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Le Quotidien N° 834 du 3/8/2013

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Université de Ouagadougou : Toujours une cocotte-minute / Le radicalisme ne paie pas
Publié le samedi 3 aout 2013   |  Le Quotidien


Université
© Autre presse par DR
Université de Koudougou du Burkina Faso


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Les images des véhicules brûlés sont apocalyptiques et dignes d’une scène de guerre. Non, ils n’ont pas été objets d’une frappe aérienne, d’un missile ou d’un obus. Ce sont des mains d’étudiants en colère qui ont provoqué le chaos de ce jeudi, dans la ville de Ouagadougou. Pourquoi une telle extrémité ? En attendant d’en savoir plus sur les tenants et les aboutissants de ce dénouement tragique de la crise dans les cités universitaires de Ouagadougou, on ne peut que déplorer la tournure prise par les événements.

Les étudiants, sous la houlette de la FESCI-BF, sont allés trop loin dans les actes de vandalisme des véhicules de l’Etat. Un tel déferlement de violences, apparemment bien coordonné, de la part des étudiants, a été rarement vu au Burkina. Quel que soit le niveau de leurs frustrations, ils ne devaient pas en arriver là. Tous ces véhicules brûlés, acquis à la sueur du front de tous les Burkinabè, sont très utiles aux ministères où ils étaient affectés. Dans l’immédiat, cela portera donc préjudice à ces services dans leurs capacités d’action. Disons-le donc tout net : les incendies des véhicules sont condamnables. La dégradation des biens privés auxquels publics est certes un exutoire et un moyen spectaculaire d’exprimer son état, mais il ne pas être un recours systématique en cas de manifestation. L’opposition et les syndicats ont du reste démontré, à travers des marches gigantesques et pacifiques, leur force de mobilisation et l’adhésion des populations à leur cause. Il est donc possible de réussir une manifestation sans verser dans la violence.
Mais, l’Etat burkinabè a aussi sa part de responsabilité dans cette tendance des groupes sociaux à ne croire que seule la violence peut leur permettre d’obtenir gain de cause. Par son incapacité à anticiper et à gérer correctement les crises, il fait le lit aux réactions de défiance ou de désespoir, comme on en a vu par le passé, et comme cela vient de se produire avec les étudiants. Le pouvoir ne semble toujours pas avoir tiré les enseignements de la très grave crise de 2011. Or depuis ces événements, le pays vit dans une paix précaire. Il suffit d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Dans ce contexte, le pouvoir devait jouer la carte de l’apaisement avec les étudiants. Visiblement, la communication, la concertation et la pédagogie indispensables à un haut lieu de la contestation comme l’université, n’ont pas été privilégiées. Par ailleurs, avec le chevauchement des années académiques, la notion des vacances prendra du temps pour revenir. Beaucoup d’étudiants ne sont donc pas préparés à se passer des œuvres universitaires dans cette période. Un moratoire aurait pu être donné pour ces vacances pour permettre à tous les étudiants de se préparer pour les années à venir. De toute façon, sauf s’il n’a pas de famille au Burkina, aucun étudiant ne devrait se réjouir de passer ses vacances en cité. Tout compte fait, un arrangement pouvait être trouvé dans ce conflit. Au lieu de cela, ce sont des scènes de guérilla urbaine qui ont été données de voir, avec des conséquences désastreuses : des dégâts estimés à des centaines de millions, la paix sociale mise davantage à rude épreuve, une image du Burkina qui en prend un coup. Pour le pouvoir, le retour en grâce au sein des étudiants n’est pas pour demain avec ces nouveaux incidents. Déjà en délicatesse avec le plus grand syndicat d’étudiants du Burkina, l’ANEB, le gouvernement devrait aussi désormais compter avec la FESCI-BF. C’est plutôt l’opposition qui risque de voir ses rangs grossir, se renforcer avec ces étudiants frustrés.

Cette grave crise survient alors qu’on vient à peine de sortir des états généraux de l’enseignement supérieur. La question est de savoir si cette session d’introspection a vraiment servi à quelque chose. En tous cas, l’université continue d’être une cocotte-minute dont le couvercle peut sauter à tout moment .

La Rédaction

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