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« Le sahel est sous contrôle » : il a osé dire ça !

Publié le lundi 21 mai 2018  |  L`Observateur Paalga
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© aOuaga.com par DR
A l’occasion d’une conférence de presse animée jeudi 17 mai 2018, l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) a donné sa lecture de certains sujets d’actualité.
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Oui, vous avez bien lu : «Le Sahel est sous contrôle». Nombreux sont les lecteurs qui ont écarquillé les yeux à la lecture de ce titre à la Une avant de bondir sur le texte lui-même pour s’assurer de sa conformité avec le contenu de l’article.

Oui, vous avez bien lu : «Le Sahel est sous contrôle». Et celui qui a tenu ces propos n’est personne d’autre que Vincent Dabilgou de la majorité présidentielle, par ailleurs président du NTD (Nouveau temps pour la démocratie) et ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière. C’était au cours d’une conférence de presse tenue le 17 mai dernier et qui sonnait comme une réponse du berger à la bergère après la désormais traditionnelle sortie tous les mardis de l’opposition. L’argumentaire de l’inénarrable Dabilgou est on ne peut plus spécieux. Il a, entre autres, avancé ceci: « Que cette région soit en proie aux attaques et qu’enseignants et autres fonctionnaires aient déserté leurs postes ne veut pas dire que le pouvoir en a perdu le contrôle. Il y a eu aussi des attaques à Ouagadougou. Mais est-ce pour autant qu’on dit qu’on a perdu la capitale ? Il n’y a aucun doute, le Sahel est sous contrôle».

D’abord, comparer la capitale, qui s’est massifiée et où les terroristes viennent de temps en temps faire le coup de feu et disparaitre dans la nature, et un Sahel où ils ont fini par se sanctuariser est quand même un peu osé. Ce, d’autant plus que, pas plus tard que la veille, on venait d’enterrer Sigapinda Patrice Kaboré, préfet d’Oursi et dernière victime en date des fameux « individus armés non identifiés » pour reprendre l’expression officielle. Le 15 mai 2018, il était tué à sa résidence par des assaillants qui se sont offert le luxe macabre d’incendier son domicile. Le minimum de respect pour ce représentant de l’Etat et de ses proches qui n’ont pas fini de pleurer commandait que Dabilgou remue sa langue sept fois avant de parler avec autant de légèreté d’un sujet aussi délicat que celui-là.

Pendant qu’enseignants et élèves ont déserté les classes et qu’on se demande comment ceux qui sont en examen pourront se débrouiller, pendant que les magistrats traînent les pieds à rejoindre une zone désormais réputée dangereuse, pendant que nos forces de défense et de sécurité paient depuis maintenant trois années un lourd tribu à la lutte contre le terrorisme, pendant que les populations elles-mêmes ne savent plus à quel treillis se vouer et décampent vers des cieux un peu plus cléments pour ceux qui le peuvent, pendant que l’économie locale (élevage, agriculture et tourisme) est tuée à petit feu, Monsieur s’assoit dans une salle climatisée à Ouagadougou pour dire que le Sahel est sous contrôle. Si c’est ça votre contrôle, on comprend mieux pourquoi nous en sommes là aujourd’hui.

Monsieur le Ministre, un peu de respect et de décence pour vos victimes «sous contrôle» ! Car les populations attendent toujours qu’on vienne «terroriser les terroristes», pour reprendre une célèbre formule d’un de vos collègues du gouvernement. On est en droit de se demander sur quelle planète il se trouve ce ministre-là ! A moins que ce ne soit un déni de la réalité. C’est d’ailleurs à se demander si les communicants et politologues adoubés et assermentés donnent des trucs sur la communication à nos dirigeants. A moins que ce ne soit ces derniers qui négligent les précieuses petites fiches, pour ensuite sortir raconter leur vie.

Issa K. Barry
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