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Irrégularités relevées à la SONATUR : c’est un épiphénomène
Publié le vendredi 2 fevrier 2018  |  Le Pays




La cour des comptes a procédé le 25 janvier 2018, à la remise de son rapport public d’activités de contrôle 2016 au président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. L’institution de contrôle, dont il faut saluer au passage le travail, a contrôlé la gestion de 5 structures dont la société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) exercices 2012-2013 et la société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) exercices 2014-2015. Ces contrôles ont mis en relief des irrégularités dans la gestion desdites entités. Elles se déclinent en termes de non-respect de la réglementation générale des marchés publics, de non-respect de la gestion des projets, de subventions irrégulières, et d’absence de procédures transparentes dans la gestion des parcelles. Parmi toutes les structures contrôlées, le cas de la SONATUR mérite que l’on s’y arrête. En effet, et pour appeler les choses par leur nom, cette institution est le symbole de la mal-gouvernance dans tous ses états. Et voici les preuves. Dans le rapport, il est mentionné en ce qui la concerne ceci : dans le cadre de l’attribution d’une parcelle, la superficie et le prix du mètre carré ont été décidés par le ministre sur instruction de la présidence du Faso. Tout chose, qui selon la cour, comporte des risques de favoritisme. Il est aussi mentionné dans le rapport que la SONATUR a octroyé des prêts à des sociétés sans intérêts. Et le chapelet des manquements de la SONATUR ne s’arrête pas là. En effet, 36 agents ont bénéficié de prêts de 2 à 3 ans sans intérêts. Ces prêts vont de deux millions à 10 millions pour finir, la cour a relevé que la SONATUR ne reverse pas la TVA sur les avances payées par les clients. L’on vous épargne de la suite des griefs, tant ils sont nombreux. Le constat est clair et implacable. La gestion de cette boîte à sous est digne du Gondwana. Tout s’y fait dans l’opacité et dans le mépris des textes de la République. Des prêts irréguliers sont accordés à des femmes et à des hommes qui y travaillent. Et le comble, c’est que les créances ne sont pas recouvrées. Toutes ces pratiques éhontées devraient susciter l’indignation et la colère chez tous ceux qui ont de l’amour pour le Burkina et qui ont la conviction que la mal-gouvernance a un antidote. C’est la justice. C’est cette institution qui doit faire rendre gorge à tous ceux, sans exception, qui ont trempé la main dans le cambouis.

Le peuple burkinabè, le lui demande. Car, il ne sert à rien de contrôler des administrations publiques chaque année, de recenser les manquements, de les consigner dûment dans un joli rapport et de ne leur accorder aucune suite judiciaire. Cette façon de faire relève de l’absurdité. Et cela est d’autant plus absurde que l’on utilise l’argent du pauvre contribuable pour procéder aux enquêtes. Et l’absurdité se répète chaque année que Dieu fait.

Au finish, la cour des comptes court le risque d’être perçu par les Burkinabè comme une institution « gadget » uniquement destinée à amuser la galerie et à donner à l’opinion l’illusion que l’on ne badine pas avec la mal-gouvernance. C’est cette réalité triste explique que les irrégularités récurrentes relevées chaque année par la cour des comptes, n’étonnent pas outre mesure les Burkinabè. D’ailleurs, elles sont en passe d’être des épiphénomènes ce sens qu’elles ont tendance à ne plus choquer. Les plus pessimistes croient dur comme fer qu’elles sont frappées du sceau de la fatalité. Il faut de manière impérative inverser les tendances. Car, le Burkina Faso a souffert et souffre encore de la mal-gouvernance de façon générale et de celle des sociétés d’état de façon particulière. A l’origine de ce grand mal qui pose plombe le développement du pays, l’on doit pointer l’impunité. Et les dirigeants indélicats de ces sociétés sont conscients que ce n’est pas de simples rapports de contrôle qui peuvent les inquiéter. Amadou Kourouma avait écrit dans le « Soleil des indépendances » que les 2 morceaux les plus « viandés » de l’indépendance étaient la direction de la coopération agricole et la direction de la sous-section du parti unique. Au Burkina, l’on peut affirmer que les 2 morceaux les plus « viandés » de la République sont la direction d’une société d’Etat et le fait d’être un « mogho puissant » du parti au pouvoir. Cette image fera certainement des grincements de dents. Mais n’empêche car, c’est ça qui est la vérité. Celle-ci a l’avantage de rougir les yeux sans toutefois les éclater.
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