Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



L’Observateur Paalga N° 8430 du 2/8/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Politique

Maroc : la rue gronde, Mohamed VI… recule
Publié le mardi 6 aout 2013   |  L’Observateur Paalga


Le
© Autre presse par DR
Le roi du maroc , Mohamed VI


 Vos outils




Daniel Galvan Fina, ce prisonnier de droit commun, serait-il celui par lequel le roi Mohamed VI verra son autorité faiblir et son trône vaciller ? Question légitime au vu de l’emballement déclenché par la grâce que le monarque chérifien a accordée à ce sexagénaire espagnol, pédophile multirécidiviste, le mardi 30 juillet, dans le cadre de la commémoration de sa quatorzième année de règne.

Cette grâce a, en effet, déclenché un tollé d’indignation et suscité des manifestations de colère à Rabat et dans les autres villes du royaume. Ainsi ce fait divers, qui aurait dû rester un conte cruel sur les mœurs d’un vieil ogre violeur d’enfants, a tourné à l’affaire politique et porté un coup de boutoir aux assises de la monarchie chérifienne. Cette grogne populaire, qui a commencé pianissimo sur les réseaux sociaux sur Internet, a rapidement gagné la rue et s’est propagée comme un feu d’harmattan à toutes les couches de la société de sorte que l’habituel arsenal répressif de la police antiémeute sorti contre les manifestants le vendredi 2 août 2013 a fait de multiples blessés mais, contrairement aux attentes du palais, la force n’est pas venue à bout de la fronde, elle l’a exacerbée.

Aussi devant l’ampleur grandissante de la réprobation, le monarque, pragmatique, a annulé la grâce le dimanche 4 août 2013 en se défaussant sur sa cour et en promettant de diligenter une enquête pour situer les responsabilités. L'indélicat a été arrêté hier à Madrid et sera certainement rapatrié à Rabat. Cette reculade royale, une première dans cette monarchie longtemps dirigée d’une main de fer malgré ses apparences de royaume moderne, calmera-t-elle la rue marocaine ? Rien n’est moins sûr, car, au-delà de la simple magnanimité royale, le prisonnier Daniel Galvan Fina serait en fait un espion qui aurait renseigné les services secrets espagnols pendant la Guerre du Golfe. Sa relaxe serait politique et aurait été négociée par le roi Juan Carlos lors de son passage à Rabat et serait un renvoi d’ascenseur à une taupe. D’ailleurs les manifestants «anti-Galvan», galvanisés par cette victoire, entendent poursuivre le combat et réclament maintenant la suppression pure et simple de cette prérogative royale.

Contre toute attente, ce qui a commencé comme un battement d’aile de papillon pourrait bien accoucher d’un cyclone politique dans le royaume de Mohamed VI !

L’affaire Daniel Galvan laissera des traces dans la société marocaine, le rétropédalage de Mohamed VI préfigurait la naissance d’une conscience citoyenne dans le pays. Car si de cette affaire, on ne peut pas dire que le roi est nu, il a perdu de son aura. Il en sort bien affaibli et la société civile plus forte. Mais on lui reconnaîtra l’intelligence politique d’avoir compris qu’après le Printemps arabe, la face du monde arabe est à jamais changée et que la survie de son pouvoir se jouera sur sa capacité à épouser les aspirations de son peuple.

En reconsidérant un décret royal pour préserver la paix dans son pays, Mohamed VI fait preuve de hauteur d’esprit et montre qu’un homme politique, soit-il monarque de droit divin, commandeur des croyants, descendant du prophète Mohamed, doit entendre les récriminations de son peuple, même si celles-ci montent de la rue. Ainsi donc, même à Rabat, une marche peut changer une loi. Voilà une leçon de sagesse politique qui devrait inspirer les chefs d’Etat d’Afrique…


Saïdou Alcény Barry

 Commentaires