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L’Observateur N° 8420 du 19/7/2013

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Opposition politique/société civile : En attendant l’inévitable jonction
Publié le lundi 22 juillet 2013   |  L’Observateur


Mise
© aOuaga.com par A.O
Mise en place du Sénat: l`opposition dans la rue pour une grande journée de contestation
Samedi 29 juin 2013. Ouagadougou. Des dizaines de centaines de marcheurs à la place de la Nation pour protester contre la mise en place du Sénat et contre la vie chère sur toute l`étendue du territoire national


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La guerre de la rue a-t-elle commencé? nous demandions-nous à la une de notre édition du 8 juillet, cela, par suite de la succession des marche-meeting de l'opposition du 29 juin et contre marche-meeting du pouvoir du 6 juillet, contre-marche-meeting qui ne dit d'ailleurs pas son nom.

Notre interrogation est plus actuelle, puisque,notamment à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso samedi 20 juillet, une manifestation, de la société civile cette fois contre la vie chère, a viré au réquisitoire contre le régime en place tant, dans la situation nationale actuelle, marquée par le débat sur le déverrouillage du nombre de mandats présidentiels et les élections, prochaines, des sénateurs, la politique s'invite systématiquement dans les manifestations pro ou contre le pouvoir; toutefois, du nouveau dans cela : samedi 20 juillet, c'est une manifestation des organisations de la société civile (OSC), en l'occurrence la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption , la fraude, l'impunité et pour les libertés (CCVC),r egroupant une quarantaine de syndicats et d'organisations de défense des droits de l'homme et présidé par Tolé Sagnon, qui a subi cette dure loi de la conjoncture politique nationale : les cris de détresse des populations montent face à la vie chère et à la misère, causées, entre autres, par l'augmentation des prix des hydrocarbures en 2011 et de ceux du gaz en 2013, et les augmentations annoncées de ceux du riz, du lait, de l'huile alimentaire et du ciment aggraveront davantage la situation.

C'est dans cette situation que le pouvoir tente un passage de force pour modifier l'article 37 de la constitution et instituer la seconde chambre du Parlement (Sénat), qui coûtera cher au contribuable, or la démocratie burkinabè souffre moins d'une insuffisance du nombre d'institutions que de leurs dysfonctionnements et des intérêts qu'elles défendent; par ailleurs, si, par l'institution du Sénat, c'est la base du débat démocratique qu'on entend élargir, que déjà, on adopte courageusement les candidatures indépendantes aux législatives et aux municipales, a dit, en substance, Tolé Sagnon pour camper le décor de la manif de la société civile. Morceaux choisis : "Blaise game is over, quand le peuple s'égyptise, Blaise se morsifie, révisez les salaires et non les articles(sous-entendus de la constitution), une accoucheuse vaut mieux qu'un sénateur", lisait-on sur des banderoles. Soit dit en passant, au Brésil dans une manifestation monstre pour dénoncer l'investissement de sommes astronomiques (9 milliards d'euros de prévus) dans le foot pour préparer le mondial 2014, un médecin valait mieux que Neymar. Mondialisation, quand tu nous tiens, pas seulement sur le plan économique, mais aussi en matière de lutte des travailleurs pour leur mieux -être! Quant à l'égyptisation du peuple et à la morsification de Blaise...

En attendant, qu'est-ce que des questions fondamentalement politiques viennent faire dans des préoccupations éminemment sociales, pourraient se demander les puristes de la séparation entre revendications sociales et politiques, entre OSC et partis politiques, dénonçant peut-être les liaisons, quelque fois dangereuses, entre politique et société civile : ainsi, n'a-t-on pas assisté à un tel copinage au sein du Collectif des organisations démocratiques des masses et de partis politiques, constitué par suite de l'assassinat de notre confrère Norbert Zongo en décembre 1998, dont certains se sont démarqués pour ne pas être débordés, société civile et structures partisanes, même quand elles dormiraient sur une même natte, ne faisant pas les mêmes rêves? En effet, alors que les unes ne se préoccupent que de la conquête et /ou de la conservation du pouvoir politique, l'autre, en principe tout au moins comme les médias véritablement de service public, s'attelle à la défense de l'intérêt général. Résultat de cette séparation au moins en apparence, le "Lion du Bulkiemdé," qui a sans doute cru bien faire pour la bonne cause en y prenant part tout homme politique qu'il est, n'eut pas droit à une place léonine, conduit qu'il fut à un siège de sa royale majesté de la savane sous la tente des ... journalistes.

Saluons à travers cet incident l'esprit de distinguo des responsables des manifestations tantôt politiques, tantôt à caractère civil : en effet, si lors de la marche-meeting de l'opposition, les personnalités de la société civile étaient persona non grata, à la manifestation du CCVC, c'est les responsables politiques qui étaient mal venus , pour éviter de prêter le flanc au camp d'en face? A moins que société civile et partis politiques se soient répartis les tâches et que chacun doivent rester strictement sur ces plates-bandes, n'est-ce pas là une pure et dure démarcation vaine, l'importance à accorder à la résolution des problèmes sociaux étant tributaire des régimes politiques, gauchistes et très sociaux voire même socialistes autrefois, et libéral, ultralibéral à la Tatcher ou néolibéral faisant moins ou plus une croix sur le social? Tolé Sagnon, secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina, est-ce pour cela que vous avez déclaré aux participants au meeting de la CCVC qu'"on peut remplacer Blaise Compaoré par quelqu'un d'autre qui retient les mêmes politiques néo-libérales. Dans ce sens, nous devons développer un esprit critique vis-à-vis des différentes forces politiques qui tentent de se présenter comme des alternatives au pouvoir actuel mais, pour la plupart, partagent les fondamentaux de la politique néolibérale du régime en place"? Par la plupart , mettez-vous à l'index Ablassé Ouédraogo et le chef de file de l'opposition, Zéphirin Diabré, respectivement ex-directeur général adjoint de l'OMC et ancien administrateur associé du PNUD?

Le débat politique étant mené de plus en plus dans la rue avec les risques de dérapage que ça comporte soit parce que la base des militants pousse à la transformation d'un simple meeting en marche non autorisée, soit parce que le camp d'en face infiltre des fauteurs de troubles, nous ne tirerons jamais assez sur la sonnette d'alarme à ce sujet, surtout quand, comme samedi passé, c'est des milliers de citoyens qu'on mobilise.

Comme on le constate jusque-là, l'opposition poltique et la société civile descendent dans la rue en rangs séparés. Mais si le povoir ne prête pas une oreille attentive aux grondements qui montent, il est fort à parier que ces deux entités de la vie nationale finissent par faire la jonction. Avec tout ce que cela comporte comme nouvelle menace sur la paix. Certes le gouvernement semble avoir entendu les cris de famine de la coalition contre la vie chère avec l'annonce du Premier ministre d'ouvrir cette semaine des concertations. Mais les seules réponses aux revendications sociales suffiront-elles à ramener l'apaisement ?



La Rédaction

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