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Le CESDS ou les malheurs de Barry
Publié le jeudi 4 janvier 2018  |  L`Observateur Paalga
Colloque
© aOuaga.com par A.O
Colloque international sur la sécurité dans la bande sahélo-saharienne
Mardi 5 septembre 2017. Ouagadougou. Le Centre d`études stratégiques en défense et sécurité (CESDS) organise un colloque international de 72 heures sur le thème général "Perspectives sécuritaires dans la bande sahélo-saharienne : quelles stratégies efficientes et transformationnelles ?". Photo : Auguste Denise Barry, directeur du CESDS




On n’a pas fini d’épiloguer sur le coup d’Etat du 16 septembre 2015 que l’on entend encore parler de tentative de déstabilisation au Burkina Faso. Alors que la Chambre de contrôle de l’instruction militaire vient de rendre, le vendredi 29 décembre, son arrêt après de longues semaines consacrées à la mise en accusation de ce feuilleton judiciaire fleuve, l’on apprenait le même jour l’interpellation du colonel Denise Auguste Barry. Gardé à la gendarmerie, il a finalement été déféré à la MACA (Maison d’arrêt et de correction des Armées).

Autant dire qu’entre deux verres, les Burkinabè ont passé le réveillon entre interrogations, supputations et conjectures. C’est d’abord au regard de la personnalité de l’intéressé : éphémère ministre de la Sécurité sous Blaise Compaoré, c’est véritablement sous la Transition que celui qui était réputé être le grand cerveau de Zida (ancien Premier ministre) va se révéler au grand public en tant que ministre de l’Administration et de la Sécurité. Adulé par les uns et vomi par les autres, notamment les éléments de l’ex-RSP (Régiment de sécurité présidentielle) qui finiront par obtenir son départ du gouvernement, ce sécurocrate était le Diendéré de la Transition. Par ses manières expéditives, il s’est fait de solides inimités aussi bien au sein des casernes que dans les états-majors politiques. Et qui sait si son éviction n’a pas fragilisé son compère Zida ? Depuis lors, il avait disparu des radars politico-militaires avant de réapparaître sur l’écran avec l’érection du Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS) basé à Ouaga.

A défaut d’une communication officielle sur le sujet, que faut-il entendre par déstabilisation ? Est-ce utilisé en lieu et place de ce vilain mot de coup d’Etat, que les militaires du Zimbabwe n’ont pas osé prononcer il y a quelques semaines de cela quand ils ont déposé le vieux Bob, ou est-ce pour une autre raison ? Toujours est-il qu’une autorité suffisamment responsable ne peut s’amuser avec ce sujet sans détenir à tout le moins un faisceau de présomptions suffisamment solides avant d’engager la moindre action qui soit. Quels éléments tangibles les « grandes oreilles » du Faso ont-elles pu capter pour justifier cette interpellation ? C’est la question que l’on ne peut pas manquer de se poser.

Il faut espérer en tout cas pour l’autorité qu’elle a des indices suffisamment graves et concordants. Autrement, c’est sa crédibilité qui est en jeu. Cela, d’autant plus qu’une bonne partie des Burkinabè est pour le moins sceptique. Car, sauf à devenir fou, comment un officier aussi brillant que lui, qui jouit d’une certaine aura et à la tête d’un think-tank qui fait déjà référence dans la sous-région et même au-delà, peut-il gâcher ce capital par une action inconsidérée ? Si le coup d’Etat de « Golf », il y a deux ans, avait été qualifié de plus bête du monde par le président guinéen, Alpha Condé, quel qualificatif aurait-on utilisé pour cette déstabilisation, tuée dans l’œuf, si elle avait éclos ?

Pour quelqu’un dont le nom revenait avec insistance pour occuper l’ANR (Agence nationale de renseignement), il s’agit d’une véritable déconvenue stratégique. Et il est à craindre que, si cette situation devait évoluer dans le mauvais sens, ce ne soit une liquidation en bonne et due forme de sa nouvelle structure. En vérité, l’on se demande si les malheurs de Barry ne sont pas nés avec l’érection de son CESDS. Dieu seul en effet sait comment cette initiative a été mal vue par la hiérarchie militaire qui avait fait des tirs de barrage, et même par le politique qui, à dire vrai, ne voulait pas en entendre parler. On se rappelle comment la cérémonie officielle d’ouverture de cette structure, le 20 septembre 2016, a été boudée par la crème politique et militaire.

Est-ce vrai par ailleurs que l’initiateur de ce centre préparait un document où il mettait à nu la stratégie sécuritaire du pays ? Notre confrère Jeune Afrique s’en était fait l’écho en ces termes : « …Après avoir organisé un colloque mi-septembre, le CESDS préparait activement la publication d’un rapport sur le terrorisme au Burkina Faso. Une cinquantaine d’experts y analysent le phénomène, qui a fait en deux ans 133 victimes, sous l’angle sociologique, anthropologique et historique, dressant un tableau alarmant de la situation – marquée par la recrudescence des attaques contre les forces armées dans le Nord. Le document pointe par ailleurs du doigt le sous-équipement ainsi que le manque chronique d’effectifs des forces armées. Des failles imputées au régime de l’ex-président Blaise Compaoré, à la transition politique dirigée par Michel Kafando et, aujourd’hui, au régime du président Kaboré».

Dieu seul sait donc combien de griefs l’on peut mettre sur le dos d’un initiateur de pareil document. De l’accusation de déstabilisation à l’atteinte au moral des troupes en passant par la divulgation du secret militaire. Pour tout dire, 2018 commence avec une odeur de soufre pour le Burkina, l’armée traversant une sorte de malaise et de grogne étouffés, notamment chez les militaires qui sont au front. En disent long le déplacement du chef d’état-major des armées pour fêter le réveillon avec ces derniers et son post sur les réseaux sociaux appelant à la sérénité.



Issa K. Barry
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