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Crise du système éducatif: Jean-Baptiste Natama accuse le gouvernement
Publié le lundi 8 janvier 2018  |  Le Pays
Burkina
© Autre presse par DR
Burkina : Un mouvement appelle à la candidature de Jean-Baptiste Natama




Ceci est une analyse signée de Jean-Baptiste Natama, à propos du bras de fer qui oppose les travailleurs de l’Education au gouvernement. L’ambassadeur accuse le pouvoir de persister dans des dépenses de prestige et demande aux parents d’élèves, élèves et à tous les Burkinabè « épris de justice et soucieux de l’avenir du pays, à soutenir le mouvement des travailleurs de l’éducation, pour une sortie rapide de crise qui permettra de sauver l’année scolaire en cours ».



Depuis quelques temps, le secteur de l’éducation nationale de notre pays est secoué par une crise grave. Cette crise, conjoncturelle en apparence, n’est en réalité que la partie visible de l’iceberg d’une crise structurelle qui affecte, depuis fort longtemps, un secteur aussi stratégique que vital pour l’avenir de notre pays tel que celui de l’éducation. En effet, l’avenir et le progrès d’une nation ne peuvent être conçus rationnellement et sereinement sans une politique sérieuse en matière de développement du capital humain dont la base est l’éducation et la formation.

Or, sur ce plan, notre pays, le Burkina Faso, affiche des performances médiocres. Dans une récente publication, j’ai indiqué que dans le dernier rapport du PNUD sur l’IDH, le Burkina était classé 185ème sur 188, juste devant le Tchad, le Niger et la RCA. Ce classement, faut-il le souligner, est en grande partie dû aux mauvaises performances du pays dans le domaine de l’éducation.

En effet, comment peut-il en être autrement avec un niveau moyen d’éducation de la population estimé à 1,3 an pour les actifs de 25 ans et plus? De même, le dernier rapport de l’ONG One classe le Burkina Faso parmi les dix mauvais élèves du monde en matière d’accès des filles à l’éducation. En outre, l’on observera que la part de budget consacrée à l’éducation nationale et à l’alphabétisation par le gouvernement (11%, en moyenne, sur ces dernières années) montre clairement que l’éducation ne constitue pas une priorité pour ce dernier.

Au demeurant, une analyse des dépenses effectuées dans le secteur, laisse transparaître clairement un énorme déséquilibre entre celles de fonctionnement et celles d’investissement, en faveur des premières. Cette réalité commande, à terme, un rééquilibrage de ces lignes de dépense non pas forcément par le sacrifice de l’une au détriment de l’autre, mais par la rationalisation progressive de la gestion des ressources budgétaires allouées. Il s’agit d’une démarche qui devra s’inscrire dans une réforme systémique et holistique de la matrice du budget de l’Etat en vue de sa mise en adéquation avec les choix prioritaires du pays. Mais, en attendant, il faut faire avec cette réalité, somme toute anachronique.

Le rappel de ces quelques données loin d’être exhaustives, bien sûr, me paraissait indispensable pour relever non seulement les incohérences qui caractérisent la politique de l’éducation nationale du gouvernement, mais aussi pour montrer le caractère structurel de la crise de l’éducation dans notre pays dont la présente crise n’est qu’une des conséquences. Après avoir relevé ces quelques faits saillants, que dire alors de la crise actuelle qui oppose le gouvernement aux travailleurs du secteur de l’éducation?

Il est évident que les travailleurs sont en droit de revendiquer l’amélioration de leurs conditions minimales de travail et que le gouvernement a l’obligation de la leur assurer, dans la mesure des ressources disponibles. A cet égard, il convient de souligner que les revendications actuelles des travailleurs de l’éducation interviennent à un moment où le gouvernement lui-même s’est livré et se livre toujours à des dépenses de prestige et à une gestion gabegique des deniers publics alors même qu’une rigueur budgétaire devrait être en vigueur.

Ainsi, sommes-nous témoins par exemple de la multiplication d’institutions nouvelles ou de changement de statut d’institutions anciennes toutes aussi budgétivores qu’inutiles les unes et les autres pour la marche de notre peuple vers le progrès qu’il idéalise. Dans ce sens, les Burkinabè honnêtes et raisonnables se sont interrogés et en sont encore à s’interroger, par exemple, sur la pertinence et l’urgence du projet de passage à la cinquième république dont l’organisation du référendum coûtera la bagatelle de 20 milliards de nos francs.

Dans un tel contexte, est-il juste, honnête et responsable de la part du gouvernement de demander aux seuls travailleurs de l’éducation nationale de se sacrifier en renonçant à leurs revendications, alors qu’il a accédé à celles de ceux des autres secteurs? De toute évidence, eu égard à tout ce qui précède, la réponse à cette interrogation ne peut être que négative. Car, comme on le dit, nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Dès lors, il importe au gouvernement, sans faux-fuyants, de trouver impérativement une solution juste, équitable, appropriée et immédiate à cette crise qui, si elle venait à s’installer durablement, hypothéquerait non seulement l’avenir des élèves, mais aussi celui de la Nation entière.

C’est donc le lieu, ici, d’appeler également les parents d’élèves, les élèves et tous les Burkinabè épris de justice et soucieux de l’avenir du pays, à soutenir le mouvement des travailleurs de l’éducation, pour une sortie rapide de crise qui permettra de sauver l’année scolaire en cours.

Vive l’éducation!

Vive les enseignants!

Vive le Burkina Faso!

Jean-Baptiste Natama
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