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Implantation d’une usine de textile á Ouaga : « comment un Etat sérieux peut-il se plier face à des investisseurs », se demande Moussa Zerbo
Publié le mercredi 14 fevrier 2018  |  Le Pays




L’installation annoncée d’une usine de transformation de textile à Ouagadougou, n’en finit pas de provoquer des vagues. En effet, à travers la déclaration ci-dessous, le député Moussa Zerbo se demande comment un Etat sérieux peut accepter de se plier aux exigences des investisseurs. Lisez !

Pays reconnu comme l'un des meilleurs producteurs de coton de la sous-région, surtout grâce à sa partie Ouest où se trouve la capitale économique, le Burkina Faso n'a malheureusement pas une capacité à transformer son or blanc sur place. En conséquence, l’exportation de cette matière première ne profite presque pas aux producteurs et au pays!

Fort heureusement, une lueur d'espoir semble pointer à l'horizon, avec le turc Ayka Textile dont le président, Yusuf Aydeniz, déclarait à sa sortie d'audience avec le Premier ministre Paul Kaba Thiéba:" Dans les six mois à venir, l'usine sortira de terre".

Le coût de l'investissement est estimé à 220 milliards de francs CFA, soit 335 millions d’Euros, et l’usine créera à terme 12 000 emplois.

C’est un projet salutaire. Mais, la grande déception vient du choix du lieu d'implantation de cette usine qui n’est autre que la capitale politique, Ouagadougou, au détriment de la capitale économique, Bobo-Dioulasso, qui, mieux, est pourvoyeuse de la matière première qu'est le coton.

Jadis, cette ville et ses alentours faisaient la fierté de notre pays de par les immenses potentialités qu'ils offraient sur tous les plans: Productions céréalière, cotonnière, fruitière, maraîchère ; ressources halieutiques, etc.

Nous savons également que toute usine exige beaucoup en matière d'eau. Cette denrée est justement en abondance à Bobo-Dioulasso.

Une usine telle que la SAVANA, qui transformait les fruits et légumes en jus, en purée de conserve (tomate, confiture,...) et dont les produits étaient prisés dans la sous-région, a dû être bradée. La SIFA, première en production de motocyclettes et vélos, a disparu. La SOFAPIL Winner agonise depuis des mois à cause de 800 millions de francs d'impôts impayés. La liste est longue, si longue que l'on ne pourrait pas l’épuiser.

Avec cette usine de transformation de textile, il y a une réelle opportunité de soulager la souffrance de nos producteurs de coton, et de redonner un nouveau souffle à Sya. Hélas! Notre gouvernement se penche pour l’implantation de l’usine à Ouagadougou, loin de la matière première, loin des ressources en eau, malgré les surcoûts. La raison avancée est que c’est l’investisseur qui a choisi Ouagadougou. Cet argument ne tient pas, d’autant que l’Etat burkinabè détient 45% des actions. D’ailleurs, comment un Etat sérieux va-t-il se plier ainsi face à des investisseurs ?

L’implantation de l’usine à Ouagadougou va engendrer des frais supplémentaires pour le transport. Nous pensons que, du point de vue de la situation géographique, par rapport au chemin de fer qui nous relie au port d'Abidjan, le pays gagnerait à implanter cette usine à Bobo-Dioulasso.

Loin de nous un esprit régionaliste ! C'est une question de bon sens!

Chers promoteurs et actionnaires, prêtez attention aux nombreux cris de cœur du Grand Ouest!

Pour terminer, nous invitons solennellement les hommes politiques bobolais de tous les bords, les organisations de la société civile et les autres leaders d’opinions, à surpasser les divisions pour défendre ce qui est bien pour le Burkina Faso et pour la ville de Bobo-Dioulasso.

Dans ce sens, nous les inviterons bientôt à signer une pétition à l’intention de nos plus hautes autorités.

Ouagadougou, le 12 février 2018

Moussa ZERBO,

Député à l’Assemblée nationale

Email : zerbom@gmail.com
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