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Affaire Norbert Zongo: Ce chiffre 13 qui poursuit le « petit président »
Publié le jeudi 14 decembre 2017  |  L`Observateur Paalga
François
© AFP
François Compaoré
François Compaoré




On ne sait pas si la date a été choisie au hasard, mais ça semble être un étrange clin d’œil à l’histoire. C’est en effet hier, 13 décembre 2017, que François Compaoré a comparu à partir de 14h 30 à la barre de la chambre du contrôle de l’instruction de la Cour d’appel de Paris pour se voir notifier la demande d’extradition formulée contre lui par le Burkina Faso dans le cadre du dossier de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.

Cette audience de notification de la requête d’extradition et de vérification de l’identité du prévenu coïncidait, jour pour jour, avec le 19e anniversaire de l’assassinat du directeur de publication de L’Indépendant et de ses trois compagnons d’infortune (1), retrouvés calcinés en rade de Sapouy le 13 décembre 1998.

Tout de suite, beaucoup de gens y ont vu la main assassine du pouvoir, notamment celle de François Compaoré, dans la mesure où le journaliste enquêtait sur la mort de David Ouédraogo, le chauffeur du « petit président ». L’assassinat du journaliste a connu un retentissement médiatique international, et la mobilisation populaire qui s’en est suivie a secoué les bases du régime de Blaise Compaoré.

Malgré tout, à cette époque, que la suspicion sérieuse fût justifiée ou pas, François ne risquait pas grand-chose tant que son aîné, Blaise Compaoré, était au pouvoir. On a vu comment il a pu se tirer à bon compte du procès de l’affaire David Ouédraogo, où il a été cité comme… simple témoin.

Mais face à la fronde populaire née du drame de Sapouy, le pouvoir a été obligé d’accepter la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante (CEI) dont le rapport d’investigation a, d’une part, conclu que le journaliste a été tué pour ses articles qui visaient à faire la lumière sur la mort de David Ouédraogo et, d’autre part, désigné six suspects sérieux (2), tous membres de la sécurité présidentielle.

Par la suite, une instruction a été ouverte et confiée exclusivement au juge Wenceslas Ilboudo avec des moyens conséquents.

Après avoir inculpé l’adjudant-chef Marcel Kafando en mai 2006, il rendra en sa faveur le 18 juillet 2006 une ordonnance de non-lieu simplement parce que le seul témoin à charge s’était rétracté. Pour un enterrement de première classe, c’en était vraiment un. Avec cette décision de la justice, Norbert Zongo venait de mourir une seconde fois.

Pour le pouvoir, une chose était de tenir la justice en laisse et l’autre était de contenir et même d’étouffer les nombreuses conséquences sociales et politiques de la tragédie de Sapouy.

L’autodafé a en effet donné lieu à une manifestation monstre qui a fait vaciller le régime. C’était de loin l’une des crises les plus importantes que le Burkina Faso ait connues depuis son indépendance.

On a peut-être tort de penser que c’est depuis l’insurrection que « plus rien ne sera comme avant », car c’est depuis 98 que le changement était en cours au Faso. Le pouvoir a été bien obligé de concéder de nombreuses réformes qui étaient impensables jusque-là :

- le redécoupage des circonscriptions électorales ;

- l’introduction de la proportionnelle au plus fort reste ;

- le verrouillage de l’article 37 qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Plus tard en 2014, c’est justement la volonté de Blaise de sauter le verrou de ce fameux article qui causera sa chute.

C’est vraiment depuis cette période que plus rien ne sera comme avant. Et avec la chute du régime consécutive à l’insurrection populaire, à l’image du dossier Thomas Sankara, le dossier Norbert Zongo semble sur un boulevard. L’interpellation de François à Paris en est une parfaite illustration.

On ne sait pas si l’extradition demandée par le Burkina Faso aura une suite favorable. Difficile, pour l’instant, d’en avoir le cœur net, malgré les espoirs récemment suscités par Emmanuel Macron lors de son fameux discours à l’université de Ouagadougou.

En attendant que ce précieux colis soit expédié ou non à Ouaga, plusieurs personnes restent inculpées dans le dossier Norbert Zongo, même si trois des suspects sérieux sont aujourd’hui morts (3).

La nouvelle instruction du dossier Zongo suit son cours. François Compaoré est poursuivi pour incitation à l’assassinat. Après l’audience de notification de la demande d’extradition et de vérification d’identité, François Compaoré, qui est de nationalités ivoirienne et burkinabè, devrait comparaître de nouveau le 7 mars 2018, cette fois-là pour l’audience de fond, à l’occasion de laquelle la Cour décidera si le frère cadet de Blaise Compaoré sera extradé au Burkina Faso.

Cette actualité a donné une coloration particulière aux activités commémoratives de l’assassinat de Norbert Zongo avec ces croisés de l’impunité qui sont persuadés de voir bientôt le bout du tunnel et que justice sera enfin rendue au directeur de publication de L’Indépendant.


San Evariste Barro
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