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Grève des enseignants: Les lycéens en lever de rideau
Publié le jeudi 23 novembre 2017  |  L`Observateur Paalga
Bac
© aOuaga.com par A.O
Bac 2017 : le gouverneur lance les épreuves de la région du Centre
Mardi 20 juin 2017. Ouagadougou. Le gouverneur de la région du Centre, Joachim Somda, a lancé les épreuves de la session 2017 du baccalauréat au lycée Riim Vougré




Les différentes cellules de l’Association des élèves du secondaire de la ville de Ouagadougou (AESO) ont entamé, hier 22 novembre 2017, une grève de 72h. Elles réclament de meilleures conditions d’enseignement et entendent soutenir également leurs encadreurs qui sont en sit-in ce matin pour se faire entendre. Au premier jour, ils ont marché afin de remettre au ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation leur plateforme revendicative.


Pour certains habitants de la périphérie ouest de la ville de Ouagadougou, se rendre à son lieu de travail en passant par l’échangeur a été un calvaire aux environs de 8h. Pris dans la foule de jeunes vêtus en tenue kaki et en blouse bleue, nous sommes informé qu’un mouvement de grève a été enclenché par la section AESO du lycée Bruno Buchwieser, ex-Centre austro-burkinabè, situé à Gounghin. Les lycéens, pour manifester leur mécontentement, ont envahi littéralement la chaussée, empêchant les usagers qui voulaient se rendre en ville de passer. Les automobilistes les plus chanceux ont pu entamer leur montée sur l’échangeur avant de se rabattre sur le sens opposé de la voie, paralysant le trafic, comme pour aggraver la situation. Les manifestants, munis de morceaux de bois, de barres de fer, prennent la direction du centre-ville, bouleversant tout sur leur passage.

Après un tour à la rédaction, nous voilà de nouveau sur le chemin du lycée Bruno Buchwieser. Du côté du cimetière, un cargo de CRS fait le pied de grue. Nous sommes alors à la recherche d’un interlocuteur au milieu d’hommes réputés muets. C’est évident, aucune langue n’osera se délier pour nous dire les raisons de cette matinée surchauffée.

Nous entrons en contact avec l’administration de l’école. Là, après les salamalecs d’usage, le proviseur de l’établissement nous donne des éclaircissements. « Je n’ai pris fonction qu’avant-hier et c’est hier que les responsables de l’AESO m’ont remis une plateforme revendicative. Dans les discussions, ils n’ont pu me dire ce qu’ils réclamaient. Ce débrayage concerne l’ensemble du pays, mais vu le nombre d’élèves que nous avons, quand ils sont dans la rue, ce n’est pas simple », confie Pierre Ouédraogo.

Cap sur le lycée Phillipe Zinda Kaboré. Notre objectif, rencontrer les leaders du mouvement et les différentes sections de l’AESO qui ont répondu favorablement au mot d’ordre de grève.


Plus de peur que de mal


Du véhicule siglé, nous apercevons les jeunes à proximité de l’état-major général des Armées. Impossible de les suivre en voiture. Nous poursuivons donc à pied. Nous sommes en plein dans le tohu-bohu des lycéens et nous apprendrons que les photos ne sont pas autorisées. Et de quelle manière ? Injures, bousculades avec des injonctions de supprimer les images prises. En tout cas nous en avons pris pour notre grade. Heureusement, nous avons juste frôlé le pire. Quand le dialogue s’est ouvert, notre sauveur fut « la carte presse ». Sur tout le trajet, la circulation est chamboulée et les lycéens dictent leur loi. Certains, avec un courage indescriptible, se couchent à même le bitume avec leur vélo, empêchant les usagers de circuler. La marée de jeunes va rebrousser chemin au niveau du rond-point des Nations unies. Un des manifestants nous informe prudemment que leur plateforme revendicative a été remise au MENA, voilà pourquoi ils retournent.


Soutien aux enseignants


A écouter le coordonnateur de l’Association des élèves du secondaire de Ouagadougou, Dramane Sankara, cette grève fait suite à une conférence de presse qu’ils ont donnée le 13 novembre courant. « Nous soutenons nos encadreurs. Certains n’ont jamais pu entamer la rentrée, notamment ceux qui ont été recrutés sur mesures nouvelles, ceux issus de l’école supérieure de Koudougou et de l’Institut des sciences (IDS). Ceux-ci ont fait 8 mois sans salaire. Aujourd’hui, l’ensemble des enseignants va rejoindre les rangs de la coordination des syndicats de l’éducation. On ne peut donc pas rester en marge de cette situation », déclare-t-il. Et de poursuivre : « Au-delà de cela, nous n’exigeons pas que l’ensemble des points de la plateforme soient satisfaits immédiatement, mais il y a des questions qui doivent être résolues pour la bonne continuation de l’année. L’ouverture d’un « Bac pro structure métallique » spécifiquement. Plus de trente élèves ont réussi au BEP, mais il n’y a aucune perspective d’études ni d’emploi », explique-t-il en mâchant son chewing-gum.

Ce sont les élèves d’une dizaine d’établissements publics comme le lycée technique Amilcar Cabral, le lycée Wend Pouiré de Saaba, le Bogodogo, le Zinda, le Bambata, le Marien N’Gouabi, le lycée Bruno Buchwieser, le lycée professionnel Yennenga, le Nelson Mandela, le lycée professionnel régional du Centre et le lycée technique national Aboubacar Sangoulé Lamizana qui ont rallié à pied le MENA pour remettre la plate-forme revendicative au SG, Yombo Paul Diabouga, représentant du ministre.

« Bien avant qu’on dépose notre préavis, avant-hier, pendant les échanges, il n’y a pas eu de consensus. On a senti un manque de volonté. Au sujet des préoccupations des enseignants, ils nous ont expliqué qu’une commission a été mise en place par le Premier ministère et que le problème ne relevait plus du MENA. Concernant le « Bac pro », il nous a été signifié que, depuis 2015, un conseil de perfectionnement a été créé et qu’il fallait des équipements, 3 enseignants supplémentaires et des salles de classe. Mais au jour d’aujourd’hui, rien n’a été fait. Les délégués de nos associations d’interpellation sont aussi victimes d’intimidation de la part du régime en place. C’est pour cela que nous avons maintenu la grève. Ils ont un délai de 72 h pour réagir ! A l’issue de cela, nous trouverons d’autres formes d’actions pour la suite de la lutte », prévient Dramane Sankara, le coordonnateur de l’AESO.


W. Harold Alex Kaboré
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