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Jean Marcel Oulé, directeur régional de l’agriculture des Cascades : « Les rendements de maïs vont fortement baisser»
Publié le samedi 4 novembre 2017  |  Sidwaya
Un
© Autre presse
Un sac de maïs.




Longtemps considérée comme faisant partie de l’un des greniers agricoles du Burkina Faso, la région des Cascades connaitra un déficit céréalier cette campagne 2017-2018. Victime de poches de sécheresse et des attaques de chenilles légionnaires, les 256 000 tonnes de céréales attendues ne seront pas atteintes. C’est ce qu’affirme le directeur régional de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, Jean Marcel Oulé.

Sidwaya (S.) : Après la vague de poches de sécheresse et les attaques de chenilles légionnaires qu’a connu la région des Cascades, comment se présente la physionomie des champs en cette fin de saison des pluies?

Jean Marcel Oulé (J.M.O.) : La campagne agricole de saison humide s’est déroulée dans la région des Cascades en dents de scie. Ce que nous avons remarqué comme constance, c’est qu’il y a eu plusieurs séquences sèches. Sur les sept postes de la région, régulièrement, nous avions enregistré des écarts négatifs en pluie tombée au fil de la campagne, en dehors de Banfora et à Loumana qui ont présenté des écarts positifs jusqu’à un moment donné. Sur l’ensemble de ces postes, Sindou présentait l’écart négatif le plus poussé avec -399 mm d’eau au 30 septembre 2017. Et si nous faisons une moyenne à la même date sur l’ensemble de la région par rapport à 2016, nous avons en moyenne 957 mm de pluie tombée en 58 jours contre 825 mm en 53 jours en 2017. Vous voyez que l’écart est négatif, mais tout est aussi une question de répartition des pluies dans le temps. Il y a eu des pluies, mais qui ne se sont pas révélées des pluies utiles pour les plantes. Les séquences de sécheresse que nous avons connues ont sérieusement perturbé le cours de la campagne. En fin avril et début mai, on a enregistré des pluies malheureusement qui n’ont pas été beaucoup utiles pour les producteurs. Le calendrier agricole recommande qu’ils commencent à faire les labours en ce moment, mais beaucoup sont restés à attendre. Au mois de mai, lorsque les pluies se sont installées, ils ont procédé au semis du coton, des arachides et du fonio. Les semis du maïs ne sont intervenus que pendant la deuxième décade du mois de juin parce qu’en fin mai et début juin, il y a eu une poche de sécheresse qui n’a pas permis à beaucoup d’exploitants de faire des semis. A cela, courant fin août et début septembre, Niangoloko et Sidéradougou ont durement été éprouvées par 21 jours sans pluie, et le stress hydrique était vraiment prononcé avec des portions entières de champs de maïs et de parcelles de riz brûlées. Beaucoup de bas-fonds n’ont pas pris de l’eau et les rendements risquent de prendre un coup. Quand on regarde un peu la fréquence des pluies, on peut avoir des craintes. Pour ceux ayant semé en mai et juin, le maïs qui est une culture assez importante dans la région, il n’y a pas de problème et beaucoup même ont commencé à récolter. Par contre, il y a des frayeurs pour les semis tardifs comme le sorgho qui commence à épier.



S. : De façon générale, comment se présente en ce moment l’état végétatif des céréales ?

J.M.O. : Les céréales présentent plusieurs stades. Le maïs en majorité, est au stade de maturité, le niébé également est au stade de récolte et depuis pratiquement un mois et demi, l’arachide est récoltée. Il n’y a que le mil et le sorgho où il faut encore attendre. Là aussi, il y a plusieurs stades et il faut encore quelques pluies pour que ces spéculations là puissent boucler leur cycle.



S. : En plus des poches de sécheresse, la région des Cascades a connu l’apparition des chenilles légionnaires dans les champs. Quel est l’impact des deux phénomènes sur les rendements agricoles ?

J.M.O. : Effectivement, la région des Cascades fait partie de l’une des régions à connaitre les chenilles légionnaires dès leur apparition, avec le Sud-Ouest et un peu le Centre-Ouest. Au début, les gens l’ont minimisé, mais au fur et à mesure, on s’est rendu compte qu’ils avaient un impact négatif certain sur les plantes, surtout lorsqu’ils attaquent les jeunes pousses de maïs, parce que les chenilles se sont surtout attaqué dans la région des Cascades au maïs et un peu au riz. Cela a occasionné par endroits, des re-semis. Nous avons dû nous organiser, et nous avons suffisamment communiqué à travers les médias pour alerter les producteurs qui n’avaient jamais vécu un tel fléau. Leur réaction a été immédiate, et dès qu’ils venaient, nous avons mis à leur disposition des produits pour lutter contre ces prédateurs, en plus de la formation de certains d’entre eux pour renforcer les brigadiers des zones. Et lorsque nous avons fait le point, nous sommes à 15 000 hectares de touchés pour 14 400 hectares de traités. Il s’est avéré entre temps, que les quantités de produits fournis par le ministère en charge de l’agriculture étaient insuffisantes, et nous avons recommandé à des producteurs de s’approvisionner auprès de certaines maisons spécialisées ayant des produits adaptés. Des producteurs ont passé outre nos recommandations et ont acquis sur le marché des produits tout venant, donc peu efficaces, alors qu’il faut des produits systémiques. L’incidence de ces chenilles est aujourd’hui importante, parce que lorsque les produits utilisés n’ont pas été efficace, les chenilles vont finir par rentrer surtout pour le maïs, dans les épis et continuer d’évoluer. Le risque, ce n’est même pas seulement cette année, mais l’année à venir. Nous avons intérêt entre acteurs, à plus communiquer autour de ce fléau, parce que son incidence risque d’être plus grave l’année prochaine, du fait que nous voyons des papillons issus de ces chenilles qui ont commencé à voler, et qui vont certainement pondre des œufs sur des plantes hôtes et au moment venu, vont éclore. Je crois que le ministère est en train de prendre des dispositions.



S. : Ces deux éléments combinés, à savoir les attaques de chenilles et les poches de sécheresse vont-ils influer les rendements agricoles ?

J.M.O. : C’est certain, il y aura un impact. Si on prend par exemple la production de riz, les rendements vont fortement baisser, parce qu’il y a des pans entiers de parcelles qui ont brûlé du fait des poches de sécheresse. Et comme les bas-fonds n’ont pas pris d’eau, ils risquent de ne pas boucler leur cycle. Mais, il y a des bas-fonds où le riz est bien à maturité et les récoltes ont même commencé. Pour le maïs, les rendements vont fortement baisser et on n’aura pas les productions attendues. En début de campagne, nous escomptions produire en céréales toutes tendances confondues, 256 000 tonnes, mais tout porte à croire que cette prévision ne sera pas atteinte, surtout avec ces épisodes de sécheresse. Cela dit, on ne va pas s’alarmer, et nous espérons qu’il y aura encore quelques pluies pour boucler le cycle des plants de re-semis. Nous sommes restés toujours positifs et ce qui est sûr, les gens vont récolter, mais les performances attendues ne seront pas atteintes et c’est un peu ça la difficulté.



Propos recueillis par Frédéric OUEDRAOGO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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