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Six candidats recalés à la présidentielle en RDC : une CENI pas si indépendante que cela

Publié le lundi 27 aout 2018  |  L`Observateur Paalga
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© Présidence par D.R
Les nouveaux commissaires de la CENI dévoilent leur agenda
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry, et son équipe ont été reçus en audience, dans la matinée du mardi 17 janvier 2017 par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré
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Faut-il croire Lambert Mendé, le volubile ministre de l’Information, porte-parole du gouvernement de Joseph Kabila ? Il a beau dire qu’aussi dure que soit la loi, elle reste applicable à tous et que, dans le cas d’espèce, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne fait qu’y souscrire en toute indépendance, le doute tenaille plus d’un observateur de la situation politique congolaise sur l’indépendance de cette institution. Certes une élection inclusive n’est pas synonyme de tolérance d’illégalités ou d’inconstitutionnalités des candidatures, mais il y a des exclusions qui font s’interroger sur la crédibilité du processus.

C’est connu, six candidatures sur vingt-cinq à la présidentielle ont en effet été invalidées vendredi dernier. Des informations concordantes relayées par l’opposition congolaise font état de ce que le pouvoir du président Kabila, par l’entremise du ministre de la Justice, a influencé cette décision de la CENI. C’est à croire donc qu’après le cas emblématique de Moïse Katumbi, qui n’a pu rentrer au pays pour s’inscrire sur les listes électorales et surtout faire acte de candidature à la présidentielle, le pouvoir de Kinshasa continue de faire le tamisage des prétendants à la fonction de président de la République. Un suspect tamisage qui ne recale que les grosses pointures de l’opposition ou tout le moins les candidats susceptibles de faire ombrage à celui de la majorité, Emmanuel Ramazani Shadary.

En tout cas parmi les six recalés de la CENI, on note en bonne place un des prétendants sérieux à prendre ses quartiers au Palais de la nation à Kinshasa, Jean-Pierre Bemba. Sa candidature a été retoquée par la commission électorale à cause de sa condamnation par la Cour pénale internationale (CPI) pour subornation de témoins. Pour les commissaires de la CENI, subornation de témoins s’apparente à de la corruption et la loi congolaise exclut du processus électoral les coupables d’une telle incrimination. Subornation de témoin est-il synonyme de corruption ? C’est à cette question que la Cour constitutionnelle, que vont saisir les avocats du Mouvement de libération du Congo (MLC), devra répondre dans le cas Bemba. Suspense garanti donc jusqu’au 4 septembre où cette institution devra vider sa saisine. Mais d’ores et déjà, pour les partisans de Jean-Pierre Bemba, leur champion n’ayant été condamné qu’en première instance par la CPI, il ne tombe pas sous le coup de la loi électorale congolaise, car celle-ci exige une condamnation définitive. Par ailleurs, pour les avocats du président du MLC, la loi électorale cite limitativement les incriminations pour lesquelles on peut être exclu du processus, et la subornation de témoins n’en fait pas partie. En outre, ils font remarquer que subornation de témoins et corruption sont deux délits différents dans le code pénal congolais. Ils en déduisent alors que la candidature de Jean-Pierre Bemba fait trembler la « Kabilie », néologisme forgé par les contempteurs de Kabila pour désigner le Parti pour le renouveau démocratique (PPRD) et ses alliés du Front commun pour le Congo, la mouvance présidentielle en RDC. Voilà qui démontre, selon le MLC, l’instrumentalisation de la CENI pour écarter un candidat redouté par le pouvoir.

Même son de cloche chez deux autres candidats recalés : Adolphe Muzito et Samy Badibanga. Le premier a eu sa candidature rejetée pour conflit d’intérêt avec son parti, et le second pour absence de nationalité d’origine. L’un et l’autre crient à l’arbitraire et vont en saisir, comme Jean-Pierre Bemba, la Cour constitutionnelle. Trois autres candidats recalés ne saisiront pas par contre les juges constitutionnels : il s’agit de Jean-Paul Moka-Ngolo, recalé pour défaut de caution numéraire, Marie Josée Ifoku, pour manque de preuve de sa nationalité d’origine et Antoine Gizenga pour mauvais remplissage du formulaire de candidature, notamment par la non-apposition de sa signature sur ce document.

Si dans ces micmacs politico-judiciaires on s’interroge légitimement sur des acrobaties possibles du pouvoir pour éliminer des candidats redoutables à même d’empêcher Ramazani Shadary de perpétuer le système Kabila en RDC, on a la petite satisfaction de voir que la candidature d’Antoine Gizenga a été invalidée. La fonction présidentielle est si sérieuse qu’on voit mal comment ce vieillard de 92 ans, visiblement atteint de sénilité, aurait pu battre campagne. Et si par extraordinaire il était élu, comment pourrait-il tenir son rôle de chef d’Etat ? Venu déposer sa candidature dans un fauteuil roulant, à l’image du grabataire président d’Algérie, Aziz Bouteflika, il a donné à voir l’image pitoyable d’une Afrique qui peine à renouveler sa classe politique. Si c’est tout ce qui reste de présidentiable parmi les défenseurs de l’héritage de Patrice Lumumba en RDC, le fougueux patriote révolutionnaire du Congo a dû se retourner de tristesse dans sa tombe.

Il sera davantage triste, l’icône du patriotisme congolais, si son pays, sous la houlette de Kabila, devrait sombrer dans les manipulations diverses visant à vider les scrutins à venir de leur essence démocratique. Après la férule du mobutisme, les frasques et la lubricité de Kabila père, le pays va-t-il tanguer encore longtemps sous les dérives dictatoriales de Kabila fils ? En tout cas l’opposition congolaise, en digne héritière d’Etienne Tchisekedi, ne l’entend pas de cette oreille. Avant même l’annonce des candidatures invalidées, elle prenait la communauté nationale et internationale à témoin des tentatives pour mettre la CENI sous la coupe du pouvoir. Les événements semblent lui donner raison. On a applaudi trop tôt la décision de Joseph Kabila de ne pas briguer un troisième mandat. L’arbre de cette velléité de respecter la constitution cache mal la forêt de ficelles qu’il tire dans les coulisses pour garder par procuration la main sur le pouvoir.

L’opposition ne l’entend pas de cette oreille qui appelle à la mobilisation générale du peuple congolais pour faire échec à cette volonté affichée de caporaliser le processus électoral et, partant, la démocratie en RDC. Pour ce faire, elle tient une énième réunion de concertation ce matin. Outre les recours devant la Cour constitutionnelle, elle entend peaufiner une stratégie unitaire pour parvenir à son objectif premier : provoquer l’alternance démocratique à l’issue du scrutin du 23 décembre prochain ; une mission difficile certes, mais pas impossible.
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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