Sa première grande tournée après son élection, Alassane Bala Sakandé, président de l’Assemblée nationale, l’a réservée à la région des Hauts-Bassins, à travers ce séjour, les 15 et 16 décembre 2017, dans la ville de Sya avec au menu la visite de notabilités coutumières et religieuses, de centres d’enfants en difficulté, une rencontre avec les forces vives de la région ainsi qu’un détour dans le quartier Belleville pour s’enquérir des conditions de vie des étudiants.
Vendredi dernier, à Ouagadougou et à la première heure, un client s’est présenté à une société de transport de la place. Prenant soin de se renseigner par cette phrase « Le ticket, c’est par où ? », il a fait le rang. Quand son tour est arrivé, il a sorti deux billets de banque de 5 000 francs CFA de son portefeuille, qu’il a remis à l’agent derrière le guichet. En échange, ce dernier lui a délivré le billet de voyage qui lui permettra de rallier Bobo-Dioulasso, à plus de trois cents kilomètres de là.
Scène banale dans la vie ordinaire d’une gare ? Oui ; sauf que le passager en question est la deuxième personnalité de l’Etat, un président de Parlement, Alassane Bala Sakandé, pour ne pas le nommer. « Nous n’avons pas décidé de prendre les cars de transport en commun parce que nos véhicules sont en panne ou que nous n’avons pas de carburant. Notre pays ayant des moyens limités, nous devons, en tant que premiers responsables, montrer l’exemple », s’expliquera-t-il plus tard.
En attendant, lui et sa suite, composée de son staff et de députés de tous bords politiques, se sont engouffrés dans le car, mettant le cap sur Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina. Près de six heures plus tard, le paysage particulier de la capitale des Hauts-Bassins s’offre aux voyageurs. A la sortie de gare, un accueil princier est réservé au visiteur du jour. Il s’est traduit par les nombreux accueillants, avec au premier rang le gouverneur de la région, et une parade de motocyclistes et de cavaliers jusqu’à son pied-à-terre sis à quelques encablures de là.
Ainsi donc commence la tournée de celui qui a été nommé suite à la disparition du Dr Salifou Diallo. Sa première sortie, il l’a réservée à la ville de Sya, une démarche qui a été visiblement bien appréciée de la plupart des interlocuteurs rencontrés. A cette sortie, il n’y avait de place pour les longs salamalecs. Passé le cérémonial de l’eau de l’étranger, c’est aussitôt parti pour les visites, qui ont démarré avec la prière du vendredi à la mosquée de Dioulassoba, une séance couronnée par un don fait par Alassane Sakandé pour la réhabilitation de l’édifice religieux historique en chantier. « Priez pour nous afin qu’à l’Assemblée nationale nous soyons toujours aux côtés du peuple », a été la demande adressée à l’imam, qui ne s’est pas fait prier pour réciter une Fatiha (premier verset du Coran) conséquente pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Le déroulé du programme s’est ensuite poursuivi avec de déférents bonjours à des notabilités coutumières et religieuses de la ville. Chez le chef du canton des Bobos-Mandarè, c’était l’audience royale des grands jours, lui qui a reçu le visiteur dans ses appartements privés avant l’audience sous son « appâtâmes ». A cet endroit, les novices seront édifiés sur les youyous typiques des femmes bobos à chaque fin de phrase de leur chef, d’où, parenté à plaisanterie oblige, cette rigolade d’un membre de la délégation, d’ethnie peule, quand elles se sont rendu compte de son appartenance ethnique : « Quittez là-bas ! Vous n’aurez rien. Pendant que les autres chantent pour qu’on leur donne quelque chose, vous, vous pleurez. » Conséquence, il n’a dû son salut qu’à l’agilité de ses jambes.
A suivi un détour chez le Mollo Sanou, chef des Bobos-Dioulas, chez le chef des Dioulas descendants de la princesse Guimbi Ouattara et à la communauté peule. Pour qui s’y connaît un peu en matière de nos us et coutumes, notamment de parenté à plaisanterie, l’arrivée et le séjour, si bref soit-il, d’un descendant de la communauté de Yarcé (Ndrl : à laquelle appartient le président de l’Assemblée) doivent se dérouler dans une ambiance dénuée de grand protocole et même de raillerie permanente.
En guise de bienvenue, lui a été servi du lait frais qu’il a bu d’un trait et avec délectation, même si après, il se refusera à reconnaître la qualité de la boisson qui lui a été proposée. Quand la délégation quittait ces lieux pour l’archevêché, la nuit avait enveloppé le ciel de son sombre manteau. Monseigneur Paul Ouédraogo a apprécié, comme il se doit, cette visite de l’occupant du Perchoir et a, comme la plupart des autres personnalités rencontrées, prôné la paix et la cohésion entre fils et filles du pays.
Le lendemain, soit le samedi 16 décembre, un programme tout aussi chargé que la veille attendait le président du Parlement burkinabè. La mi-journée a été consacrée à la visite du Centre de récupération et de réhabilitation nutritionnelle (CREN) sis dans l’enceinte du plus grand centre sanitaire de la région, le Centre hospitalier universitaire Sanou-Souro, de deux orphelinats que sont le NID, qui accueille des enfants en détresse (abandonnés, orphelins ou dont les parents ont un handicap mental), et SOS Village d’enfants, qui accueille également l’enfance en difficulté (lire encadré 1) ainsi qu’à la méga rencontre avec les forces vives de la région, dans la cuvette du centre culturel de Bobo.
Issa K. Barry
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