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11-DECEMBRE : A qui profitent ces fêtes tournantes ?

Publié le mardi 7 aout 2018  |  Le Pays
160e
© aOuaga.com par G.S
160e Journée internationale de la femme : décorations et défilé à Ouaga
Mercredi 8 mars 2017. Ouagadougou. Un défilé civilo-militaire, des décorations et des discours ont constitué les temps forts de la célébration de la 160e Journée internationale de la femme dans la capitale burkinabè en présence de l`épouse du chef de l`Etat, Sika Kaboré
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Le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, Maurice Bonané, était ce week-end à Manga. L’objectif était, entre autres, de toucher du doigt le niveau d’exécution des réalisations prévues dans le cadre de la commémoration de l’indépendance de notre pays. A cette occasion, le ministre a estimé à 40% le taux de réalisation des chantiers majeurs. Les entrepreneurs ont donc 60% des travaux à exécuter avant le 11 décembre prochain, soit 4 mois. Sans être un spécialiste en bâtiment et en travaux publics, l’on peut se permettre de dire que c’est une mission pratiquement impossible, pour autant que l’on veuille faire les choses dans les règles de l’art. Et chaque année que Dieu fait, le même scénario se répète, depuis que l’Etat a décidé de commémorer de façon tournante la fête du 11-Décembre dans les chefs-lieux de région. Résultat, des réalisations de qualité douteuse sont érigées par-ci, par-là. En effet, lorsque l’on fait le point des réalisations dans les capitales des régions qui ont déjà eu l’insigne honneur d’abriter l’évènement, le sentiment qui domine est celui du gâchis et de la désolation. Le pseudo bitume, peut-on dire, dont on a revêtu certaines voies, et cela dans la précipitation, s’en est allé dès la première pluie pour céder la place à des crevasses où peuvent se réfugier des sauriens. Les salles de conférences et autres réalisations marchandes ou sportives sont pratiquement à l’abandon. Certaines de ces infrastructures affichent parfois des défaillances qui en disent long sur la manière chaotique dont elles ont été réalisées. Les exemples les plus édifiants sont les stades de Dédougou et de Kaya. Pour le dernier cité, c’est le gazon qui pose problème. Et ce n’est pas demain la veille que l’on va y trouver une solution. D’ailleurs, l’on peut se poser la question de savoir si cette défaillance n’est pas le cadet des soucis des autorités. Et quand on pointe du doigt les entrepreneurs en charge des travaux, ces derniers se défendent en mettant en cause l’Etat.

Il s’agit de parfaire les choses

Le premier argument qu’ils avancent est le temps imparti pour l’exécution des travaux. Ils ont, en effet, tout au plus 5 mois pour le faire. Car, les lenteurs administratives font qu’ils ne peuvent pas faire autrement. L’on peut ajouter à cela le fait que l’Etat traîne les pieds avant de débloquer les fonds mis en place à cet effet. Un autre chemin de croix et non des moindres est celui lié à la passation des marchés. A ce niveau, l’on peut avoir l’impression que chaque acteur de la chaîne attend qu’on lui mouille la barbe avant de faire sa part de travail. Et cela, de toute évidence, implique des faux frais que supportent indûment les entrepreneurs. Toutes ces pratiques se font sous le regard des autorités, au point que l’on peut se poser la question suivante : à qui profitent ces fêtes tournantes ? A posteriori, l’on peut répondre par ceci : les plus grands profiteurs sont ces grands messieurs, confortablement assis dans leur bureau, qui compliquent à dessein la procédure d’attribution des marchés publics pour mieux en jouir. C’est également l’Etat qui refuse obstinément de tirer des leçons des erreurs du passé pour tirer les fêtes tournantes, au fil des ans, vers le haut. A ce propos, l’on peut dire tout net au gouvernement que rien de grand, de beau et de durable ne peut se faire dans la précipitation. Pourquoi ne pas accorder plus de temps à la réalisation des infrastructures ? Deux ans ne sont pas de trop, si l’on veut réaliser des infrastructures de qualité. Kaya, par exemple, a bénéficié à peu près de ce temps à cause essentiellement du coup d’Etat manqué de septembre 2015. Même avec ce prolongement de temps conjoncturel, certaines réalisations sont loin d’avoir été parfaites. Comme le disent les Ivoiriens, « il faut quitter dans ça », si l’on veut que les fêtes tournantes du 11-Décembre profitent véritablement aux populations. Cela ne signifie nullement qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain. Car, personne ne peut remettre en cause la pertinence de ces fêtes tournantes. Il s’agit de parfaire les choses. Cela passe d’abord par l’anticipation, de sorte à commencer les choses à temps, pour les finir à temps. En 2019, c’est la ville de Tenkodogo qui abritera la cérémonie. Pourquoi ne pas faire en sorte que les fonds qui y sont alloués soient débloqués en 2018 ? Si l’Etat le veut, il le peut et personne ne criera au scandale. L’autre exigence allant dans le même sens de l’amélioration des fêtes tournantes du 11-Décembre, est de réaliser les infrastructures sur la base des besoins réels des populations. Ces réajustements sont d’autant plus nécessaires que l’on peut faire le constat que certaines réalisations entrant dans le cadre du 11-Décembre, ne sont pas loin d’être des éléphants blancs. Un de ces éléphants blancs pourrait être ces fameuses salles de conférences. Combien parmi celles déjà réalisées sont utilisées, ne serait-ce qu’une fois l’an ? En lieu et place, l’on aurait fait autre chose si l’on avait tenu compte des besoins réels des populations. Dans le même registre, l’on peut ajouter ces villas de haut standing érigées à coups de millions de F CFA et qui, aujourd’hui, font l’affaire exclusivement des araignées. Faites un tour à Koudougou ou à Fada et vous serez édifiés. Il reste maintenant à changer le fusil d’épaule ici et maintenant. Ne pas le faire pourrait s’apparenter à un manque de courage et de vision.

Sidzabda
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