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Le Quotidien N° 835 du 6/8/2013

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Maroc : Quand la rue fait céder le roi
Publié le mardi 6 aout 2013   |  Le Quotidien


Le
© Autre presse par DR
Le roi du maroc , Mohamed VI


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Tout roi soit-il, Mohammed VI du Maroc a reculé face à la rue. Il vient d’annuler une grâce accordée, dit-il, malencontreusement, à un pédophile espagnol. Cette décision royale vient une fois de plus contredire ceux qui croient encore que la rue n’a aucun impact sur les décisions politiques. En tout cas au Maroc, elle a obligé le roi à prendre une mesure exceptionnelle : l’annulation de la grâce d’un prisonnier. C’est dire qu’il n’y a pas de honte pour un dirigeant à reconnaître une erreur d’appréciation et à y remédier. Quand la rue gronde, c’est que très souvent elle est consciente des enjeux. Au Maroc, où la population est majoritairement alphabétisée et très mûre politiquement, les manifestations de rue ne sont jamais gratuites. D’autant que les manifestants doivent braver une féroce répression policière. Au Maroc comme ailleurs donc, on ne mobilise le peuple que sur la base de ses intérêts. Quand le peuple gronde, il faut prendre le temps de l’écouter. Car si les dirigeants prennent de bonnes décisions, il n’y a pas de raison que la chienlit s’installe. Mettre au centre de leurs décisions le peuple, voilà ce qu’on attend aujourd’hui des gouvernants africains. Même en Afrique subsaharienne, région encore dominée par des pouvoirs non démocratiques, il est de plus en plus difficile de conduire les populations comme des moutons. A force de subir les injustices sociales et la misère, elles ont fini par se lasser des discours démagogiques et des rassemblements à la gloire du président « bien-aimé ». On comprend pourquoi d’ailleurs le Maroc a échappé à la bourrasque du printemps arabe. Outre le grand respect qu’ils doivent à leur monarque, les Marocains ont eu en face d’eux un dirigeant très réactif. Au plus fort des revendications politiques qui ont secoué toute l’Afrique du Nord, il a anticipé en lâchant du lest sur bien des points, permettant quelques avancées démocratiques. Cela a aussi eu le don de calmer, ne serait-ce que temporairement, la rue marocaine. L’intelligence politique commande que l’on soit capable de se remettre en cause. Il n’y a aucune faiblesse à agir de la sorte, mais plutôt une forme de grandeur d’âme et d’esprit. Une fois de plus, dans l’affaire du pédophile libéré, sentant le scandale prend de l’ampleur, le roi a eu le réflexe de corriger le tir. On ne peut que saluer cet acte de courage et d’humilité, même si cette volteface ne fera pas revenir le pédophile qui aurait déjà rejoint son pays.
 L’autre aspect que révèle cette affaire, apparemment judiciaire, ce sont ses dessous politiques et diplomatiques. Il se murmure en effet que le roi aurait libéré cet Espagnol en même temps qu’un groupe, au nom d’un arrangement diplomatique avec l’Espagne. En attendant d’en savoir plus, ne serait pas étonnant que ces informations se confirment. L’Afrique est en effet coutumière de ce type de transactions qui l’amènent à libérer des détenus occidentaux sous la pression de leurs pays d’origines. On l’a vu au Tchad avec les voleurs d’enfants de l’Arche de Zoé. Bien que la France ait condamné l’acte de l’association, elle a tout fait pour sortir ses membres des griffes de la justice tchadienne. Mais doit-on en vouloir à la France de tout faire pour tirer ses compatriotes d’un sale pétrin ? Au contraire, il faut l’en féliciter. C’est le rôle d’un Etat que de voler au secours de ses enfants en détresse, qu’ils aient violé la loi du pays d’accueil ou pas. Ce devoir d’assistance propre aux pays occidentaux n’est malheureusement pas réciproque. Les Occidentaux ne tolèrent pas la moindre faute des Africains sur leur sol et nos dirigeants n’y peuvent rien. Les têtes couronnées africaines sont plus promptes à céder aux pressions occidentales qu’à réclamer aussi de pouvoir juger leurs compatriotes. Ce déséquilibre flagrant en matière de coopération judiciaire est le résultat des rapports inégaux entre l’Afrique et le vieux continent. Et, visiblement, cela est loinprès de changer, si l’on en juge par le scandale qui secoue le Maroc. Si le roi a pu apaiser un tant soit peu ses sujets en cédant à la rue, il lui reste cependant à prouver que cette grâce n’est pas le fait d’un deal avec l’Espagne. Il doit surtout montrer que le Maroc n’est plus au stade où il doit obéir aux injonctions de pays tiers, au détriment de son propre peuple. On peut aussi se réjouir de constater que le Maroc, une monarchie, a intégré la donne selon laquelle la manifestation de rue fait partie des gènes de la démocratie .

La Rédaction

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