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Enfants en situation de rue : Mais où est passé l’Etat ?

Publié le samedi 19 mai 2018  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Enfants en rue
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La semaine dernière, alors que je revenais, tout fatigué, de mes balades quotidiennes, j’ai rencontré un garçonnet âgé d’à peine sept ans, aux environs de 23h, qui m’a demandé de l’argent pour, dit-il, payer à manger. Sa chance, c’est que ce jour-là, ma journée a été bonne, puisqu’au total, j’avais obtenu près de 1000 F CFA auprès de quelques bons samaritains. J’ai donc décidé de remettre 200 F CFA au petit qui était devant moi et qui, tenaillé par la faim, la soif et la fatigue, n’arrivait même pas à se tenir debout. Quand je lui ai demandé où étaient ses parents, il a fondu en larmes, avant de me dire qu’il n’a ni père ni mère. Il est orphelin. J’ai pris davantage pitié. Mais je n’étais pas encore au bout de mes peines, puisqu’au même moment, est arrivé un autre garnement d’à peu près le même âge que le premier à qui je venais d’offrir 200 F CFA. Ce dernier, lui, m’apprend que son père et sa mère sont en vie. Seulement, ajoute-t-il, en mooré « vima ya kanga ». « Les parents n’arrivent pas à satisfaire aux besoins des 5 enfants que nous sommes », précise-t-il avant de commencer à sangloter. Là aussi, je n’en pouvais pas, si bien que j’ai décidé de lui donner également 200 F CFA pour qu’il puisse se payer de quoi manger. Voyez-vous ? J’ai oublié mon propre sort pour pleurer celui de ces enfants qui, j’allais dire, sont sans avenir, condamnés qu’ils sont, à mendier pour vivre. Du coup, je me suis posé la question suivante : pourquoi passer le temps à faire des enfants quand on sait que l’on ne peut pas les nourrir ? On fabrique des malheureux que l’on confie à la société qui, elle-même, est devenue très vicieuse. La preuve est que nombreux sont les enfants qui, dans la rue, ont fait l’objet de crimes rituels par des gens qui, dit-on, cherchent à faire fortune.

je souhaite que quelque chose soit fait

Ce n’est pas normal. Car, pour autant que je sache, aucun enfant n’a demandé à venir au monde. Il a plu toujours à un homme et une femme de faire ce que je… n’ose pas dire. Pourquoi alors l’abandonner ? Je pense personnellement qu’il faut que l’on aille vers une criminalisation de l’abandon des enfants par leurs parents. Cela pourrait dissuader certains à « produire en masse » des enfants, tout en sachant qu’ils n’ont pas les moyens de les éduquer convenablement. Car, à moins d’avoir une pierre à la place du cœur, je ne vois pas un être humain qui se réjouirait de voir un enfant mendier pour subsister. Je ne parle pas des talibés qui le font pour les raisons que l’on sait. Non, ce ne sont pas ces cas-là qui m’intéressent ici. Il s’agit plutôt des enfants abandonnés à eux-mêmes, qui sont dans la même situation que les deux dont je parlais plus haut, c’est-à-dire les laissés-pour-compte. En tout cas, j’en appelle à la responsabilité de l’Etat qui, vraisemblablement, ne fait rien pour ces couches vulnérables. Or, il est dans son rôle régalien de leur assurer une protection civile, comme on le voit dans la plupart des pays des Blancs. Je ne sais pas le sentiment qui anime le président Roch quand il voit ces enfants, par colonnes entières, envahir les rues de Ouagadougou. Je me demande même s’il emprunte les rues où on peut les croiser. Et si oui, a-t-il seulement pensé à ces enfants dans son programme ? En tous les cas, je souhaite que quelque chose soit fait pour leur donner un mieux-être. Car, tous autant que nous sommes, riches ou pauvres, personne, à sa naissance, ne savait qu’il serait là où il est aujourd’hui. Même moi, je n’avais jamais imaginé qu’un jour, je ferais partie de la lie de la société. J’étais fier de moi parce qu’à l’école, j’étais très brillant. Et même si mes parents n’étaient pas riches, ils arrivaient bon an mal an, à payer mes frais de scolarité. Je pensais pouvoir leur renvoyer l’ascenseur, mais Dieu en a décidé autrement. Me voilà aujourd’hui sans le moindre sou, condamné à compter sur la générosité des uns et des autres pour avoir à manger. Hé Dieu, la vie n’est pas facile !

« Le Fou »
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