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Transport en commun à Ouagadougou : la SOTRACO sur cale ?
Publié le jeudi 25 janvier 2018  |  L`Observateur Paalga
SOTRACO,
© Autre presse par DR
SOTRACO, Transport en commun à Ouagadougou




Pannes sèches à répétition, documents non en règle, fonds de roulement épuisé… la Société de transport en commun de Ouagadougou (SOTRACO) ne roule plus bien, selon des travailleurs qui n’en finissent plus de déplorer ses multiples pannes. Nous en avons rencontré certains, le 9 janvier 2018, qui ont souhaité garder l’anonymat pour éviter d’éventuelles représailles de la direction. D’un contingent de 28 cars, à ses débuts en 2003, l’entreprise se trouverait aujourd’hui avec seulement quatre bus opérationnels. Ployant sous le poids des dettes, elle ne serait plus à même de payer les salaires de ses employés. Et si elle n’est pas encore totalement sur cale, c’est parce qu’elle est biberonnée par l’Etat, qui verse depuis six mois le salaire des agents. « SOTRACO a disparu. Elle a fini de bouffer son capital. Banques et fournisseurs sont à ses trousses », affirment-ils. Pendant ce temps, le DG Pascal Tenkodogo reste inaccessible malgré nos sollicitations répétées.


Ces rumeurs dans la ville sur SOTRACO, plus d’un les a entendues. Depuis quelques mois, voire une ou deux années, des supputations font état d’une situation financière catastrophique de la société de transport en commun dont l’Etat est actionnaire à 10% et la mairie à 15%. « Elle ne roule plus comme avant. Parfois, ce sont des heures d’attente ; souvent des jours creux », déplorent, amers, nombre de ses clients rencontrés à la place Naaba Koom dans la matinée du lundi 15 janvier. Cette société de transport urbain ne serait que l’ombre d’elle-même, répètent-ils en chœur.

« SOTRACO a disparu puisque son capital a été bouffé depuis longtemps. C’est la volonté politique qui fait qu’elle est encore là. Banques et fournisseurs sont à ses trousses. Le bureau du DG a été saisi par Faso commerce par voie d’huissier il y a environ six mois», confie l’un des travailleurs.

En 2016, l’on se rappelle qu’ils avaient déjà alerté l’opinion du péril qui guettait leur société. En effet, une plainte avait été déposée contre le DG et le PCA pour mauvaise gestion. Mais que ne fut leur grande surprise ! Leur plainte est restée sans suite. Comme par un étrange effet boomerang, c’est même eux qui se sont retrouvés dans le box des accusés pour diffamation. Ils furent condamnés avec sursis et d’une amende de 150 000 francs CFA à verser chacun. Une condamnation contre laquelle leur avocat, Maître Farama, avait interjeté appel, lequel est resté sans suite jusqu’à nos jours. A les entendre, l’administration, suite à la plainte en justice, a rompu le fil déjà ténu du dialogue. « Aujourd’hui, c’est la chasse aux sorcières qui est orchestrée par le DG contre les vrais travailleurs. Si tu n’es pas acquis à sa cause, tu es un ennemi à abattre », explique un conducteur de bus, en faisant attention à ce qu’une quelconque oreille indiscrète ne traîne par là.

Sur les quelques bus qui assurent encore le « service minimum », un bon nombre n’a pas de plaques d’immatriculation. Les délégués des travailleurs disent même qu’ils n’ont ni assurance ni carte grise. En cas d’accident, selon leurs dires, la direction demande aux chauffeurs de remettre leur permis de conduire pour qu’on ne conduise pas le bus à la fourrière pour faute de documents. En plus de tout cela, les travailleurs égrènent, entre autres, les pannes sèches de plus en plus récurrentes. « Parfois les bus que vous voyez stationnés, ce n’est pas toujours pour des pannes techniques. C’est le carburant qui est souvent fini. Même l’huile de direction des véhicules, il faut la prélever sur les bus sur cale pour compléter et rouler », témoigne un autre.

Pourtant cette société de transport urbain, dans ses beaux jours, avait donné le sourire à ceux qui ne peuvent se payer le luxe de s’acheter un moyen de transport. Aujourd’hui, travailleurs et usagers affichent une incompréhension. « Pourquoi malgré la subvention de l’Etat (650 millions de francs CFA par an, soit 54 millions par mois), la direction n’est pas en mesure de payer les salaires, soit à peu près 25 millions ?

La SOTRACO ne fonctionnant pas à crédit, car tickets, abonnements et locations des bus se payent cash, où vont ces recettes ? »

La seule explication qui vaille serait un problème de gestion de la part du PCA, Saaga Joseph Ouédraogo, en poste depuis 2006, et de son DG, Pascal Tenkodogo.

Le fonds de roulement de la société est épuisé. Depuis six mois, c’est l’Etat qui la biberonne notamment en versant le salaire de ses employés. Les travailleurs licenciés n’ont que leurs yeux pour pleurer avec des convocations de l’inspection du travail qui restent sans effets. Les derniers en date sont les 7 contrôleurs de bus dont les contrats n’ont pas été renouvelés alors qu’il existe une conciliation partielle sur les CDD en vertu de laquelle les travailleurs qui ont au moins deux ans d’ancienneté ont droit automatiquement à un CDI. « Les contrôleurs dont les contrats n’ont pas été renouvelés le 1er janvier dernier remplissent ces conditions », clament-ils.

Avec un tableau de bord aussi sombre, les travailleurs, même avec une boule de cristal, ne savent pas quel sera l’avenir de la SOTRACO. « Il y a de nouveaux bus qui seront mis dans le circuit. Mais nous ne saurions dire qui prendra les rênes de la société. Est-ce l’Etat ou la commune de Ouagadougou ? Pour le moment, nous n’en savons rien », disent les employés que nous avons rencontrés.

Alors que ses collaborateurs l’accusent d’avoir hypothéqué l’avenir de l’entreprise auprès des banques (terrains, bus, bâtiments), et que la crise couve depuis 2016, l’ex-directeur des affaires administratives de la SONAPOST et actuel directeur général de SOTRACO, Pascal Tenkodogo, reste inaccessible.


Lévi Constantin Konfé
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