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Cours du soir : une école de la seconde chance
Publié le mardi 23 janvier 2018  |  Sidwaya




Exclus du système éducatif classique ou désireux d’obtenir un diplôme supplémentaire ou encore d’apprendre à lire et à écrire, de jeunes déscolarisés et des adultes non scolarisés, trouvent « refuge » dans les cours du soir. En quête d’une école de la dernière chance, nombreux sont ceux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu.


Fadilatou Badjé est assise sur la première table, 2e rangée de la classe de CM2, section cours du soir du Groupe scolaire Saint-Viateur de Ouagadougou. Les bras croisés, elle suit d’un air curieux le cours d’arithmétique. En cette soirée du vendredi 24 novembre 2017, Fadilatou et une soixantaine d’autres apprenants reçoivent les rudiments nécessaires pour affronter l’examen du Certificat d’études primaires (CEP) en fin d’année scolaire. Elle a rejoint l’école de la nuit, suite aux difficultés financières de ses géniteurs. A 12 ans, Mlle Badjé n’a plus le temps dans la journée pour se consacrer à l’école. « Je travaille beaucoup », dit l’aide-ménagère. Elle est en quête du précieux sésame à même de lui ouvrir les portes du collège pour la 2e année consécutive. « Après le CEP, je veux continuer les cours pour obtenir le BEPC et le BAC », confie-t-elle. Son rêve de devenir médecin ne s’est pas encore envolé. Non loin d’elle, Ibrahim Zoumba, 21 ans. Contrairement à Mlle Badjé, il cherche à améliorer son « français ». Apprenti en vitrerie et menuiserie bois, son CEP lui servira à mieux communiquer avec ses clients et à bien rédiger ses factures. « Comme je n’ai pas assez de temps dans la journée, je me suis inscrit au cours du soir », dit-il. Pour la seule année scolaire 2017-2018, le Groupe scolaire Saint-Viateur accueille 992 élèves dans 23 classes, au cours du soir. « Nous avons commencé avec les cours du jour. Nous avons senti le besoin d’ouvrir les cours du soir en 2005. Petit à petit, cela a pris de l’engouement », explique le censeur Marcel Tiemtoré. Par ricochet, le Groupe scolaire y a dédié un personnel « qualifié », notamment un censeur, des surveillants, un secrétariat et une intendance. En une douzaine d’années d’existence, les cours du soir au Saint-Viateur font parler d’eux. Pour Babou Bakala, instituteur, Fadilatou Badjè a des raisons d’être optimiste. 15 ans plus tôt, il y a décroché le BEPC et le Baccalauréat. Issu d’une « famille pauvre », M. Bakala suit un cursus scolaire des plus reluisants au primaire, grâce à l’assistance d’un aîné, vivant en Côte d’Ivoire. « Du CP1 jusqu’au CM2, tout allait bien, j’étais parmi les meilleurs de ma classe, toujours parmi les trois premiers », relate-t-il. En 2002, il est primé meilleur élève au CEP du département de Ténado, dans le Sanguié. La même année, sa vie scolaire bascule. La crise ivoirienne ampute le « bras financier » de la famille. Un autre frère prend la relève, vend ses pintades et réunit 10 000 FCFA pour que Babou s’inscrive au collège. Mais, il ne pourra pas régler le reliquat de 20 000 F CFA au terme du 1er trimestre, comme convenu. Renvoyé à plusieurs reprises pour cause d’impayés, il abdique et quitte son Doudou natal pour Koudougou où, il enchaine les petits boulots. Sur conseil de sa tutrice, il rejoint un oncle à Ouagadougou, qui lui propose de reprendre l’école, mais en cours du soir. Sur ces mots, son visage s’illumine, sa mine se décontracte…mais une goutte de larmes le trahit. Toutefois, il esquisse un petit sourire et lâche : « J’étais très content. J’aimais vraiment l’école et il venait de m’offrir une seconde chance».

De l’école de la nuit
à l’ENAM

Cette chance, il la saisit et commence les cours du soir au Saint-Viateur, pendant l’année scolaire 2003-2004. Dans la matinée, Babou était occupé à effectuer les travaux domestiques ou, à contrôler les chantiers de construction du tuteur. « J’étais un peu le boy », confie le jeune homme. Babou Bakala finit le collège avec le BEPC dans la poche, dès le premier tour en 2008. « J’ai continué en 2nde A4, 1re A4 et TleA4. J’ai également obtenu le Baccalauréat, au premier tour à la session de 2012 », déclare-t-il, tout fier. Avec son premier diplôme universitaire, il s’inscrit en Droit à l’université Ouaga II, où il est en année de licence. « Mon secret ? Bosser les temps libres, surtout après les cours à partir de 22 heures ». Aujourd’hui, il affirme haut et fort : « J’ai réussi grâce aux cours du soir. Je n’ai pas honte de le dire ». Sylvain Bayala l’exprime aussi fièrement. « Les cours du soir sont une très bonne initiative, surtout pour ceux qui savent pourquoi ils y sont », dit l’énarque de 36 ans. C’est d’ailleurs à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) qu’il nous reçoit. Il y a intégré en 2016, suite à son admission au concours de la magistrature. Entre deux séances de cours, il se remémore ses « mésaventures » scolaires. Alors que Sylvain est admis en classe de 3e en fin d’année scolaire 1995-1996, son cursus scolaire butte sur les difficultés financières des parents. Après un détour en Côte d’Ivoire où, le natif de Réo apprend la menuiserie, il revient au bercail. L’apprenti menuisier se reconvertit en jardinier, puis agriculteur. En 2001, il devient «représentant évangéliste» et vendeur de livres saints pour le compte d’une église, à Ouagadougou. Après 12 ans d’errance, Sylvain reprend les cours sur les conseils d’un aîné. C’est au Groupe scolaire Saint- Viateur qu’il trouve le « salut ». En 2006, il s’y inscrit en la classe de 3e. Il obtient le BEPC au premier tour, à 27 ans. Et le Bac A4, en 2010, au premier tour aussi. Sylvain Bayala y voit plutôt de la chance, de la grâce de Dieu et surtout beaucoup de courage et de détermination. «Je me promenais avec mes cours. Lorsque j’arrivais dans un endroit où je dois attendre un peu, je commence à apprendre mes leçons », soutient l’énarque. Les week-ends, le jeune Bayala avait intégré des groupes d’élèves des cours du jour, notamment en classes d’examen, pour des exercices dans les matières scientifiques.

« J’apprenais plus les matins à partir de 3h30 »

A l’université Ouaga II, il s’inscrit en Droit, obtient une maîtrise et un master II en droit international public, à l’Institut supérieur de droit international humain (ISDIH). Valentin Moumbla, quant à lui, s’est inscrit avec son « Bac cours du soir » à l’université Ouaga I Joseph-Ki-Zerbo. C’est en 5e que commence la galère de Valentin. Son oncle qui s’acquitte des frais de scolarité le conseille de s’inscrire dans le centre de formation agricole de Nanoro, pour apprendre à faire quelque chose de ses dix doigts le plus tôt possible, parce qu’à bout de souffle. Le jeune s’exécute et obtient le CAP agricole. L’aîné tient « promesse » et l’abandonne. Le jeune Moumba rentre dans sa famille à Ouagadougou, en 2002. Sans soutien pour s’installer à son propre compte ou pour poursuivre ses études, il s’essaie d’abord à la soudure, ensuite à la mécanique et enfin se spécialise à la menuiserie. Grâce aux économies réalisées, il s’inscrit en 2010, en 2ndeA au cours du soir au complexe scolaire Le Réveil. « Je tenais vraiment à continuer l’école. Au Réveil, j’avais un seul objectif, avoir le Baccalauréat ». Trois ans plus tard, Valentin Moumba échoue à son examen au second tour. Mais, il ne démord pas. « J’ai encore tenté ma chance et j’ai décroché le Bac en 2014, au premier tour », se réjouit-il. Quand il est reparti sur les bancs, Valentin dit avoir souffert le martyre, surtout à partir de la classe de Terminale. Ses départs pour la classe, aux environs de 15 h et 17h30, agacent son patron. « Il m’a dit de choisir entre l’atelier et son école », confie Valentin. Il esquisse un sourire, avant d’interroger : « Est-ce que dans cette situation-là, on a besoin de réfléchir ? ». Il quitte ledit atelier et ouvre un autre à domicile, avec l’aide de certains amis et comptant sur des clients avec qui il avait noué de bonnes relations. Pour apprendre les leçons, Valentin avait opté pour le petit matin. « Quand je reviens à 22 h, j’essaie de bosser un peu. Mais, j’apprenais plus les matins. A partir de 3h30, je me réveille pour bosser jusqu’à 6h-7h avant d’aller à l’atelier. Les deux heures me permettaient de retenir quelque chose. En ce moment, c’est calme, personne ni rien ne te dérange », indique M. Moumba. Marié et père d’une fille, il est en 2e année de Sociologie à l’université Ouaga I Pr Joseph-Ki-Zerbo, dans l’optique d’obtenir la licence.

485 cours du soir reconnus en 2016

Pour Babou Bakala, Sylvain Bayala et bien d’autres, les cours du soir apparaissent comme un moyen de récupération, d’insertion et de formation des «délaissés» et « éliminés » du système éducatif officiel. Ces cadres d’études jouissent d’une reconnaissance légale (depuis 1995 pour le secondaire et 2004 pour le primaire). « Au regard de l’ampleur que prennent ces cadres d’apprentissage, il a été mis en place un certain nombre de dispositifs règlementaires pour les encadrer. De même, il existe un cahier de charges spécifiques aux ordres d’enseignement : primaire, post-primaire et secondaire », étaye le Directeur de l’enseignement général privé (DGEGP), Karim Kaboré. Ledit document fixe le volume horaire par matière (au moins la moitié des heures dispensées dans le système classique) et les conditions d’enseignement dans les cours du soir. Il est aussi fait obligation à tout promoteur de se conformer au programme officiel d’enseignement et de disposer d’un système d’éclairage dans les salles de classe. Enfin, « il s’engage à fournir des rapports de rentrée sur la situation matérielle et morale de l’établissement et se soumet aux contrôles des autorités de tutelle », argue M. Kaboré. Pour le compte de l’année scolaire 2016-2017, 220 écoles de nuit au niveau du primaire, 256 du secondaire général et 9 du secondaire technique étaient en règle vis-à-vis de ces dispositions. 49 043 apprenants y ont suivi les cours, dont 11 778 élèves au primaire, 36 332 au secondaire de l’enseignement général (17 289 à Ouagadougou) et 933 au secondaire technique (759 dans la capitale). Les syndicats de l’éducation s’impliquent également dans la promotion des cours du soir. Depuis 1983, ils ont porté sur les fonts baptismaux l’Ecole démocratique et populaire (EDP). 58 centres locaux de l’EDP sont fonctionnels dans 44 provinces, consacrés essentiellement à l’enseignement général post-primaire et secondaire. Le rapport général d’activités de la direction nationale de l’EDP de l’année scolaire écoulée a été adopté au cours de sa 23e conférence en septembre 2017. Il y ressort des taux de réussite au BEPC et au BAC plutôt « encourageants », respectivement de 12% et de 27%. En 34 ans d’existence, l’EDP a instruit 173 589 élèves et a fourni au pays des Hommes intègres plus de 12 658 diplômés, peut-on lire dans le document officiel. Les cours du soir ont le vent en poupe. En 2004, 88 promoteurs se sont regroupés au sein de l’Association des fondateurs et associations fondatrices des cours du soir (AFAFOCOS). Elle a vu le nombre de ses membres croitre au fil des années. 131 établissements ont été répertoriés en 2006. 281 cours du soir ont dispensé le savoir dans le cycle primaire et 256 au secondaire en 2016. « Aujourd’hui, nous sommes plus de 300 », ajoute, avec certitude, le secrétaire général de l’association, Adama Sawadogo, par ailleurs promoteur des cours du soir Songré (I et II). Car, indique-t-il, à chaque rentrée, les cours du soir poussent comme des champignons. De même, chacun y va selon ses moyens.

« Aider ceux qui n’ont
pas eu la chance d’aller
à l’école »

Lucien Bangré, instituteur certifié à l’école Zogona B, utilise les locaux de l’Etat pour accueillir les apprenants des cours du soir depuis octobre 1998. Il s’agit notamment des écoles Cité 1200 logements et Sinyiri ‘’C’’ et ‘’D’’. M. Bangré admet que « dans un premier temps, c’était dans un but lucratif ». Mais au fil des années, l’amour des cours du soir a pris le dessus. L’autorisation de faire usage des bâtiments publics lui a été accordée par la mairie de Bogodogo. « Nous ne payons rien. Mais comme nous utilisons les mêmes matériels, les tables-bancs, les tableaux, souvent, en début d’année scolaire, il arrive que je partage les tâches avec l’Association des parents d’élèves », indique M. Bangré. La simple profession de foi ouvre les portes de ses écoles. « N’importe qui peut venir s’inscrire dans n’importe quelle classe, vous venez vous présenter, dire la classe que vous voulez fréquenter et on vous inscrit », explique-t-il. C’est ce qui explique, selon lui, les faibles taux de réussite aux examens. Peut être enseignant du primaire dans les cours du soir promu par Lucien Bangré, toute personne titulaire du BEPC, mais avoir le CAP est un atout. Pour ceux du secondaire, il dit exiger au minimum le DEUG II. L’idée de promouvoir les cours du soir est née autour d’un «grin» de thé chez Adama Sawadogo, en 1986. L’année d’après, il inaugure Songré au sein de l’école primaire de Gounghin Sud, avec trois classes multigrades et 32 élèves. Trois décennies plus tard, M. Sawadogo est fier de ce qui a été accompli : plus de 1 200 apprenants inscrits dans deux cours du soir, Songré I et II et répartis dans 24 salles de classe, du CP1 à la Terminale. L’établissement est ouvert à toute personne présentant ou non une attestation de niveau. En fonction de la classe, les apprenants paient entre 13 000 F CFA et 30 000 F CFA. Pour le promoteur, c’est le service rendu à autrui qui compte et non les considérations pécuniaires. « Notre objectif est d’aider ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école de s’instruire et ceux qui, pour des raisons diverses, n’ont pas pu achever leur scolarité », explique Adama Sawadogo. De 18h30 à 21h00, la vingtaine d’enseignants s’évertuent à assurer au moins 15 heures de cours par semaine. Nombre d’entre eux sont des «fruits» de cet établissement.

Chacun y trouve
son compte

Le Groupe scolaire Saint-Viateur propose des cours de tous les niveaux, primaire, post-primaire et secondaire, à l’école de nuit. Le recrutement se fait sur présentation d’anciens bulletins et paiement de 16 000 F CFA à 56 000 F CFA comme frais de scolarité. «On tient compte aussi de ceux qui n’ont jamais été à l’école. Nous faisons un entretien pour évaluer leurs niveaux avant de les conseiller sur le choix de la classe qu’ils peuvent fréquenter», explique le censeur. Pour les élèves des classes d’examens, il n’y a pas de circonstances atténuantes. Tous les candidats pour la 3e et la Tle sont soumis à un test. « La demande est forte. On ne peut pas accepter tout le monde », soutient Marcel Tiemtoré. A l’en croire, c’est grâce à cette fermeté que le Saint-Viateur a pu obtenir, au terme de l’année scolaire écoulée, 50% de succès au CEP, 42 admis sur 120 candidats au BEPC et une quinzaine de bacheliers sur une soixantaine d’élèves présentés. «Je pense vraiment qu’on peut mieux faire», estime M. Tiemtoré. D’un cours du soir à un autre, les réalités diffèrent. Ce qui fait l’unanimité en leur sein, c’est le profil des apprenants. Des déscolarisés du système éducatif classique, aux adolescents et adultes jamais scolarisés, désireux d’apprendre à lire, à écrire et à compter, en passant par ceux qui souhaitent acquérir des diplômes supplémentaires ou améliorer leur niveau. « Nous sommes ouverts à tout le monde, à tous les niveaux », résume Lucien Bangré. L’âge et la profession ne sont pas un handicap pour s’inscrire aux cours du soir. Enfants, adolescents, et adultes, servantes, commerçants, coiffeurs, menuisiers, militaires, policiers, aide-soignants, chacun y trouve son compte.

Aucune visites
des services techniques du MENA

Les élèves des cours du soir semblent être les oubliés du système éducatif burkinabè. En effet, le texte règlementaire qui régit les classes de nuit date de 1995 pour le post-primaire et de 2004 pour le primaire. A tout point de vue, il est désuet. Les promoteurs de cours du soir occupent très souvent des locaux d’autres établissements. Pour les édifices publics, une autorisation leur est délivrée par les autorités municipales. Entre l’école primaire Gounghin Sud et les cours du soir Songré, ce n’est pas toujours le parfait amour. Adama Sawadogo évoque une « collaboration assez difficile souvent ». « Quand vous êtes habitués à dormir seul sur votre lit, et que quelqu’un d’autre vient s’ajouter, la cohabitation dévient difficile. Vous vous sentez bizarre sur votre propre lit », résume-t-il, leur vingtaine d’années de vie commune. A ce jour, les écoles de nuit connaissent l’abandon des autorités de tutelle. La dizaine de cours du soir que nous avons sillonnés, aucun n’a reçu la visite des inspections de l’éducation. «On n’a jamais eu de visites des services techniques du MENA. Jamais», insiste Marcel Tiemtoré, censeur au groupe scolaire Saint-Viateur. D’autres usent de leurs carnets d’adresse pour avoir du crédit. Le promoteur de Songré a invité des «amis de l’inspection» à rendre visite à ses élèves. Cela permet d’encourager les apprenants. Ces établissements fournissent à chaque rentrée scolaire, un annuaire statistique sur leurs effectifs, leur situation matérielle et morale. Au regard du profil de certains apprenants, du manque de temps et du fait qu’il n’existe pas un programme d’enseignement spécifique pour les élèves des cours du soir, les enseignants ont du mal à dispenser les cours de manière convenable. «Certains apprenants ont abandonné les études, il y a longtemps, et d’autres n’ont jamais été à l’école ; c’est parfois difficile pour eux d’assimiler les cours. Il y en a qui comprennent difficilement », ajoute M. Tiemtoré. L’autre mal dont souffrent les cours du soir, ce sont les retards, l’irrégularité et le manque de rigueur de certains enseignants et apprenants. Nombre d’entre eux ont du mal à être ponctuels et réguliers. « Ils ont trois heures de cours par nuit. Il y a des gens qui passent près de 30 mn au téléphone, ce n’est pas intéressant », se plaint M. Sawadogo.

Une école, un cours du soir

Aujourd’hui, les défis d’Adama Sawadogo sont de faire renaitre l’AFAFOCOS, afin de mieux réorganiser les cours du soir. Le secrétaire général de l’association entend par réorganisation, une implication effective de l’Etat, former les enseignants, doter les cours du soir de manuels scolaires. Sa vision est de promouvoir un cours du soir dans chaque école. « Si nous y parvenons, en 10 ans, toute la population sera alphabétisée, tout le monde saura lire et écrire », confie M. Sawadogo. L’énarque Sylvain Bayala soutient également cette thèse. Pour lui, une frange importante de la société se rabat sur les cours du soir, pour se donner une seconde chance d’apprendre, d’acquérir des diplômes. Il nous faut une politique pour mieux l’intégrer dans le système scolaire, estime-t-il. Au MENA, on veut d’abord toiletter les textes en vue de les adapter aux réalités du moment. « Cela permettra de rendre plus efficaces ces cadres d’apprentissage qui rendent service à de nombreux travailleurs, des jeunes et adultes exclus du système classique, pour donner plus de chance de réussite », soutient Karim Kaboré.

Djakaridia SIRIBIE
dsiribie15@gmail.com

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«Les cours du soir sont un maillon important de notre système éducatif», Dr Maxime Compaoré, historien de l’éducation

«Aujourd’hui, les cours du soir sont un maillon important de notre système éducatif. Dans la loi d’orientation de l’éducation, il n’y a pas de façon claire, une place pour les cours du soir. Mais, il est mentionné que toute initiative privée qui accompagne l’Etat dans l’éducation est autorisée. On les classe dans le privé. Le recours aux cours du soir est rentré dans les mœurs. Lorsqu’on n’arrive pas à inscrire un enfant au cycle normal, on s’arrange pour qu’il puisse fréquenter les cours du soir. La demande est tellement forte. C’est aussi dû au fait qu’ils couvrent pratiquement tous les niveaux d’enseignement, du primaire jusqu’au supérieur. Aujourd’hui, ils représentent une alternative, surtout ceux qui n’ont pas le temps dans la journée ou n’ont pas les moyens. C’est qu’en réalité, on peut réussir dans les cours du soir. Nous avons rédigé des cahiers de charges pour les fondateurs dans les années 2000. Il faut remplir certaines conditions, pour être reconnu comme promoteur de cours du soir. Malheureusement, il y a beaucoup de clandestins dans ce domaine, ce qui complique l’organisation. Parfois, cela les discrédite même. Il y en a qui ouvrent et ne fonctionnent que sur 3 ou 4 mois dans l’année. Parce qu’en février déjà, le promoteur ne peut plus payer les enseignants, tout s’arrête. C’est vraiment dommage. Par contre, d’autres sont très bien organisés ».

Propos par D. S.
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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