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Evasion de Charles Duallio de la MACO : 36 mois de prison ferme requis contre l’assistant Bandé
Publié le mercredi 6 decembre 2017  |  Le Pays
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© Autre presse
Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou ( MACO)




Le 4 juillet 2017, Charles Duallio était condamné à 36 mois ferme et à plus de 29 000 000 de F CFA de peine pécuniaire, pour abus de confiance. Contre toute attente, le 8 juillet 2017, le prisonnier s’est évadé alors qu’il était sorti pour des soins à l’extérieur. L’assistant de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) qui l’avait accompagné, a été le premier à être déposé à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Par la suite, les assistants Tankoano et Ibrahim Bassolé ont aussi fait l’objet de dépôt à la MACO. Ils étaient tous trois à la barre, le lundi 4 décembre 2017, au Tribunal de grande instance de Ouagadougou, pour répondre des faits d’évasion de Charles Duallio, qui leur sont reprochés.

Après plusieurs renvois, le procès de l’évasion de Charles Duallio mettant en cause des éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) a enfin pu commencer non sans des exceptions soulevées par les avocats de l’Etat. En effet, les observations faites par ces derniers sont relatives à la compétence du Tribunal de grande instance (TGI). Les avocats estiment que ce tribunal est incompétent pour connaître de cette affaire parce que l’Etat intervient comme civilement responsable. Les avocats de la partie adverse estiment que la prétention des avocats étatiques est dépourvue de fondement juridique et que la compétence civile est adossée à la compétence pénale. Et c’est le procureur qui a mis un terme au débat. Il estime qu’il est important d’aller dans le fond pour savoir qu’il y a dommage afin de le réparer. C’est ainsi que les débats de fond ont débuté. Et c’est l’assistant Bandé Ali, qui était chargé d’escorter le prisonnier le jour où les faits se sont produits, qui a ouvert le bal. De prime abord, il n’a pas reconnu les faits d’évasion du prisonnier Charles Duallio qui lui sont reprochés. « Le 7 juillet, au soir, j’ai reçu un coup de fil de Bassolé qui m’informe que le lendemain, un détenu doit sortir pour des soins à l’extérieur ». C’est ainsi que le lendemain matin, le 8 juillet, il s’est rendu à la MACO. « Le chef Tankoano m’a donné les papiers. J’ai fait sortir le prisonnier, le chauffeur était prêt pour nous conduire à l’hôpital Saint Camille. J’ai pris le papillon avec Tankoano sans chercher à savoir où nous allions. Arrivé à l’hôpital, il m’a demandé d’appeler un de ses proches pour honorer les frais de soins », explique l’assistant Ali Bandé. C’est ainsi qu’il a fait appel à Robert, l’ami de Charles Duallio. Et l’assistant Bandé de poursuivre : « Celui-ci a fait plus de 45 minutes avant de venir. Quand on attendait le médecin, Charles Duallio s’est mis à saigner. Il m’a alors supplié de l’amener chez lui à Saaba pour qu’il puisse traiter son mal à l’indigénat. Arrivé chez lui, il m’a proposé un repas que j’ai refusé mais j’ai fini par accepter un thé. Après avoir bu le thé, je me suis endormi. Et c’est Charles Duallio lui-même qui m’a réveillé vers 13h et m’a demandé si je pouvais l’aider avec un paquet ». C’est alors que le prisonnier lui a demandé de se rendre à l’hôtel Ricardo situé à Tanghin, pour remettre ledit paquet à quelqu’un qui devait lui donner de l’argent et des produits pour lui. « Et c’est le frère de Charles Duallio, Herman, qui m’a accompagné », précise Ali Bandé. Arrivé sur les lieux, l’assistant dit avoir remis la somme de 1 000 F CFA à Herman pour « qu’il s’asseye quelque part en attendant qu’il finisse ». Selon toujours l’assistant Bandé Ali, il a attendu plus de deux heures de temps sans pouvoir rencontrer celui chez qui on l’avait envoyé. Pour tout dire, il n’a pas pu rencontrer l’individu en question. L’assistant a donc décidé de rejoindre le prisonnier à Saaba, mais c’est à quelques mètres de la maison du prisonnier que « je ne voyais pus le véhicule de Robert. J’étais paniqué et j’ai donc appelé le chef de poste pour dire que j’ai failli à ma mission ». Après ce récit, le juge a trouvé qu’il y a des irrégularités entre ce qui est écrit sur le procès-verbal de l’enquête préliminaire et les propos de l’assistant Bandé Ali. « J’étais perturbé à ce moment », se défend-il. « Et qu’est-ce qui prouve que tu nous dis la vérité aujourd’hui ? », reprend le juge. Et « votre déclaration a été faite 50 jours après les faits ». Rebondissant sur le fait d’amener le prisonnier à la maison parce qu’il souffrait, le juge demande : « Y a-t-il un meilleur endroit pour soulager que l’hôpital ? Pourquoi ne l’avez-vous pas envoyé aux urgences ? C’est vous qui conduisiez le détenu et non lui qui vous conduisait ». Et le juge d’ajouter qu’«il n’est marqué nulle part que l’assistant doit envoyer le prisonnier à la maison ». Pour le ministère public, l’objectif n’était pas d’envoyer le prisonnier en soins extérieurs puisque selon lui, les documents qui ont été signés pour lui permettre de sortir sont faux. Et le juge de renchérir que plusieurs appels ont été passés entre Robert et l’assistant et ce, entre 13h et 14h 26mn, soit 6 à 7 coups de fil.


Le lundi 4 décembre dernier, l’assistant Bassolé est aussi passé à la barre. Il dit avoir tenté d’appeler Bandé Ali à plusieurs reprises, mais il ne l’a pas eu. Ce n’est qu’à 18h qu’il a reçu l’appel de Bandé lui disant qu’« il a failli à sa mission ». C’est suite à cela que celui-ci s’est déplacé sur les lieux, c’est-à-dire à Saaba, au domicile du prisonnier, pour « s’imprégner de la situation ». Et il y a été conduit par l’assistant Tankoano qui avait donné l’ordre de conduire le prisonnier en soins à l’extérieur. Lui aussi affirme qu’il était présent quand l’assistant Bassolé a reçu le coup de fil de Bandé Ali qui lui disait qu’«il a failli à sa mission ». Le juge a demandé à Tankoano s’il a appelé Robert, l’ami de Charles. « Non », répond l’assistant Tankoano. « Et pourtant un appel a été émis de votre numéro pour contacter Robert ». Et le procureur d’enfoncer le clou : « Pourquoi voulez-vous nier l’évidence ? Vous avez appelé Robert à 16h 31mn, pendant qu’il était avec l’évadé à la frontière du Ghana ». En tout cas, Tankoano dit ne pas avoir appelé Robert. « L’appel existe bel et bien », soutient le procureur.

Ousséni Ouédraogo, ex-Directeur de la MACO, est aussi venu donner sa version des faits de même que l’inspecteur Yaméogo Jean- Baptiste, chef de sécurité au moment des faits. Ils disent tous avoir reçu l’information de l’évasion de Charles Duallio et ils ont rendu compte à leurs supérieurs hiérarchiques respectifs.

Après les plaidoiries des différents avocats, le procureur a requis 36 mois de prison ferme contre l’assistant Ali Bandé, et 18 mois ferme contre l’assistant Tankoano. Le procureur a également demandé la relaxe de l’Assistant Ibrahim Bassolé au bénéfice du doute. Le délibéré est prévu pour le 18 décembre prochain.

Françoise DEMBELE
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