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Rémunération des fonctionnaires: « les magistrats tels des hyènes devant un éléphant mort »

Publié le jeudi 15 mars 2018  |  L`Observateur Paalga
Justice
© aOuaga.com par A Ouedraogo
Justice : Prestation de serment des magistrats à la cour d`appel de Ouagadougou
Vendredi 28 septembre 2012. Ouagadougou. Palais de justice
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Après une série de grèves, les magistrats burkinabè ont obtenu une revalorisation de leur statut dont l’une des conséquences est l’augmentation, jugée exponentielle par certains, de leurs salaires. En plaçant très haut la barre de leurs rémunérations, les magistrats sont comparables, selon Yamnéan Savadogo, à « des hyènes devant un éléphant mort ». Il s’en explique dans les lignes ci-dessus.

Depuis l'accord sur les traitements salariaux des magistrats qui a généré les grèves perlées, j'ai cru que des voix qui portent mieux que la mienne réagiraient pour dénoncer cet accord inique et méprisant pour tous les autres corps de la fonction publique.

Cet accord a mis à mal le vivre-ensemble des Burkinabè.

A mon avis, c'est la méconnaissance de l'esprit humain, doublée de légèreté qui a permis ces accords qui, tôt ou tard, seront révisés sinon le Burkina sera un pays avec deux catégories de fonctionnaires : des fonctionnaires rois qui sont les magistrats et les fonctionnaires roturiers (enseignants, médecins, ingénieurs, etc.).

C'est pourquoi j'accuse les magistrats d'égoïsme, d'injustice et même de boulimie, car, par leurs appétits financiers gargantuesques, ils veulent briser le vivre-ensemble dans cette nation.

L'esprit humain rejette l'injustice et le sectarisme. Cela vient de son Créateur qui a inscrit le droit dans son cœur. Pour moi beaucoup de magistrats, dont le bon sens n'a pas été déraciné par l'avidité du gain, ont dû souffrir, dans leur âme, du mépris qui a été fait aux autres fonctionnaires de cette nation à travers ces accords salariaux iniques. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis ni jaloux ni envieux. C'est pour un Burkina paisible que je parle. Ce que je dis n'engage que moi. Trois groupes de gens sont coupables : le Président du Faso, les Etats généraux de la justice qui ont généré ces accords et les magistrats.

C'est pourquoi je veux honorer un homme : le ministre de la Justice, qui a perçu que la signature de ces accords provoquerait une injustice monstrueuse et des réactions diverses comme ces grèves que de mémoire de Voltaïque et aujourd'hui de Burkinabè je n'avais jamais vues. Et pourtant les grèves des autres corps de fonctionnaires étaient tout à fait logiques et prévisibles. Si deux personnes, avec chacune une maîtrise, font un test et entrent dans la Fonction publique, font le même nombre d'années de formation et l'un, prétendant qu'il est le 3e pouvoir, grève et se fait un salaire 2 ou 3 fois plus élevé que celui de son l’autre, ne pas grever, c'est non seulement faire vœu de pauvreté mais aussi ne pas imiter la sagesse des juges qui produit vite et bien des richesses et du pouvoir.

Monsieur les juges, dites-moi, professeur que je suis, je suis du quelième pouvoir ? Suis-je du 90e pouvoir ou suis-je de ceux qu'on appelle les hommes sans pouvoir ? Bref, je veux honorer Monsieur le ministre de la Justice à double titre :

d'abord, parce qu'en tant que magistrat, tous les gains financiers des magistrats le concernent.

Si c'était quelqu’un qui ne se souciait que du gain, il aurait appuyé sa corporation judiciaire ou, tout au moins, il se serait tu.

Quand il a déclaré à la télévision nationale, à son corps défendant, que même si les magistrats font grève n'importe comment l’Etat ne peut pas satisfaire leurs prétentions salariales, j'ai applaudi et me suis dit : voici un homme, un patriote, un humain dans le sens plein du terme, car être humain, selon moi, c'est regarder les autres humains comme soi-même, donc se retenir de leur faire ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse. C'est pourquoi, en tant que Burkinabè bénéficiant de ni plus ni moins de droits que les magistrats, je les accuse d’avoir perdu le sens de la mesure et de la raison, et de s'être comportés vis-à-vis de mon pays (le Burkina Faso) comme des hyènes devant un éléphant mort, voulant emporter tous les gigots sans se soucier de ce que les autres mangeront.



L’appétit démesuré des juges



En plus, il risquait la colère des magistrats et pouvait perdre son poste, donc c'est un fonctionnaire plus soucieux de l'intérêt général que de sa longévité au poste et du profit.

C'est pourquoi la colère devant l'iniquité et la ségrégation commise par les juges et qui s'est traduite par des grèves tous azimuts n’est que justice. En effet, si l'Etat a de l’argent pour satisfaire les appétits financiers démesurés des juges, le même Etat ne peut dire qu'il n'a pas d'argent pour les autres corps de fonctionnaires, car ce serait dire : les juges sont utiles ou indispensables à la nation ; les autres pas.

Les grèves même devraient avoir ouvert les yeux des autorités de la Nation sur l'importance des fonctions : quand les juges ont fait grève, qui est mort ? Mais quand les médecins et les agents de santé l’ont fait, beaucoup de morts ont été enregistrés. Et si les juges, par leur inflexibilité dans la grève, sont devenus rois et riches, pourquoi demande-t-on aux médecins et autres de la mesure dans la manière de faire grève ? Et si même un magistrat, un président de tribunal, un qui appartient à ce seul corps prestigieux, indispensable, digne, honorable et nanti de pouvoir devait juger et s'il est malade ce jour, aussi honorable qu'il soit, il ne devrait même pas s'adresser à un inutile médecin.

Et même si les enseignants et les médecins font grève, les juges devraient aller enseigner les élèves et opérer les malades puisque "qui n'est juge n'est rien au Burkina Faso".

Depuis des années déjà, à diplôme égal et pour le même nombre d'années d'études, les magistrats étaient surpayés par rapport aux autres fonctionnaires, mais les gens l’avaient toléré. Mais, avec les dernières réclamations abusives des magistrats, malheureusement satisfaites, les magistrats sont allés trop loin.

En satisfaisant les réclamations des juges, l'Etat a à la fois déclaré que les autres fonctionnaires qui sont patriotes, dont les salaires sont insuffisants mais qui sont conscients des moyens financiers limités de l'Etat, acceptaient le sacrifice pour le mieux-être de toute la nation et qui sont restés silencieux sont bêtes. Et voici comment a commencé le printemps des grèves. Et puisque l'Etat a de l'argent pour satisfaire les juges, il en trouvera aussi pour les autres fonctionnaires, pas moins burkinabè que les juges, car même si nous ne sommes pas juges, la justice ne nous a pas encore déchus de nos droits de citoyens pleins.



La jungle de la Fonction publique



Bref, je propose à Monsieur le Président du Faso la réduction drastique des traitements des juges pour les ramener au niveau de ceux des autres fonctionnaires de même catégorie (de même diplôme et de même durée d'études). Pour ceux qui ne seront pas d'accord et qui estiment qu'un juriste doit être valorisé et que les autres corps (même ceux qui les ont sortis de l'analphabétisme, les ont soignés et les ont dotés des connaissances sur lesquelles ils fondent leur hégémonie) sont méprisables, je propose que des explications soient données à la télévision nationale à tous ceux qui sont épris de justice et d'égalité dans la nation et qu'on les licencie.

Je propose aussi la diminution des bourses des roitelets d'élèves magistrats pour les ramener au niveau de la bourse nationale normale.

Beaucoup de maîtrisards en droit, tout aussi citoyens pleins que les juges, attendent aux portes et trouveront du travail.

Un proverbe dit : « L'erreur est humaine, mais persister dans l'erreur est diabolique. » Que les magistrats reconnaissent leur erreur, reviennent à la raison et que leur traitement soit corrigé.

Le problème général de cette nation, c'est le manque de clarté en matière de traitement salarial et d'indemnité.

En la matière, c'est la jungle à la Fonction publique et les gens sont très sensibles à l'injustice. Les inégalités y sont très criardes et inacceptables.

Quand une personnalité de l'Etat, lors des grèves des financiers, a ordonné au gouvernement d'être ferme avec les syndicats, les financiers ont publié dans « Le Pays » que le budget de l'Assemblée a doublé, passant de 6 à 12 milliards de 2016 à 2017 la même année.

Quand on parle de contrôle interne à l'Assemblée nationale, qu'est-ce que cela vaut dans un pays africain ?

Je propose que l'Assemblée nationale soit contrôlée par l'ASCE, puisque la Présidence même qui est une institution plus prestigieuse s'y est soumise. J'ai beaucoup d'autres propositions à faire pour plus de justice dans le pays si je peux être entendu.

Bref, Dieu a prévu que le Burkina soit un pays de justice, de clarté, de salut, de tolérance, d'amour, de pardon, de bonheur et de prospérité. Tous ceux qui travailleront au Burkina dans ce sens auront son accompagnement et seront victorieux. Ceux qui travailleront à contre-courant de cela constateront aussi sa désapprobation par leur échec.

Dieu bénisse le Burkina Faso.



Savadogo Yamnéan
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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