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Sidwaya N° 7470 du 30/7/2013

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Bamos Théo, artiste-musicien: «Il n’y a pas de solidarité pour promouvoir la musique burkinabè à l’extérieur»
Publié le mercredi 31 juillet 2013   |  Sidwaya


Bamos
© Autre presse par DR
Bamos Théo, artiste-musicien


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Communément appelé Saambiiga(frère), Bamos Théo(à l’état civil Théodore Bamogo) est l’un des jeunes montants de la musique burkinabè. Dans cet entretien réalisé, mardi 30 juillet 2013 dans les locaux des Editions Sidwaya, il nous parle de sa carrière, de l’album posthume de son père, de la musique au Faso…


Sidwaya (S.) : Tu es le fils de feu Jean Claude Bamogo, l’une des icônes de la musique burkinabè. As-tu choisi de faire la musique ou as-tu été forcé par feu ton père ?

Bamos Théo (B.T.) : (Rires) Mon père ne m’a jamais influencé dans mon choix, il ne m’a jamais forcé. Il a toujours laissé les gens libres dans leur choix. C’est de façon libre que j’ai choisi de faire la musique. Il ne m’a jamais dit que la musique ne nourrit pas son homme.

S. : Tu as même monté un groupe avec ton frère.

B.T. : J’ai créé le groupe Les frères Bamogo avec mon frère William qui est devenu un opérateur économique.

S. : Pourquoi le groupe n’a pas connu de succès ?

B.T. : Entre-temps, je suis allé m’installer à Abidjan. Je suis rentré avec l’album Raogo qui a connu un grand succès au Burkina Faso.

S. : Au moment où ta carrière a commencé à décoller, tu t’es lancé dans le syndicalisme et dans les associations. Ce qui a beaucoup joué sur ta carrière. Pourquoi ce choix ?

B.T. : Juste après Raogo, j’ai eu des problèmes de santé, mais par la grâce de Dieu, je m’en suis sorti. J’étais dispersé, ce qui ne me permettait pas d’évoluer dans ma carrière. Cela a duré près de trois ans. Ce n’est pas mon militantisme qui a joué sur ma carrière.

S. : Ton père a malheureusement quitté ce monde. Il y a depuis quelque temps sur le marché du disque, son dernier album (musique chrétienne) qui a été finalisé après son décès. Est-ce une de ses dernières volontés ?

B.T. : Mon père est né protestant, mais à un moment donné de sa vie, il ne fréquentait plus l’église. Dieu merci, entre- temps, il est revenu et il tenait à ne pas quitter ce monde sans laisser une œuvre pour le Seigneur. Il a eu le temps de consacrer huit mois à cette œuvre. Il restait la finition et l’habillage ; et c’est là que la maladie l’a arraché à notre affection. Même sur son lit d’hôpital, il m’a demandé de suivre la finition de l’album.

S. : Quel est le titre de cet album et combien de titres comporte t-il ?

B.T. : Le titre de cet album est Testament. C’est une œuvre de dix titres consacrés à Dieu.

S. : Pourquoi Testament ?

B.T. : Nous pensons que c’est sa dernière volonté, sa dernière parole, son dernier message qu’il a voulu lancer. C’est un testament pour tout le monde.

S. : Parlons de la musique burkinabè. A-t-elle évolué ?

B.T. : La musique burkinabè évolue, car il ya de la qualité dans certaines œuvres. Mais, c’est dommage qu’il n’y ait plus de marché. Les cassettes et les CD ne se vendent plus. Le Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) fait de son mieux. Il faut réfléchir car les artistes misent sur leur album, mais sans spectacle ça ne marchera pas, même si vous faites de la bonne musique.

S. : Pourquoi la musique burkinabè ne s’exporte pas?

B.T. : Chacun a sa part de responsabilité. Les promoteurs et ceux qui dirigent le show-biz doivent faire sortir les artistes. Que chacun joue sa partition, car la promotion des artistes ne leur revient pas uniquement. C’est maintenant que la diaspora burkinabè commence à inviter les artistes. Il ya aussi un problème de fierté d’être Burkinabè. Il n’y a pas de solidarité pour promouvoir la musique burkinabè à l’extérieur.

S. : N’existe-t-il pas aussi un problème d’organisation des artistes ?

B.T. : Dans le succès, les artistes doivent toujours rester dans la réalité et garder les pieds sur terre. Donner un encadrement à sa carrière, avoir de l’ambition et s’organiser car tout est possible avec la volonté.

S. : D’aucuns disent que nos artistes ne progressent pas parce qu’ils ont des subventions de l’Etat et certains demandent la suppression de cette aide. Qu’en penses-tu ?
B.T. : J’ai fait un peu la Côte d’Ivoire, j’ai côtoyé quelques artistes ivoiriens. Chez eux, le show-biz et le mécénat sont très développés et génèrent de grosses sommes. Mais au Burkina Faso, la réalité est tout autre et je dirai qu’il faut même que l’Etat augmente cette subvention, jusqu’à ce qu’on arrive à faire des campagnes de sensibilisation avec la presse pour amener les gens à soutenir les artistes burkinabè.

S. : La subvention de l’Etat est souvent utilisée à d’autres fins. Certains artistes ne reconnaissent même pas qu’ils ont bénéficié de l’appui de l’Etat .Comment expliques-tu cela ?

B.T. : Dans la vie, il y a toutes sortes de personnes et la reconnaissance est très importante. On peut reconnaître avoir pris la subvention, remercier les donateurs et demander qu’ils donnent plus.

S. : Il y a un certain nombre d’artistes qu’on peut qualifier d’artistes BBDA. Ils n’hésitent à faire du scandale quand les droits perçus sont maigres. Pourtant, il existe des voies légales pour réclamer leurs droits.

B.T. : C’est un point sensible, certains s’enflamment et cela est déplorable pour notre image. Nous sommes des leaders d’opinion et notre comportement se doit d’être exemplaire. Le BBDA est notre maison à tous et si un artiste sent que son droit n’est pas respecté, il peut poser un recours et cela y va de notre intérêt.

S. :D’aucuns disent que vos problèmes sont empirés par l’inégalité des cachets entre artistes nationaux et étrangers. Partages-tu cet avis?

B.T. : Si un promoteur organise un spectacle, il est libre d’inviter l’artiste de son choix. Mais si c’est l’Etat qui organise une activité culturelle, le bon sens voudrait qu’il fasse la promotion des artistes locaux. Nous sommes pour le brassage culturel, mais il faut qu’on nous traite sur le même pied d’égalité.

S. : Mais les artistes burkinabè ont la possibilité de refuser ces petits cachets.

B.T. : En fait, pour comprendre les autres, il faut se mettre à leur place. Un artiste qui n’a pas eu un marché de 50 000 FCFA dans l’année, je vois mal que ce dernier puisse refuser une offre de 150 000FCFA. Nous n’allons pas se fermer culturellement, mais qu’on donne les mêmes avantages à tous. S’il y a les moyens, les artistes pourront sortir de bons produits pour mieux exporter notre culture au-delà de nos frontières.

S. : Le statut de l’artiste va-t-il résoudre tous ces problèmes?

B.T. : C’est une des solutions, l’avantage, c’est qu’on nous reconnaisse comme des travailleurs. Mais pour que le statut nous soit bénéfique, il faut d’abord que notre travail marche et qu’on puisse payer nos impôts, d’où la nécessité de promouvoir le show- biz.

S. : Tu es aussi engagé dans l’humanitaire à travers ta caravane Song taaba qui a permis de soutenir des personnes démunies surtout victimes de la faim au Burkina Faso. Es-tu satisfait du bilan de ta caravane ?

B.T. : Je profite pour remercier le parrain de cette caravane et toute la presse qui nous ont accompagnés. Nous avons pu remettre 10 tonnes de vivres, des habits et des chaussures et nous avons terminé avec une soirée-gala de remise d’attestations. A travers cette action, nous avons été utiles. Je profite demander à l’ensemble des journalistes culturels de continuer à nous soutenir. Je remercie Sidwaya et je demande à tout le monde de travailler pour que la paix règne au Burkina Faso, pour le bonheur de tous.

Alassane KERE
Prosper DABONGOU
(Stagiaire)

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