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Restes de Thomas Sankara: De la terre aux gravats
Publié le vendredi 13 octobre 2017  |  L`Observateur Paalga
Feu
© Autre presse par D.R
Feu Thomas Sankara




En ce midi d’octobre au cimetière de Dagnoën, la chaleur est étouffante. Une piste sinueuse serpente à l’intérieur. Nous l’empruntons à la recherche des tombes des tués du 15 octobre 1987 ou de ce qu’il en reste. Elles sont tout simplement invisibles. Des riverains, adeptes du chemin le plus court et qui passent par la nécropole pour aller quelque part, nous renseignent sur la zone où se trouveraient les sépultures du père de la Révolution et de ses compagnons d’infortune. A pied, nous nous frayons un chemin entre les broussailles, slalomant entre des tombes. Nous butons sur des gravats en ciment. Aux alentours, des trous encore béants par-ci par-là. Oh my God ! Est-ce tout ce qui reste de la sépulture du président Thomas Sankara ? Face à cette scène, nous avions beaucoup de mal à croire que c’était ici que reposait le père de la Révolution burkinabè.

Pour ceux qui s’en souviennent ou qui ont eu connaissance des faits, on croirait presque à un retour à la case départ. En 1987, les suppliciés du 15-Octobre avaient été enterrés à la sauvette la même nuit à cet endroit et dans ce que l’on pourrait appeler « des fosses d’infortune » recouvertes seulement de terre. Quelques années plus tard, la tombe du cinquième président du Burkina (Ndlr : ainsi que celles de ses douze camarades) sera refaite à la hauteur de l’homme que fut Thom Sank. Elle sera ainsi transformée en monument funéraire somptueux de dimension plus ou moins moyenne sur lequel l’on pouvait percevoir les couleurs du pays et lire « Président Thomas Sankara 21 décembre 1949 - 15 octobre 1987 ». Et à partir de ce moment, si l’on a pu penser un instant que celui qu’on appelait « un des espoirs de l’indépendance réelle de l’Afrique » pourrait enfin reposer en paix, eh bien, l’on se trompait lourdement. La tombe du chef d’Etat sera deux fois profanée. C’était d’abord en juillet 2011 et ensuite en novembre 2013, date à laquelle on avait constaté que la stèle portant les inscriptions avait été saccagée. Et comme si tout cela ne suffisait pas, 28 ans après leur assassinat, les dépouilles des martyrs seront exhumées, précisément le 28 mai 2015, pour les besoins de l’enquête ouverte en mars de la même année afin de déterminer si les restes sont les leurs.

Si après la chute du président Blaise Compaoré en 2014, chassé du pouvoir par les insurgés, on pensait pouvoir faire la lumière sur cette affaire, tous ceux qui avaient soif de justice seront vite déçus. En effet, sept mois après, les analyses effectuées par le Laboratoire national de police de Marseille n’ont pas permis d’identifier d’ADN. On se rappelle qu’en son temps, Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille, avait indiqué que cela ne mettrait pas fin à la procédure et que les résultats de l’autopsie ainsi que les données enregistrées lors de l’exhumation sont autant d’éléments qui permettront de poursuivre l’instruction. On sait aussi qu’un mandat d’arrêt international a été émis contre Blaise Compaoré, ex-compagnon d’armes de Sankara qui s’est refugié en Côte d’Ivoire depuis sa chute. Où en sommes-nous aujourd’hui dans ce dossier ? Justice sera-t-elle rendue à Thom Sank ? Où se trouvent ses ossements actuellement ? Avec l’avocat de la famille, Me Bénéwendé Sankara, nous apprendrons que les restes sont entreposés au tribunal militaire. Pour combien de temps ? Jusqu’à la construction de son mémorial ? En attendant, quelle désagréable émotion nous étreint à la vue de l’espace où était inhumé Sankara envahi par les ronces et les herbes, et où des riverains se permettent même d’enterrer leurs proches. Même si les restes du héros national ne s’y trouvent plus, l’environnement ne mérite-t-il pas meilleur entretien ?


Issa K. Barry

Zalissa Soré
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