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Le Quotidien N° 822 du 20/7/2013

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Situation Nationale : l’avertissement sans frais des évêques
Publié le lundi 22 juillet 2013   |  Le Quotidien




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La lettre pastorale des évêques du Burkina est toujours attendue comme un des moments forts de la vie nationale. Depuis quelque temps, beaucoup s’impatientaient de ne pas entendre la voix de l’Eglise, sur la crise sociopolitique que traverse le Burkina. Une voix, bien entendue, qui compte. Car l’Eglise, depuis l’avènement de Mgr Philippe Ouédraogo comme archevêque métropolitain de Ouagadougou, a retrouvé son esprit critique. En outre, c’est un euphémisme de dire que cette Eglise est la mieux organisée, la plus proche des populations, la plus riche en intellectuels de haut vol. On peut donc comprendre qu’au regard de la profondeur de ses analyses et de l’intérêt qu’elles suscitent auprès des fidèles et des populations burkinabè en général, elle ait pris le temps nécessaire pour une réflexion. C’est désormais chose faite. Le 15 juillet dernier, les évêques ont signé une lettre, qui vient d’être rendue publique. De façon méthodique, comme à leur habitude, les responsables de l’Eglise catholique du Burkina ont passé au scanner la situation nationale, diagnostiqué les maux de notre société et fait des recommandations.
Pour une radioscopie sans complaisance, la lettre pastorale des évêques en est une. Les mots sont forts, à la limite du réquisitoire. Morceaux choisis : « La corruption est devenue aujourd’hui une culture administrative aux pratiques banalisées » ; « A l’analyse, il s’avère que le diagnostic est celui d’une gouvernance de plus en plus déconnectée de la réalité et de l’éthique sociale » ; « La fracture sociale est profonde du fait notamment de la pauvreté de masse lancinante(...), la polarisation de la richesse au niveau d’un groupe qui se partage les pouvoirs politiques et financiers, la corruption et la patrimonialisation de l’État» ; « Dans un tel climat de grande pauvreté où les besoins essentiels de base (santé, éducation, emploi, logement, nourriture) ne sont pas suffisamment couverts et un contexte d’une montée de jeunes à l’avenir incertain on peut s’interroger légitimement sur l’opportunité de la mise en place d’un Sénat ». Parlant de Sénat, on s’attendait à ce que l’Eglise donnât sans ambiguïté une réponse à l’invitation faite aux communautés religieuses de désigner leurs membres. Il faudra attendre une autre fois. Tout en se montrant très critiques envers l’institution, les évêques ont tenu à  réaffirmer que « l’Eglise catholique n’a pas à faire obstacle aux choix institutionnels et à l’adoption du Sénat »
Dans tous les cas, la description de la situation nationale par les évêques est si alarmante, que personne ne peut plus dire : « Tout va très bien, madame la marquise ».Cet avertissement des évêques est en effet très clair : «  Il est plus qu’urgent d’enclencher un sursaut éthique de la société car tout ce climat prépare un avenir incertain, un avenir de tous les dangers. » Il y a donc péril en la demeure, n’en déplaisent à ceux qui refusent de voir la réalité en face. Et surtout, continuer à nier la réalité d’une crise sociopolitique grosse de dangers, c’est faire preuve d’une incurie suicidaire. C’est avoir aussi la mémoire courte, en oubliant les événements de 2011 dont beaucoup de comptes n’ont pas été soldés, notamment sur le plan de la gouvernance. L’arrogance et le mépris dont font montre certains tenants du pouvoir doivent céder rapidement la place au dialogue et au compromis constructifs. Cette attitude est aussi valable pour l’opposition et l’ensemble des organisations sociales. En tout cas, le pouvoir gagnerait à prendre des mesures sincères et non cosmétiques, éviter, comme le dit l’Eglise, que le « Burkina ne devienne une poudrière sociale ». Les évêques ont donné des pistes de sortie de crise qui sont :
« - plus d’équité dans la redistribution des richesses ;
- plus de transparence dans la gestion des affaires publiques ;
- plus d’éthique dans les comportements sociaux et politiques. » Et si on les écoutait pour une fois au lieu de les appeler en sapeurs- pompiers ? .

La Rédaction

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