, série D, il intègre, par la suite, l’Académie militaire d’Antsirabé (Madagascar), alors que la Grande îIe connaissait des moments de grande effervescence politique. Il y reste une année de plus et assiste aux joutes oratoires de la jeune révolution malgache. Les débats entre élèves sous-officiers le marqueront à jamais. Ses galons de sous-lieutenant sur les épaules, Thomas Sankara rentre au pays en 1973. Une année après, il effectue un stage d’instructeur à l’Ecole des parachutistes de Pau, en France. Au Quartier Latin à Paris, il se rend régulièrement à la librairie d’obédience marxiste, «les herbes sauvages». Il y rencontre des compatriotes, notamment des étudiants membres de l’Organisation communiste voltaïque, tels Basile Guissou et Valère Somé, son ami d’enfance. Thomas assiste clandestinement à des réunions d’étudiants. De retour en Haute Volta, les officiers formés à l’étranger, dont lui-même, créeront peu à peu des structures clandestines proches des militants civils marxistes. Au cours de l'année 1976, Thomas Sankara fait la connaissance d’un certain Blaise Compaoré, lors d’un stage au Maroc. Une amitié naît entre les deux hommes. Ils créeront, avec le capitaine Henri Zongo et le commandant Jean-Baptiste Lingani, le Rassemblement d'officiers communistes (ROC), sous le règne du Colonel Saye Zerbo. En septembre 1981, Thomas Sankara est nommé secrétaire d'Etat à l'information. Sa première réunion de cabinet est on ne peut plus tonitruante. Il s’y rend en effet à bicyclette. Moins d'une année après, soit le 21 avril 1982, le fougueux capitaine claque la porte.

L’argument de la force

Sur les ondes de la télévision nationale, il lancera cette phrase mémorable : «Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple». S’en suivra un coup d’Etat, quelques mois plus tard. Le président Saye Zerbo est renversé le 7 novembre 1982 par le médecin militaire, Jean-Baptiste Ouédraogo. Thomas Sankara devient Premier ministre en janvier 1983. Il multiplie les séjours à l'étranger où il rencontre des dirigeants controversés aux yeux de la communauté internationale. Provocateur, il invite le guide de la Révolution libyenne, Kadhafi à Ouagadougou, ce qui suscite le courroux des autorités et des puissances étrangères. Sankara est limogé et mis aux arrêts le 17 mai 1983. Mais, sous la pression de la rue, il est relâché, mais se voit assigné à résidence surveillée. Dans l’ombre, militaires et responsables d’organisations civiles organisent la prise du pouvoir. Le 4-Août 1983, des éléments du Centre national d’entrainement commando de Pô (province du Nahouri) sous la direction de Blaise Compaoré migrent vers la capitale. Thomas Sankara est porté à la tête de la Haute Volta. Dignité, autonomie, indépendance économique et lutte contre la corruption, sont entre autres, les maîtres-mots du Conseil national de la Révolution (CNR). Le nouvel organe dirigeant comprend 60 militaires et huit civils. De nombreux et ambitieux chantiers de développement dans tous les secteurs (éducation, santé, infrastructures, etc.) sont lancés. En 1984, le pays est rebaptisé Burkina Faso, (pays des Hommes intègres). Le ton est donné. Des Comités de défense de la révolution (CDR) sont également créés dans la foulée. Face au dysfonctionnement des CDR et aux contradictions internes, Sankara envisage, en août 1987, de faire une pause afin d’impulser une nouvelle dynamique à la Révolution, à travers la création d’un organisme qui rassemblerait les différentes tendances politico-idéologiques. Mais il se heurte à une opposition farouche d’une partie des membres du CNR, notamment à Blaise Compaoré. Les rapports entre les deux hommes, réputés très proches, ne sont plus au beau fixe. Le 4-Août 1987, jour de l’an IV de la Révolution, il prêche un discours rassembleur : «Préférons la force de l'argument à l'argument de la force». Mais, il est déjà trop tard. Dans l'après-midi du jeudi 15 octobre 1987, Thomas Sankara et plusieurs autres personnes sont canardés dans l'enceinte du Conseil de l'entente. La lumière ne sera jamais faite sur l’assassinat de l’instigateur de la Révolution d’août 1983, sous le règne de Blaise Compaoré, malgré l’ouverture d’une information judiciaire. Mais la chute de celui-ci en octobre 2014 a donné des lueurs d’espoir, même si ce n’est pas encore le bout du tunnel. Si le dossier a été rouvert, sous la Transition, en 2015, il reste que les circonstances de la mort de Thomas Sankara n’ont pas encore été élucidées par la
justice…

Aubin W. NANA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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