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Sidwaya N° 7473 du 2/8/2013

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Editorial : Il y a problème !
Publié le vendredi 2 aout 2013   |  Sidwaya




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Il y a problème. La rue de nos villes gronde. A l’appel de l’opposition politique, des milliers de personnes ont défilé samedi 29 juin 2013 à Ouagadougou et dans d’autres villes du pays comme Bobo-Dioulasso, contre la mise en place du Sénat. « Non au Sénat », lisait-on sur les pancartes de l’opposition. Une semaine après cette première manifestation, des milliers d’autres Burkinabè, cette fois-ci, partisans de la mise en place dudit Sénat, ont marché pour exprimer leur volonté politique. « Oui au Sénat ! », pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir. Et ce n’est pas tout. Un mois après la première démonstration de force, l’opposition vient de remobiliser ses militants ce 28 juillet 2013, pour dire « non » à l’avènement d’un Sénat au Burkina Faso. Les chefs de l’opposition ont réaffirmé leur volonté de poursuivre leur action. Ceux-ci estiment que le futur Sénat est inutile et trop coûteux. « On ne sait pas très bien à quoi il va servir. On nous a dit que ce Sénat allait voter les mêmes lois que l’Assemblée nationale. Si c’est le cas, avons-nous besoin d’une deuxième Assemblée nationale ? », s’interroge Zéphyrin Diabré, chef de file de l’opposition burkinabè. « On nous dit qu’il va assurer la représentation des collectivités territoriales mais les mêmes conseillers municipaux qui seront élus au Sénat sont les mêmes qui, il y a 6 mois, ont été élus à la tête des partis politiques, donc ça ne change rien ». Le parti au pouvoir donne un autre son de cloche. Il argue que le Sénat renforcera les institutions. « Le Sénat est une institution démocratique qui va au-delà des politiques », estime Achille Tapsoba, député du CDP. « Les éléments de la société civile que sont les communautés religieuses, les communautés traditionnelles, les travailleurs à travers les syndicats, le patronat, donc c’est pour enrichir le travail parlementaire », ajoute-t-il. Et Assimi Kouanda, le secrétaire exécutif national du CDP, de s’exclamer : « Ces politiciens qui se fondent sur un tissu de mensonges pour tromper l’opinion, qui brodent sur les méfaits du Sénat et laissent volontairement de côté tous les avantages que le Sénat va procurer à notre démocratie et à notre pays ». Puis de poursuivre : « Dites à ces affabulateurs de la démocratie de relire la Constitution du Burkina Faso ». Comme on le constate, il s’agit là d’une bataille pour la conquête de la rue, la conquête de l’opinion. Le débat a changé de lieu et il va falloir éviter les dérapages dangereux et regrettables. Et pourtant, les deux camps aiment tous le Burkina Faso et chacun prône tout le bonheur au peuple.
Malheureusement, les propos des uns et les réactions des autres laissent entrevoir le risque de menace pour la cohésion sociale. Faut-il attendre la violence avant de dialoguer ? On n’en a pas besoin. Lorsqu’on regarde la mobilisation dans les deux camps et la teneur de certains propos qui sont en réalité des injures, il y a de réelles raisons d’appeler au dialogue en tant que première réponse à une aggravation des tensions. Le dialogue politique, on le sait, sous toutes ses formes, est un instrument indispensable dans la recherche de la paix, de la cohésion et de la stabilité du pays. Le Burkina Faso en a d’ailleurs l’expérience.
Les partisans et les pourfendeurs de cette nouvelle vision institutionnelle qu’envisage le Burkina Faso feront plus de bien à la chère patrie en menant le débat autour d’une table. Chaque partie pour le moment qualifie les actions du camp d’en face de feu de paille. Pourtant, il y a danger.
Lorsque la rue monopolise le débat, quand la foule manifeste, la seule façon d’éviter le trouble, c’est le dialogue. Lorsque les débats se mènent sur les réseaux sociaux, il n’est pas étonnant que n’importe qui s’y invite et jette de l’huile sur le feu à travers des appels au meurtre, des injures ! Pour le moment, les organisateurs semblent maîtriser leurs hommes sur le terrain des manifestations. Mais sur les réseaux sociaux, on assiste à une perte totale de contrôle. Parier cependant que toutes les manifestations se dérouleront sans incident c’est méconnaître le comportement de la foule. Ni l’opposition ni la majorité présidentielle ne peut prétendre avoir un contrôle total sur ces milliers de jeunes qui n’hésitent pas à crier leur rage. D’ores et déjà, on peut se féliciter que les actes de vandalisme soient proscrits. Mais le risque n’est jamais à exclure. La principale difficulté dans la mise en place du futur Sénat est surtout l’incompréhension. Conséquence, la méfiance et la suspicion paralysent tout dialogue. Les tenants du pouvoir actuel et ceux qui cherchent à le conquérir ne se comprennent point. Zéphirin Diabré et ses hommes suspectent des desseins inavoués qu’auraient Assimi Kouanda et ses partisans dans la mise en place du Sénat. Fondés ou infondés ? En tous les cas, les deux forces ébranlent la tranquillité des grandes villes.Pendant ce temps, les paysans, pris par les travaux champêtres, sont à l’écart ou jouent le rôle de spectateurs de ces marches inexpliquées. « Gens de ville, que se passe-t-il chez vous ? », se demandent-ils avant de formuler au final cette prière : « Que Dieu vous réconcilie ! ». Ils ne comprennent absolument rien dans cette démonstration de force. Au nom de l’intérêt du pays et de ces millions de silencieux de nos villages et hameaux de culture, nous devons pouvoir surmonter nos divergences. Les divergences font partie de la vie des peuples et des nations.
Il appartient aux hommes qui la créent et qui l’entretiennent de créer les conditions de son extinction. Pour un Burkina uni et prospère, sachons raison garder, évitons les excès et les débordements. Ne travaillons pas à détruire, à balayer du revers de la main ce que nous avons mis du temps à bâtir.Que Dieu bénisse le Burkina.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

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