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Le paysage socio-politique et associatif s’est fortement dégradé (président du Mouvement en âme et conscience)
Publié le lundi 11 decembre 2017  |  AIB




Le «Mouvement en âme et conscience», une organisation de la société civile portée sur les fonts baptismaux en date du 14 mai 2016 se veut un incubateur d’idées novatrices et dont les membres sont appelés des «Humains développeurs». Le président du mouvement, Ibrahima Sori Zerbo, Greffier en chef de profession, qui nous livre la philosophie de sa structure pense que«le paysage socio-politique et associatif du Burkina Faso s’est fortement dégradé».
Sidwaya (S): Le «Mouvement en âme et conscience» vient d’arriver dans la galaxie de la société civile burkinabè. Quelle est sa particularité ?
Ibrahima Sori Zerbo (I.S.Z.): «En âme et conscience» est un mouvement d’hommes et de femmes rassemblés autour d’une philosophie et d’une éthique d’actions novatrices. Le mouvement est un incubateur d’idées novatrices, un mouvement de réflexion, d’actions et de propositions dont les membres sont appelés «Humains développeurs», en abrégé HD.
Il s’inscrit dans une société civile d’analyse, d’actions fortes, de mobilisation des forces vives pour une réflexion prioritairement axée sur des projets fédérateurs; une société civile de savoir, de construction, avec des idéaux nobles et respectueuses des valeurs de la République. Bref, une société civile de critiques constructives et de propositions fortes.
Le Mouvement se veut une réponse à l’absence de citoyenneté, à l’incivisme, à l’exclusion et milite pour la promotion d’un état de droit et des libertés fondamentales. Il se caractérise par son approche holistique et son engagement responsable, basés sur sa Charte.
Le Mouvement en âme et conscience inscrit toutes ses actions dans un état de droit responsable et se veut respectueux des valeurs sociétales et républicaines, c’est pourquoi il invite les Burkinabè à penser utile, parler utile et à agir utile.
Que revêt le concept «Humain développeur»?
I.S.Z.: Ce binôme créé par le Mouvement en âme et conscience participe du constat qui consacre l’idée selon laquelle «investir en l’Humain, c’est libérer son potentiel» et inscrit ses adhérents dans la logique d’une résilience au sous-développement.
Notre engagement fait la différence. Dans cette réflexion et propositions d’actions, pour le Mouvement en âme et conscience, s’engager, c’est choisir, choisir c’est oser, oser c’est croire.
Les Humains développeurs insistent sur l’osmose entre le social et l’économique et affirment qu’autant tout ce qu’un homme réussit dans sa vie dépend de ce qu’il a appris, autant tout ce qu’une société réussit dans son développement est tributaire en grande partie de la qualité des hommes qui la composent. Alors, du berceau à la tombe tout Humain Développeur doit chercher à enrichir son savoir.
Les Humains développeurs sont des Hommes qui, sur un socle de paix et de solidarité active qu’ils ont contribué à bâtir, anticipent, innovent et proposent.
Les HD sont des soldats du développement qui croient en l’Afrique et en ses fils. Ils croient et ce, dans un optimisme réaliste à une philosophie «demainiste» du développement qui devra substituer au chaos et au développement débridé de la société actuelle. Ils croient également à une planification rigoureuse du futur par une anticipation et une vision holistique des objectifs.
Dans cette quête continue du savoir, la réflexion et l’anticipation constituent les leviers d’action des Humains développeurs. Ils réfléchissent, donc ils sont. Ils ont donc l’humilité de réviser et/ou de réajuster leurs idées, leurs politiques quand elles buttent contre des obstacles objectifs.
Bref! L’Humain développeur est un hybride du pragmatisme, de l’idéalisme et du politique. Il met l’empathie, la solidarité au centre de toutes les interactions humaines.
S.: Qu’est-ce qui vous distingue des autres organisations de la Société civile (OSC) ?
I.S.Z.: Pour les Humains développeurs, l’expérience ne signifie plus acquisitions passées mais réalisations futures, et la vérification cesse d’être contemplative pour s’inscrire dans l’action à venir. Ils ont l’obligation de faire naître une diversité de type nouveau résultante d’une analyse approfondie de la biopolitique du présent, des droits et libertés, pour aboutir à une invention préparée.
Ne rien détruire, ne rien rejeter en bloc; savoir capitaliser sur toute action, sur toute entreprise et/ou idées, contribuer à la réflexion collective, valoriser la complémentarité entre les Hommes et surtout travailler à instaurer le dialogue, des échanges positives, encourager la médiation participative en privilégiant l’intérêt général, le sentiment d’appartenance, du vivre ensemble constitueront la quintessence de nos actions. Nous travaillerons à faire émerger de nouveaux modèles et des communautés désireuses d’innover.
Les Humains développeurs s’engagent et encouragent toutes les actions de développement, leur engagement reste volontaire et s’inscrit dans un désir d’apprendre, de comprendre et d’interroger.
Ils forment une communauté d’apprentissage et s’entourent de repères d’actions assorties à l’égalité des sexes, au complémentarisme humain, à l’engagement citoyen, aux droits humains, à la médiation, au règlement des conflits, au leadership, aux approches participatives pour mieux réfléchir et agir.
Nous sommes donc tous autant que nous sommes des potentiels et possibles Humains développeurs.
S.: Le paysage socio-politique et associatif de notre pays est assez mouvementé. Quelle lecture en faites-vous?
I.S.Z.:C’est difficile de dissimuler le cadavre de l’éléphant sous les feuilles mortes. Tous autant que nous sommes, sauf refus de la vérité ou mauvaise foi, nous savons que le paysage socio-politique et associatif du Burkina Faso s’est fortement dégradé.
Cette situation délétère est d’autant plus déplorable que nous avons vécu ces derniers moments des spectacles désolants d’hommes politiques, de partis politiques et des errements de certaines organisations de la société civile sans discernement, ni analyse préalable.
Ces derniers développements sont symptomatiques du paysage politique et associatif de notre cher Burkina Faso.
Vous conviendrez avec le Mouvement en âme et conscience que tout cela a comme conséquence, une politisation négative des esprits au détriment d’une réflexion critique, contradictoire et positive sur le développement du Burkina Faso. Le pays a atteint le paroxysme déprimant d’une crise économique et sociale persistante faite d’incivisme, de défiance des textes et lois de la république. Tout cela se justifie évidemment par le manque de leadership et de gouvernance.
Ne soyons pas étonné donc que plus de 60% de la population active cherche son salut dans les kiosques PMU-B
S.: Certaines organisations de la société civile ont-elles, selon vous, investi le champ politique?
I.S.Z.:Assurément oui! Car nous assistons aujourd’hui à une politisation des organisations de la société civile, puisque c’est sous ces oripeaux que se cachent certaines personnes pour assouvir leur dessein funeste. En effet, on peut caractériser certaines associations d’OSC politiques, mais notre chance, c’est qu’il existe encore et toujours ce que j’appelle une société civile de développement, irrémédiablement auprès des populations. Pour mieux comprendre cette politisation, il faut regarder qui sont les leaders, quels sont les objectifs et surtout les moments et les circonstances de la création.
Je profite ici, en ma qualité de Président du Mouvement en âme et conscience, inviter les autorités en charge des organisations de la société à être un peu plus regardant sur les textes qui régissent les droits et les devoirs des OSC.
J’attire l’attention des OSC qu’il y aura toujours des partis politiques qui tenteront de les instrumentaliser ou corrompre pour atteindre leurs objectifs, mais il vous appartiendra de faire preuve d’une résistance morale à toutes pressions d’où qu’elles viennent.
S.: Quelle doit être, selon vous, l’abécédaire d’une OSC ?

I.S.Z.:C’est tout simplement le respect des textes fondateurs du mouvement et de l’éthique de conduite qu’on s’est fixée. Une OSC est en principe apolitique comme le stipule l’article 4 de tous les statuts.
Pour moi, Président du MEAC, une OSC digne du nom se doit d’accompagner le processus de développement à travers des propositions fortes, des critiques constructives, des actions participatives terrain et des actions de contrôle citoyen, le tout dans une logique d’inclusion.
S.: Avez-vous déjà mené des activités sur le terrain?
I.S.Z.:Comme tout mouvement, nous avons eu des rencontres préalables de présentation et d’échanges avec la présidence du Faso et Sa Majesté le Mogho Naaba pour ne citer que les deux. Nous travaillons à mettre en place les structures déconcentrées du Mouvement. Mais, il faut noter que nous avons réagi par des alertes face à des situations que nous avons jugées critiques. Nous avons, entre autres, lancé des alertes suivies de propositions fortes, auPrésident du Faso sur les groupes d’auto-défense et sur la situation de la jeunesse; au Président de la Commission chargé de la révision constitutionnelle sur l’indépendance de la justice; au Directeur du Cabinet du Président du Faso sur sa sortie en rapport avec la situation des agents de la Fonction Publique.
En prévision pour l’année 2018, nous entreprenons la tenue d’un panel participatif sur l’engagement citoyen. Ce panel dont le thème est: «Reconstruire le lien civique: Problématique de l’engagement citoyen-appartenance républicaine et développement».
Je profite de votre journal pour inviter les bonnes volontés à nous accompagner pour la réussite de cette activité.


Propos recueillis par Souleymane SAWADOGO
Ibrahima Sori Zerbo: «Le paysage socio-politique et associatif du Burkina Faso s’est fortement dégradé»
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