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Accident à Koudiéré : plus de peur que de… morts
Publié le mercredi 31 janvier 2018  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse par DR
Accident sur l’axe Koudougou-Sabou : quatre morts et une cinquantaine de blessés




Dame Rumeur avait vite donné une vingtaine de morts comme bilan de l’accident qui s’est produit en début de soirée le 29 janvier 2018 à Koudiéré, localité située à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou sur la RN1. Le bilan réel fait plutôt état de dix-neuf personnes blessées dont deux assez gravement. C’est ce qu’a occasionné la collision entre un car d’une société de transport en provenance de Dédougou et un camion stationné sur cet axe, Ouaga-Bobo. Au lendemain de l’accident qui a donc causé plus de peur que de… morts, une équipe de L’Obs. s’est rendue sur les lieux dans l’optique d’en savoir davantage.

Mardi 30 janvier 2018, il est 11h 42, et Aboubacar Yé, seul, se démène comme un beau diable pour monter l’un des pneus de son camion. Il transportait des tourteaux qu’il avait chargés à la Société nouvelle huilerie et savonnerie, CITEC, basée dans la capitale économique du Burkina Faso. Dans la nuit du samedi 27 janvier, alors qu’il était à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou, l’un des pneus éclate, un roulement se brise, l’obligeant à stationner à quelques mètres de la Brigade de gendarmerie de Tanghin-Dassouri. Il croyait que ses ennuis allaient finir vite, mais c’était sans compter avec le «choc violent » dont son véhicule a été l’objet deux jours plus tard aux environs de 18 h.

«J’étais dans le véhicule, le car qui nous a percutés venait de Bobo. J’en ai aussi aperçu un autre chargé de clinker, qui venait de Ouaga. Celui qui nous a cognés roulait à vive allure, il a certainement voulu faire un dépassement et, vu que ce n’était pas possible, il a heurté violemment mon camion, le déplaçant sur une vingtaine de mètres », raconte Aboubacar Yé. Toujours selon son récit, le véhicule qu’il conduisait n’est plus en état de rouler puisque son châssis a été brisé sur les deux flancs de l’engin. Le travail (montage de la roue) auquel il s’échinait ne visait plus donc qu’à permettre de déplacer le camion sur le bas-côté de la voie en attendant qu’un autre vienne assurer le reste du trajet. Il ne cache pas la frayeur qu’il a ressentie aux premières heures de l’accident, mais dit louer Dieu parce qu’on aurait pu enregistrer «beaucoup de cadavres ». «Il y a eu des blessés, qui ont été enlevés du car, mais ce sont les blessures du conducteur qui sont très graves. Il était vraiment coincé », décrit le chauffeur qui conduit depuis 5 ans.

Après l’incident, la zone concernée était subitement noire de monde comme si l’alerte avait été sonnée dans toutes les concessions environnantes. C’est ce que nous confie le vieux Issaka Kaboré. Il prenait son thé dans une boutique qui fait pratiquement face à la scène. «J’ai vu des accidents, mais celui-ci était vraiment d’une extrême violence. J’avais la chair de poule en arrivant sur les lieux. C’est un car de la société de transport STAF qui est entré en collision avec un camion en panne. La tristesse se lisait sur tous les visages. Nous nous attendions même à retirer beaucoup de cadavres du véhicule, mais, Dieu voulant, il n’y a pas eu de mort», dit-il. Concernant le nombre de blessés, il n’a pas de chiffre précis, mais estime avoir vu quatre à cinq véhicules de sapeurs-pompiers. «Les agents ont abattu un bon travail, ils ont évacué les blessés vers Ouaga. Au moment où je quittais les lieux, il y avait une dame qu’ils ont aidée à se tenir debout mais elle n’arrivait toujours pas à marcher», indique Issaka Kaboré.

«Je me demande si les cars sont effectivement plombés »

Mme Colette Kabré, la gestionnaire de la boutique en question, situe le drame entre 18h et 19h et dit ne s’être pas précipitée directement sur les lieux, car ayant à sa charge deux enfants. Quant à ce qui pourrait être la cause de cet accrochage, elle se fie à la volonté divine. «Les gens disent que le chauffeur du car de la société de transport roulait à une vitesse excessive. Je n’étais pas à bord pour le confirmer et je crois que c’est lui seul qui pourrait expliquer ce qui s’est passé », soutient-elle. Mais selon un autre interlocuteur, qui a requis l’anonymat, le facteur vitesse n’est pas à écarter dans cette affaire. « Le camion stationné avait un triangle, le chauffeur l’a certainement vu. Il a voulu effectuer un dépassement mais il n’a eu d’autre choix que de percuter ce camion, puisqu’il y a un autre véhicule qui venait d’en face. Je me demande si les cars sont effectivement plombés comme l’Etat l’a exigé entre-temps », déclare l’intéressé. Il a aussi salué le travail des forces de l’ordre qui ont accouru illico presto sur les lieux puis ont permis, entre autres, d’extirper les blessés du véhicule, de réguler la circulation et surtout de veiller à ce que les bagages des passagers ne soient dérobés par de tierces personnes. Il évalue les accidentés à une vingtaine dont deux dans un état assez préoccupant. Selon ses propos, l’accident impliquant cette société de transport intervient une semaine jour pour jour après celui de Sakoincé (1). «Mieux vaut arriver tard que jamais», conseille-t-il aux chauffeurs.

«Je ne roulais pas à vive allure »

Passé cet épisode, nous mettons le cap sur le District sanitaire de Boulmiougou, censé accueillir les blessés. «Ce n’est pas la même équipe que celle d’hier soir, nous ne pouvons pas vous renseigner, à moins que vous vous référiez au secrétariat du M-CD (Médecin-chef de district) », nous oppose un agent de santé qui, visiblement, n’est pas au courant de l’accident de Koudiéré. Son M-DC, le Dr Noël Nacoulma, lui ne semble pas surpris puisqu’il en avait déjà été informé aux premiers instants. Cependant, dit-il, les accidentés ont été évacués au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo : aux urgences traumatologiques, se trouve effectivement Tenga Kaboré, le chauffeur de la société de transport impliquée. «J’avais quitté Dédougou pour Ouaga. A l’entrée de Tanghin-Dassouri, avant d’atteindre la Brigade de gendarmerie, il y a un ralentisseur. J’ai donc ralenti, mais il y a un véhicule qui venait d’en face, il avait braqué ses phares sur moi, du coup je ne voyais plus rien et j’ai heurté un camion qui était stationné. Je ne roulais pas à vive allure», explique le transporteur. Il soutient, en outre, n’avoir pas vu de signal qui lui indiquait un camion immobilisé. «J’étais coincé avec un autre passager, j’ai eu une fracture à la cuisse. Le convoyeur est blessé. Parmi mes apprentis, le petit a eu un choc au front et l’autre a eu un pied perforé par un fer. Mais ce n’était pas très grave, certains sont passés me rendre visite », ajoute Tenga Kaboré. Il assure également que le plombage des véhicules est effectif dans la société où il sert et que ce serait une des conditions sine qua non de la visite technique.

Une dizaine de personnes étaient aussi au chevet du conducteur dont l’apprenti Issouf Kouanda qui a eu le choc au front.


Aboubacar Dermé
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