Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 832 du 1/8/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Santé

Blaise et les anti-Sénat : Ne pas minimiser la grogne
Publié le jeudi 1 aout 2013   |  Le Quotidien


Ouverture
© Présidence par DR
Ouverture du sommet du Traité d’amitié et de coopération Côte d’Ivoire/Burkina Faso
Mardi 30 juillet 2013. Yamoussoukro. Photo : Blaise Compaoré, président du Burkina Faso


 Vos outils




Cette fois encore, c’est hors du pays que le président du Faso a daigné se prononcer sur un sujet de grande portée nationale. Depuis que la polémique sur le Sénat a éclaté, il est resté dans un mutisme total, laissant ses sicaires faire le travail de défense de l’institution. Et c’est à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, qu’il a enfin donné son impression, en disant que la mise en place du Sénat est irréversible. Dans la forme, cette façon de procéder peut être assimilée à du mépris pour le peuple burkinabè et notamment à l’opposition et à toutes les forces opposées au Sénat. Le Chef de file de l’opposition, faut-il le rappeler, lors de la première manifestation du 29 juin, avait voulu transmettre un message au président du Faso par les soins du Premier ministre. On connait la suite. Ce sont des gaz lacrymogènes et des coups de bâton qu’il a reçus en retour. Et la réponse, le président himself ne trouve pas mieux que de la donner en Côte d’Ivoire, devant des journalistes. Ce n’est pas la meilleure façon de communiquer avec son opposition et son peuple. Il est d’ailleurs curieux qu’après tant d’années d’exercice du pouvoir, le président continue d’être si éloigné de ses concitoyens.
Dans le fond, les propos sont surprenants, venant d’un chef d’Etat censé incarner l’unité nationale. Dans une situation de crise comme celle du Burkina, il est nécessaire pour le chef de l’Etat, à défaut de se mettre au-dessus de la mêlée, en cherchant à rapprocher les positions, soit au moins plus mesuré. Or le chef de l’Etat, comme ses supporters lancés sur le terrain, a tenu un discours radical, voire martial, ne laissant la place à aucune concession. Pourtant, il est établi qu’en politique, il ne faut jamais dire « jamais ». Son Premier ministre en sait du reste quelque chose, lui qui a fait une reculade incroyable lors de la grande grève du SYNTSHA. Devant une instance aussi solennelle que l’Assemblée nationale,il a juré que son gouvernement ne céderait pas aux revendications du SYNTSHA. Il n’a pas mis longtemps à se dédire. Cet épisode devrait instruire n’importe quel homme politique au Burkina, et surtout le chef de l’Etat, garant de la paix sociale et de l’unité nationale. Mais visiblement, le président du Faso a décidé en personne de se jeter dans la bagarre.
Sa vision des manifestations publiques contre le Sénat est contestable. Faut-il alors la violence pour faire reculer le pouvoir ? En tout cas, il y a de quoi s’interroger sur la conception que le président a du mouvement en cours au Burkina et de sa perception de l’ampleur de la crise. Certes, cette sortie vigoureuse a certainement un double but: montrer qu’’il tient fermement la barre au moment où toutes les prédictions sur le Burkina sont alarmistes et revigorer ses troupes, quelque peu ramollies et clairsemées, face au vaste front anti-Sénat. Mais elle ne va pas dans le sens de l’apaisement. Si c‘est sa réponse définitive à l’opposition, autant dire que l’on n’est pas sorti de l’auberge. Du reste, le président ne nous a pas habitués à des déclarations aussi sujettes à polémique. En effet, il se trompe quand il dit avec assurance : « Jamais, même à Paris, ni en Amérique, une marche n’a changé une loi, n’a changé la Constitution. Ça n’existe pas". ». Si, M. le président, en France, des manifestations ont fait annuler une loi. Rappelez-vous la loi sur le Contrat première embauche (CPE), en 2006, retirée à la suite d’un important mouvement étudiant et lycéen. Pas besoin d’aller si loin pour voir des cas de reculade. M. le président, rappelez-vous la TDC (taxe de développement communal), ici même au Burkina, rangée aux oubliettes face à la levée de boucliers des citoyens et aux émeutes de 2011.Le président du Faso a donc parlé. Il veut imposer son autorité et celle de l’Etat, selon le discours en vogue. Mais à quel prix ? Il faudra sans doute, à certains, relire les mémoires de Jacques Chirac. Lui aussi avait eu à retirer un projet de loi, alors qu’il était premier ministre de Mitterrand, en 1986, après que des incidents ont entraîné la mort d’un étudiant, Malik Oussekine. Plusieurs années après, Chirac n’a pas hésité à écrire dans ses mémoires ceci : « Aucune réforme ne vaut la mort d’un homme ». A méditer .

La Rédaction

 Commentaires