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Grèves des enseignants : « D’autres mots d’ordre seront lancés si … », dixit Wendyam Zongo, président de la Coordination nationale des syndicats de l’Education
Publié le jeudi 11 janvier 2018  |  Le Pays
Crise
© aOuaga.com par A. O
Crise de l`éducation nationale : les enseignants dans la rue ce matin pour une marche de soutien à leurs revendications
Mercredi 10 janvier 2018.Ouagadougou.Les Enseignants dans la rue ce matin pour une marche de soutien afin d`améliorer leur statut.




En pleine grève de 72 heures pour exiger la satisfaction de leur plateforme revendicative, les enseignants du mouvement syndical ont marché dans la matinée du 10 janvier 2018 sur un circuit de 4 kilomètres environ dans la ville de Ouagadougou, pour se faire entendre. Partis de la Bourse du travail en passant par la Place des cinéastes et le rond-point des Nations unies, les enseignants ont marché sur l’avenue Kwame N’krumah pour ensuite bifurquer jusqu’à la Cathédrale avant de regagner leur point de départ où attendait un autre grand nombre d’enseignants.

Il est 9 heures passées de 10 minutes quand nous arrivions à la Bourse du travail dans la matinée du 10 janvier 2018. La Bourse du travail visiblement refusait du monde, vu la grande mobilisation des enseignants qui y ont élu leur quartier général 24 heures plus tôt. Comme pour galvaniser les troupes avant l’épreuve de la marche, la musique reggae résonne avec des morceaux du genre : « On n’est pas d’accord, la voix du peuple n’est pas d’accord » de Sana Bob, « Justice, réveille-toi, l’actualité m’oblige à te parler » de Tkiken Jah Fakoly… Une armée d’enseignants des deux sexes, très déterminés à lutter jusqu’à la satisfaction de leur plateforme. Difficile de savoir si les hommes dépassent les femmes en nombre dans cette marche, tant les enseignantes sont aussi vent debout, en grand nombre, pour le combat de leur vie. A 9h 40 mn, la marche commence. La foule avance et fait escale au rond-point des cinéastes, le temps de quelques ajustements dans les rangs, en attendant que les leaders syndicaux se positionnent en tête de peloton. Moussa Diallo, Bassolma Bazié et Juste Koumara Logobana, pour ne citer que ceux-là, sont bien là, positionnés ! Le cordon de sécurité constitué par les gros bras issus des rangs des enseignants, s’affaire activement à orienter les usagers de la route. « En avant pour la satisfaction de la plateforme revendicative des enseignants !», lance une voix dans les rangs. En chœur, les enseignants répondent en écho et scandent, par moments, des propos hostiles aux autorités. « Mobilisation et lutte pour la revalorisation de la profession enseignante », crie un enseignant, suivi en cela par l’ensemble de ses collègues en marche. Le cortège s’ébranle jusqu’au rond-point des Nations unies, emprunte l’avenue Kwame N’Krumah jusqu’à la rue qui va à la Cathédrale. Sans le moindre couac avec les usagers de la route, sans même croiser des éléments des Forces de sécurité qui étaient absentes sur le circuit de la marche.

« Notre plateforme, notre boussole »

La plateforme est la boussole des enseignants, nous a-t-on fait entendre à la Bourse du travail. Les enseignants veulent qu’on quitte d’une « éducation malade » à une « éducation de qualité », selon Wendyam Zongo, président de la Coordination nationale des syndicats de l’Education. Pour ce faire, a-t-il confié, l’Etat doit absolument satisfaire les 4 points de leur plateforme: l’adoption imminente d’un statut valorisant des personnels de l’Education, l’amélioration de la qualité de l’éducation, de l’accès à l’éducation et des conditions de travail ainsi que la revalorisation de la fonction enseignante. Jusqu’où iront-ils dans le bras de fer qui les oppose aux autorités ? A les entendre, les enseignants ne reculeront pas, jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. « Aucune politique de diversion ne peut nous distraire », a lancé un enseignant à cet effet. Les négociations en cours ne sont pas à leur goût, mais les enseignants attendent un protocole d’accord, à son avis. Quant au règlement des préoccupations syndicales « au cas par cas » qui est désormais terminé, d’après les déclarations du chef de l’Etat, les syndicalistes ont estimé qu’il faudra bien résoudre « au cas par cas » certaines de leurs préoccupations. Rappelant à l’envi des propos qui auraient été tenus par certaines autorités dans le temps et à elles attribués. Tertius Zongo, Premier ministre d’alors : « Ne marchez plus, courez, rien ne changera ». Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao : «Même les enseignants veulent un statut particulier ». Le ministre Joseph Paré : « L’enseignant qui n’est pas d’accord avec son salaire, qu’il démissionne ». 986 enseignants n’ont pas reçu leur salaire depuis 2016, pendant que des milliers attendent leur reclassement, nous a-t-on dit , entre autres, à la Bourse du travail. Il faut régler tout cela au cas par cas, a ironisé un syndicaliste. « Personne ne mettra en cause la justesse des revendications du mouvement syndical », selon le Secrétaire général fédéral du SYNTER, Souleymane Badiel. Bassolma Bazié, porte-parole du Collectif CGT-B, a appelé les syndicalistes à rester soudés pour que les préoccupations inscrites dans leur plateforme soient satisfaites. Les syndicats de l’Education ont l’appui de plusieurs autres syndicats, dont l’Unité d’action syndicale, selon son président du mois, Blaise Augustin Hien. « Nous sommes les maçons, nous avons façonné les enfants de notre pays, du plus petit au plus grand », a tenu à souligner un syndicaliste. En écho, une autre voix a martelé : « il est temps qu’on ait une considération pour les enseignants ». Le bilan de la grève devrait être fait ce 11 janvier dans l’après-midi, selon le président de la Coordination nationale des syndicats de l’Education, Wendyam Zongo. Toutefois, a-t-il prévenu, si les négociations (avec les autorités) ne vont pas dans le sens de la satisfaction de la plateforme revendicative, d’autres mots d’ordre de grève seront lancés.

Lonsani SANOGO
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