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Indemnisations riverains barrage de Samandéni : «Les pêcheurs en eau trouble ne remettront pas en cause la bonne exécution du protocole» (Abdouramane Ouattara, président du cadre de concertation)
Publié le vendredi 15 decembre 2017  |  L`Observateur Paalga
Construction
© aOuaga.com par A.O
Construction de l’échangeur du Nord : des riverains exigent des indemnisations conséquentes
Des populations touchées par les travaux de construction de l’échangeur du Nord, notamment des maraichers, ont animé une conférence de presse le 28 décembre 2016 à Ouagadougou pour exiger des indemnisations conséquentes avant tout déguerpissement




Lancés officiellement en janvier 2010, les travaux de construction du barrage de Samandéni ont réellement commencé en juin 2010. La mise en eau du barrage, elle, a été faite le 7 juillet 2017. Quant aux indemnisations des populations affectées, elles vont bon train même si des mécontents exigent la démission du ministre de l'Eau et de l'Assainissement, Niouga Ambroise Ouédraogo, ainsi que du coordonnateur du Programme de développement intégré de la vallée de Samandéni (PDIS), Abdoulaye Ouédraogo. Dans les lignes qui suivent, le président du cadre de concertation des populations affectées par le barrage, Abdouramane Ouattara, fait le point de la situation et se félicite des résultats déjà atteints. Selon cet économiste gestionnaire, par ailleurs maire de la commune de Karangasso-Sambla, les manifestations de protestation ces derniers temps procèdent soit d'une méconnaissance des termes du protocole d'accord, soit d'une mauvaise foi des acteurs de l'ancienne équipe qui sont dans une logique de vengeance et de sabotage.

Le cadre de concertation des populations affectées par le barrage de Samandéni, dont vous êtes le président, a tenu récemment une assemblée grandeur nature sur le site du chantier ; pouvez-vous nous faire une synthèse de cette rencontre ?

Effectivement le cadre de concertation des populations affectées par la construction du barrage de Samandéni a tenu une assemblée pour faire le point à mi-parcours des mesures de sortie de crise que le gouvernement a bien voulu entériner en Conseil des ministres du 2 novembre 2016. Ces mesures salvatrices ont fait l'objet d'un protocole d’accord en dix-sept points conclu entre une commission interministérielle, mise en place par le gouvernement, la Coordination du PDIS et le Cadre de concertation, représentant les populations affectées. Elles visent l'amélioration des conditions de délocalisation et d’indemnisation des populations résidantes de la cuvette du barrage de Samandéni. C'est pourquoi le gouvernement a avalisé ledit protocole afin que nous l’utilisions comme boussole pour avancer.

Ce protocole répond-il aux aspirations réelles des populations affectées et quel en est le coût financier ?

Le protocole d’accord a été conclu sur la base des négociations faites à partir du mémorandum qui exprimait les préoccupations des populations affectées en une vingtaine de points. Toutes ces préoccupations ont été prises en compte et il y a été trouvé des solutions partielles pour les unes et totales pour les autres. Je puis donc vous assurer que c'est vraiment un accord qui prend en compte les intérêts des populations affectées en ce sens que les mesures prescrites devront améliorer sensiblement nos conditions d’indemnisation et de délocalisation. Pour ce qui est de la question du montant, je crois que la mise en œuvre des mesures en faveur des populations affectées coûte 22 milliards de francs CFA qui seront entièrement supportés par le budget de l’Etat. Cela concerne les indemnisations directes, qui devraient être payées aux populations, ainsi que les investissements à réaliser dans la zone d’aménagement du barrage.

Parlant de l'amélioration de la vie des populations affectées par le barrage, comment cela se traduit-il sur le terrain conformément aux promesses ?

Le protocole d’accord est assorti d’un programme de mise en œuvre, ce qui fait que tout est parfaitement vérifiable. En tant que populations affectées par le barrage, nous sommes reconnaissantes au gouvernement de la mise en œuvre de ce protocole d’accord qui a significativement changé non seulement le quotidien des ménages mais aussi la vie de nos collectivités autour du barrage du point de vue socio-économique. Faites vous-même un tour dans la zone et vous verrez des réalisations que les mesures nouvelles du protocole d’accord ont permis de faire : deux CSPS (Sadina, Djifoloma), normalisation de trois écoles primaires (Sinfra, Banakorosso, Maganfesso) et près de douze grands magasins en construction pour les populations. Par ces mesures nouvelles, près de seize adductions d'eau potable simplifiées (AEPS) avec des châteaux sont en train d’être faites dans tous les villages affectés tout comme environ près de 100 kilomètres de pistes rurales pour désenclaver toute la zone du barrage. Toujours selon le programme d’exécution, tous les villages affectés devront être dotés d’une plate-forme multifonctionnelle pour aider les femmes à amoindrir la pénibilité des travaux ménagers, et des mesures d’accompagnement, qui concernent les dotations en intrants et matériels agricoles, doivent s’étaler sur au moins deux ans à partir de l’année 2018.

Et les questions liées à vos indemnisations ?

Pour les indemnisations directes, payables aux populations, c’est vrai que nos prétentions n’ont pas été comblées, comme d'ailleurs dans tout processus de dialogue, mais ce qui a été fait est vraiment bon à prendre vu le contexte économique dans lequel le gouvernement a accepté de revoir nos conditions. En effet, tous les ménages (environ 6 000) ont bénéficié d’une aide à la reconstruction de 900 000 FCFA, de 50 000 FCFA pour accomplir des rites culturels liés aux tombes et de frais de déplacement allant de 20 000 FCFA à 50 000 FCFA. Notons aussi que, dans le cadre du protocole d’accord, le gouvernement nous a remboursé les 20 % de nos payements qui avaient été injustement retenus et payé le relèvement de 30% des indemnisations des vergers. Présentement nous sommes en train de finaliser les payements des indemnisations des terres évaluées dans les limites des bornes des eaux du barrage. Tous ces paiements concourent à l’amélioration des conditions socio-économiques dans la zone du barrage en conformité avec l’engagement du cadre de concertation.

Vous dites donc que le processus est actuellement au stade de l’indemnisation des terres englouties par les eaux du barrage ; concrètement, comment ça se passe à ce niveau ?

Tout se déroule conformément aux accords du protocole : la première étape, l’indemnisation des champs engloutis par les eaux, concerne environ 3 000 personnes qui sont presque toutes payées au prix consensuel de 425 000 FCFA l’hectare. Seul le village de Sikorola attend son payement, qui est imminent ; la deuxième étape va concerner l’évaluation et l’indemnisation au même montant des terres qui ont servi de sites d’accueil aux populations déplacées.

Mais pour ce qui est des questions de terres, il faut pouvoir tenir un langage de vérité aux populations qui sont installées sur les berges du barrage. Nous avons négocié et obtenu l’indemnisation de la terre en faveur de l’exploitant puisque celui-ci perd son activité à cause du barrage. Le PDIS, après des études géotechniques, a défini et établi les limites des plus hautes eaux du barrage. Ces limites ont été matérialisées par des bornes avec la collaboration des élus locaux et des chefs de tous les villages affectés réellement par le barrage. C’est donc à l’intérieur de ces bornes reconnues comme étant la cuvette d’eau que les champs recensés sont évalués pour être indemnisés. Il n’est donc pas possible de prétendre à une indemnisation quelconque d’un champ dès lors qu’il est situé en dehors des bornes qui limitent la cuvette d’eau du barrage. Les critères étant préalablement ainsi définis, vous conviendrez qu'il ne revient pas au cadre de concertation de décréter unilatéralement que des champs situés au-delà des limites matérialisées par les bornes feront l'objet d'indemnisation.

Mais c’est bien là le point de discorde avec certains qui se considèrent délaissés et dénoncent ce qu'ils appellent une injustice !

Effectivement, les indemnisations des terres font des grincements de dents que l’on devrait éviter pour peu que l’on soit de bonne foi. Vous savez, nous avions obtenu que l’on paye certaines indemnisations comme l’aide à la reconstruction, les frais de rites culturels, les frais de transport à toutes les populations affectées sans distinction ; ensuite, les indemnisations des propriétaires d’arbres fruitiers et de vergers ont été normalement payées à ceux qui le sont réellement. Donc l’indemnisation des terres doit être faite au bénéfice de ceux dont les champs sont exactement dans les limites qui bornent les plus hautes eaux du barrage et aussi de ceux dont les champs ont servi de sites d’accueil aux populations déplacées. Voilà, en vérité, le principe du travail et qui est objectif, permettant à chacun de savoir à quoi s'en tenir ; malheureusement pour des intérêts personnels ou des considérations politiques, certains manipulent et instrumentalisent les populations installées en dehors des limites de la cuvette d’eau du barrage en leur faisant espérer une probable indemnisation. C’est fait à dessein pour simplement perturber ou saboter le processus, mais nous savons aussi quels sont ceux qui sont à la manœuvre dans cette bassesse.

A qui faites-vous allusion ?

Vous savez qu'il y avait une ancienne équipe qui s'est illustrée par la corruption si bien qu'il a fallu remettre les choses à plat en 2015 et mettre en place le cadre de concertation des populations affectées. Celui-ci, s'inspirant des erreurs du passé, a adopté une méthode participative et transparente qui n'est pas du goût des pêcheurs en eau trouble. Pour rallier le maximum de personnes à leur lutte aventurière qui ne repose sur aucun fondement légal et aucune réalité du terrain, ils ont politisé leur mouvement. Nous pensons que c'est regrettable pour ce processus qui est hautement social.

Vos détracteurs disent que certaines populations n’ont pas reçu leurs indemnisations comme promis. Ils ont même manifesté à Bobo-Dioulasso pour dénoncer l’exécution du protocole d’accord. Qu’en est-il exactement ?

Nous suivons parfaitement toute cette machination, et je peux vous assurer que la bonne exécution du protocole d’accord signé avec le gouvernement ne sera pas remise en cause du fait des agitateurs qui poursuivent plutôt des intérêts politiques. Je vous disais tantôt que les réalisations faites dans le cadre du protocole d’accord sont bien visibles dans les villages affectés et que concernant les indemnisations directes des populations, le PDIS est presque à 85 % de l’ensemble des payements en prenant en compte les cas de retardataires et quelques réclamations. Alors, s’il y a des gens qui prétendent n’avoir pas reçu leurs indemnisations comme prévu, qu’ils nous le fassent savoir, preuves à l’appui. Il n’y a pas de problème, le cadre de concertation va se charger de poursuivre toutes les réclamations réelles et objectives, car c’est bien pour l’intérêt de nos populations que nous nous sommes engagés. Quand j’ai lu la déclaration des marcheurs, j’ai compris que les meneurs méconnaissent vraiment les termes du protocole d’accord et surtout qu’ils ignorent les préoccupations majeures des populations affectées par le barrage. Ils font certainement de la surenchère inutile. Sinon comment peut-on proclamer que des gens n’ont pas reçu leurs indemnisations alors qu’ils brandissent des protocoles de paiement ? S’ils ont attendu la fin du processus d’indemnisation pour engager cette protestation aventurière, c’est sans doute à cause des indemnisations des terres, mais ils ne sont pas dans la zone impactée par le barrage. C'est donc une fausse querelle qu'on nous fait, car cette lutte n'est pas dans le champ d'action du cadre.

Savez-vous que ces frondeurs exigent le retrait du cadre de concertation, le départ du coordonnateur du PDIS et même celui du ministre de l’Eau ?

C'est une preuve supplémentaire qu'ils ignorent les fondamentaux de tout le processus de délocalisation de nos populations, et cela est vraiment ahurissant. Il serait plus sage de leur part de chercher à comprendre certaines choses en acceptant d’aller à la source de l’information juste pour mieux s’éclairer. C’est bien l’actuel ministre de l’Eau qui a relancé le dialogue pour la sortie de crise avec les populations affectées qui s’opposaient aux travaux du barrage depuis 2015. Le protocole d’accord dont il est question de nos jours est le reflet des revendications exprimées par la base et portées par le cadre de concertation si bien qu'il a été entériné par le Conseil des ministres. Alors, où étaient ces justiciers d’une autre époque pendant que les populations affectées luttaient au risque de leurs vies pour exiger la prise en compte de leurs préoccupations majeures dans le processus de délocalisation ? Comment peuvent-ils donc surgir aujourd’hui du néant pour faire des injonctions alors que les aménagements du barrage qui sont terminés ne les touchent en rien ? C’est quelles doléances qu’ils ont donc posées au coordonnateur du projet ou au ministre de l’Eau et qui est restée sans suite au point qu’ils exigent le départ de ces derniers ? Le cadre de concertation, c’est avant tout une association des populations qui sont établies dans la zone depuis et qui ont des intérêts socio-économiques réels impactés par le barrage. Notre sort n’est donc pas un fonds de commerce pour marchands d’illusions qui, au mépris de tout bon sens, clament que l’Etat devrait octroyer gracieusement 15 millions à chacun des 8 000 ménages.

Quels sont les termes du protocole d’accord qui restent à mettre en œuvre à la date d’aujourd’hui ?

Normalement d’ici la fin de l’année 2017, toutes les indemnisations directes des populations seront terminées avec les derniers payements des champs des villages affectés dans les limites de la cuvette d’eau et par les sites d’accueil. Nous allons donc suggérer à la coordination du projet de permettre une rallonge de deux mois maximum pour traiter totalement tous les cas des retardataires et les réclamations en impliquant comme toujours l’administration locale et les autorités des différents villages affectés. Selon le programme, les mesures d’accompagnement dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage et des formations seront entamées dès 2018 pour faciliter l’insertion socio-économique des populations des villages déplacés. Aussi, nous espérons la fin des réalisations des infrastructures d’ici la fin de l’année 2018 pour effectuer une évaluation de tout le processus de délocalisation et d’indemnisation. Enfin, le cadre de concertation devra s’impliquer pour que nos populations soient vraiment prises en compte dans l’exploitation du barrage et de ses infrastructures annexes.

Auriez-vous un message particulier à lancer ?

Je voudrais simplement exprimer au nom de tous les points focaux du cadre de concertation une grande reconnaissance aux populations affectées qui ont, malgré tout, consenti des sacrifices énormes pour que le barrage soit réalisé. Je voudrais remercier tous les chefs et autorités des villages affectés pour leur engagement sincère dans la mise en œuvre du protocole d’accord qui, quoi que l'on dise, a significativement amélioré le quotidien de nos populations.

Le barrage de Samandéni est enfin mis en eau depuis le mois de juillet 2017, et nous sommes sur le point de finaliser le processus de délocalisation et d’indemnisation des populations.

En mai 2016, le coordonnateur du projet et le ministre de l’Eau avaient fait une tournée pour s’imprégner des réalités de nos populations dans toute la zone de réalisation du barrage. Après la signature du protocole d’accord, le Premier ministre en personne est venu visiter le chantier du barrage et rencontrer toutes les composantes ethniques qui sont sédentarisées dans la zone pour s’assurer que tout se passe bien. Comment des imposteurs peuvent-ils surgir après tout ce qui est fait pour créer la diversion dans le seul but d'assouvir leurs désirs inavoués ? C'est pourquoi je demande aux populations réellement affectées de rester sereines et au gouvernement d’instaurer le respect de la légalité afin d’éviter que l’anarchie s'installe.

Abdou Karim Sawadogo
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