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Procès GSP : A la barre pour « service rendu »
Publié le mardi 5 decembre 2017  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse
Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou ( MACO)




Trois Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) ont comparu le 4 décembre 2017 au Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou pour l’évasion, le 8 juillet dernier, du détenu Charles Dualio. Le ministère public a finalement requis la condamnation de deux d’entre eux. Le principal prévenu, Ali Bandé, qui a reconnu sa faute professionnelle, a indiqué avoir voulu rendre service à un « détenu modèle » qui a finalement abusé de sa confiance.

Il est 11h dans la grande salle d’audience du TGI. Une affaire de vol passe à la barre. Comme d’habitude, les autres prévenus attendent dans un coin de la salle l’appel de leur dossier. Isolés des autres par un banc, trois prévenus : Ali Bandé (35 ans), T. Tankoano(36 ans) et Ibrahim Bassolé (38 ans). A l’appel de leur nom, quelques minutes plus tard ils s’avancent vers le tribunal et effectuent un garde-à-vous. Ces gardes de sécurité pénitentiaire comparaissent pour connivence à évasion. Le fugitif est Charles Dualio, un escroc notoire condamné le 6 juillet 2017 à 55 mois d’emprisonnement ferme et à une amende d’environ deux milliards de francs CFA.

Vêtu d’un survêtement bleu, la voix à peine audible – il sera invité à plusieurs reprises à parler dans le micro —, le principal accusé, Ali Bandé, dit avoir été victime de son humanisme. Selon ses dires, le 7 juillet au soir, il a reçu un appel téléphonique de son chef de poste, Ibrahim Bassolé, l’informant de ce qu’un détenu, sans préciser lequel, avait bénéficié d’un ordre de conduire pour des soins extérieurs pour le lendemain. Ce n’est que le 8 juillet, en venant exécuter sa mission, qu’il apprend que c’est Charles Dualio qu’il doit escorter. Ce prisonnier a bonne réputation à la MACO et bénéficie de la confiance du personnel.

Ali Bandé indique avoir conduit le malade à l’hôpital Saint-Camille et non à la clinique Sandof comme le stipule l’autorisation. De là, il a appelé un ami de Dualio, « comme cela se fait généralement », un certain Robert, pour qu’il vienne régler les éventuels frais de soins, les détenus n’ayant pas d’argent sur eux.

Entre-temps, le délinquant en col blanc, qui souffre d’une infection urinaire, s’est mis à « uriner du sang ». « Il n’y avait aucun médecin. Il m’a demandé de l’amener chez lui à Saaba pour qu’il prenne des médicaments traditionnels. J’ai eu pitié de lui. Quand Robert est arrivé, nous sommes rentrés dans son véhicule pour aller au domicile de Charles », raconte le prévenu à la barre. La suite est un peu fort de…thé. Selon en effet l’assistant GSP, une fois chez lui, son prisonnier lui aurait fait boire du thé, ce qui l’a endormi pendant des heures. A son réveil à 13h, il serait devenu comme la marionnette de son prisonnier. Ce dernier lui aurait remis un paquet à remettre à un des amis à Tanghin, vers l’hôtel Ricardo. Accompagné du propre petit frère du détenu, il s’est rendu au lieu du rendez-vous. Le mystérieux ami ne viendra jamais. De retour à Saaba, il a constaté peu avant 18h que l’arnaqueur s’était volatilisé. Il apprendra plus tard que Charles et son ami Robert ont pris la route du Ghana.

Devant les juges, Ali Bandé a plaidé la faute professionnelle, reconnaissant sa négligence. S’il a ainsi fait aveuglément confiance à Dualio, c’est que, selon ses dires, celui-ci avait toujours eu un bon comportement en prison.

Son supérieur hiérarchique Ibrahim Bassolé affirme n’avoir été informé ni du changement de destination ni des initiatives de son subalterne pendant la mission. Il assure avoir appelé au téléphoné l’assistant Bandé, qui lui a indiqué que « tout se passait bien ». Ce n’est qu’à son second coup de file que son subordonné l’informera de la fuite du détenu. Il aurait entrepris de se rendre au domicile du fugitif pour s’enquérir de la situation. Il y a été accompagné par T. Tankoano, le troisième prévenu. Selon des relevés téléphoniques, ce dernier aurait eu deux contacts téléphoniques avec le dénommé robert le 6 et le 8 juillet, jour des faits. Mais il nie le second appel.

Appelé en qualité de témoin, l’ancien directeur général de la MACO, Ousséni Ouédraogo, déclare avoir signé l’ordre de conduire sur la base des préconisations de l’infirmier. Il précise n’avoir aucun élément lui permettant de douter de cet avis médical.

Le procureur a requis 36 mois ferme pour Ali Bandé et 18 mois pour T. Tankoano. Pour lui, cette évasion constitue un plan qui a été bien ourdi. Il a souhaité cependant la relaxe d’Ibrahim Bassolé parce que le ministère public n’a pas suffisamment d’éléments pour prouver sa culpabilité.

Les avocats de la défense ont, eux, plaidé la négligence et pas l’acte délibéré. Citant des propos du substitut du parqueur, ils ont rappelé que Charles Dualio était connu pour être un « beau parleur », « un manipulateur » qui savait amadouer son monde. Ils ont donc demandé la relaxe de leurs clients. La décision du tribunal sera connue le 18 décembre 2017.

Outre la bataille entre accusation et défense, deux autres entités interviennent à ce procès : la partie civile et l’Etat. En effet, les victimes de Charles Dualio à qui il avait l’obligation de payer une indemnisation ont demandé que l’Etat burkinabè soit cité en tant que civilement responsable. Autrement dit, qu’il paie solidairement à ses agents qui ont fauté la somme que leur devait l’évadé. L’avocat de l’Etat, Me Guy Hervé Kam, s’est employé à démontrer l’incompétence du tribunal à apprécier la responsabilité civile de l’Etat. Pour lui, la faute de l’assistant Bandé est personnelle et n’engage pas la responsabilité de son employeur.


Hugues Richard Sama
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