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Burkina Faso : Il faut de toute urgence, arrêter de politiser la question de l’insécurité

Publié le mercredi 19 septembre 2018  |  netafrique.net
Burkina:
© Autre presse par DR
Burkina: la situation sécuritaire et le PNDES au menu de la rentrée politique du MPP
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Le vendredi 14 septembre 2018, l’exécutif du parti au pouvoir le MPP, était face aux hommes de presse pour une conférence au cours de laquelle, il a procédé au décryptage des questions de l’actualité. Comme on pouvait s’y attendre, la question de l’insécurité, au regard du contexte actuel a été évoquée par le ministre de la sécurité Clément Sawadogo qui est, comme on le sait, un membre influent de ce parti.

Dans sa tentative de donner des explications sur les causes de l’insécurité récurrente suite à la multiplication des attaques terroristes contre les forces de défense et de sécurité et les représentants de l’État, nous pouvons retenir ceci du ministre de la sécurité : l’insécurité est due à deux facteurs à savoir ; les attaques terroristes de type djihadiste et les attaques en vue de la déstabilisation du pays.

Il faut d’entrée de jeu préciser que le terme « djihadiste » est utilisé mal à propos et l’expression consacrée par les spécialistes de la question est bien l’extrémisme religieux ou violent en fonction des objectifs poursuivis par ces forces du mal. Ce qu’il convient également de souligner, c’est que l’attitude du ministre de la sécurité de vouloir dissocier les aspects de ces attaques dans le dessein de vouloir indexer des « ennemis internes » manque lamentablement d’élégance. Le terrorisme a plusieurs facettes certes, mais son but est de déstabiliser les institutions de l’État cible et de créer la psychose au sein de la population.

On se rappelle que le général Bassolé qui n’est plus à présenter, tant sa connaissance et sa maîtrise des questions de sécurité sont édifiantes, avait accordé une interview à « Fianancial Afrik » dans laquelle il exhortait les Burkinabè à ne pas politiser la question du terrorisme parce que cela créait des tensions et des ressentiments inutiles. Certains semblent ne pas comprendre son message qui est pourtant limpide : pour vaincre le terrorisme, nous devons être unis, solidaires et résolument tournés vers la recherche de solutions pour enrayer ce fléau qui grippe notre élan de développement. La stratégie des caciques du MPP est connue : justifier leur incompétence et leur manque d’inspiration à trouver des solutions face à l’insécurité en désignant un ennemi interne fabriqué de toute pièce.

Revenons au ministre de la sécurité, vice-président du MPP qui a soutenu sa thèse de déstabilisation du pays par des anciens dignitaires avec des arguments que nous jugeons sans fondements. Le ministre avance des tentatives de complots contre la sureté de l’État pour appuyer son analyse. À ce que l’on sache, toux ceux qui sont soupçonnés de tels actes (que ce soit Safiatou Lopez ou Auguste Barry), se sont illustrés par leur opposition farouche au régime de Blaise Compaoré et ont même travaillé pour sa chute.

Clément Sawadogo allègue également que certains soldats de l’ex-RSP ont été recrutés à cette fin de déstabilisation. Pour démontrer au ministre que la manipulation à des fins politiques est dangereuse et a effet boomerang ; il convient de rappeler que la dissolution du RSP ne relève pas du fait de l’ancien pouvoir mais du pouvoir de la Transition dont le MPP était partie prenante. Pourtant, ce régiment avait reçu les félicitations de tous pour leur patriotisme lors des évènements qui ont conduit à la chute de Blaise Compaoré.

À cela, il faut ajouter le traitement réservé aux militaires et policiers radiés de 2011. Certains, qui auraient été exploités par le parti au pouvoir dans ses plans machiavéliques de conquête du pouvoir, ont été après délaissés comme des moins que rien sans la moindre compensation. Il est évident que ceux-là ont des raisons légitimes de se radicaliser contre le pouvoir en place. Quand on joue avec le feu et que ça nous brûle, il est ridicule d’accuser inutilement le voisin de nous avoir brûlé. Il revient par conséquent à chacun d’assumer sa responsabilité.

Enfin, la volonté d’assaillir le territoire relève de la nature et de la position géostratégique du pays. Les groupes terroristes ont des velléités expansionnistes et par conséquent, contrôler le Burkina Faso leur offre un atout exceptionnel. Il ne faut pas oublier que le Burkina est frontalier avec six pays. En ce qui concerne les attaques concentrées à l’Est et au Sud-Ouest du pays ces derniers temps, la logique est simple. La région de l’Est donne accès à trois pays que sont le Togo, le Bénin et le Niger ; et le Sud-Ouest ouvre les portes du Ghana et de la Côte d’Ivoire.

En somme, il s’avère très important de souligner que nos autorités politiques doivent de toute urgence se défaire de la paranoïa du complot et en toute objectivité, travailler instamment à trouver des solutions idoines contre le terrorisme. S’il s’avère que des compatriotes sont complices avec ces groupes extrémistes, ils seront débusqués. Alors, au travail !!!

Marius YOUGBARE
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