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Médiation dans la crise malienne : Médiateur trop suspect, protagonistes trop exigeants, un compromis qui sauve la face !
Publié le samedi 20 juillet 2013   |  Le Reporter


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Le Président du Faso, Monsieur Blaise Compaoré, Président du Conseil National de Lutte contre le Sida et les Infections Sexuellement Transmissibles (CNLS-IST)


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Qu’elle fut longue et parfois éprouvante, cette médiation de Blaise Compaoré dans la crise malienne. Elle avait même été enterrée par le gouvernement malien de transition qui jugeait, sans l’avouer, le médiateur trop partisan et trop suspect. Même des chefs d’Etat de la Cédéao, comme le Béninois Yayi Boni et, à une certaine mesure, l’Ivoirien Alassane Ouattara, avaient fini par se convaincre de l’échec programmé de la médiation. D’autres observateurs et analystes avaient clairement affirmé que c’était la médiation de trop pour Blaise Compaoré. Contre vents et marées, celui-ci a tenu bon, décidé à réussir le mandat que lui ont confié ses pairs. Opportunément, il a saisi le contexte post-guerre contre les Djihadistes, pour se relancer. Bénéficiant de l’exigence française (une fixation à la limite obsessionnelle), d’un pouvoir central légitime à Bamako, la médiation a dû recadrer son travail autour des conditions pour l’organisation de l’élection présidentielle. De même, le MNLA, sous pression de toutes parts, avait plus intérêt à sortir par la porte du dialogue en lieu et place d’une déculottée inévitable. Finalement, un compromis a été trouvé mais le plus dur reste à venir.



Pendant une dizaine de jours de va-et-vient, de rencontres plénières et d’audiences séparées, la médiation qui a bénéficié, cette fois, du soutien actif de plusieurs chancelleries diplomatiques et des Nations unies, a réussi à mettre la délégation gouvernementale du Mali sous pression. Mais celui-ci ne s’est pas laissé faire. Les discussions se sont achoppées sur le redéploiement de l’armée et de l’administration maliennes à Kidal, cette ville du Nord encore contrôlée par le mouvement rebelle touareg du MNLA.

En venant à Ouagadougou, la délégation du gouvernement malien de transition espérait obtenir le désarmement immédiat de la rébellion avant son cantonnement sous l’égide de la communauté internationale, notamment les forces de la future Mission des Nations unies pour le Mali (MINUSMA) dont les premiers éléments (des militaires) commencent à être déployés à Kidal. Pour Bamako, il faut désarmer le MNLA, de gré ou de force. L’armée malienne avait d’ailleurs tenté de mettre la pression sur la rébellion et la médiation en reprenant par les armes la ville de Anéfis à une centaine de Km de Kidal, le 5 ( ?) juin dernier, soit à la veille de la négociation. Bluff ou tentative d’intimidation des rebelles en vue de les contraindre à accepter un accord où Bamako obtiendrait entière satisfaction ? Toujours est-il que les autorités de Bamako, convaincues que le MNLA n’est ni représentatif des communautés touaregues ni suffisamment fort militairement pour faire face à une armée malienne formée par des experts européens, remotivée et prête à prendre sa revanche, ne veulent pas négocier avec ces rebelles tant qu’ils n’ont pas déposé les armes. A Bamako, le MNLA est perçu comme un groupuscule de renégats bénéficiant de bonnes protections du médiateur, de la France et pire comme des complices des groupes djihadistes qui avaient occupé toute la partie nord du pays pendant plus de 8 mois. Le MNLA n’est donc, aux yeux de bien des Maliens du Sud, que celui par qui sont arrivés tous les malheurs. D’autant plus que de nombreux touaregs ne manquent pas l’occasion de se démarquer de ce mouvement. Il y a donc trop de ressentiments trop forts contre ce mouvement dans l’opinion publique nationale malienne. Ces ressentiments imposaient pratiquement au gouvernement de transition la position à tenir dans le cadre du dialogue avec la rébellion. C’est donc dans cet esprit de ne rien céder à ces bandes armées, que la délégation gouvernementale est venue à la médiation de Ouagadougou. Mais tout semble indiquer que la stratégie des autorités maliennes de transition n’a pas été payante.

Dans le même temps, les rebelles touaregs avaient pratiquement tout à gagner en venant à la table de négociation. Après avoir été contraints de couper tout lien avec les groupes islamistes djihadistes, le MNLA ne pesait pas lourd militairement. Bien de ses combattants étaient les mêmes que ceux des groupes islamistes. Après la mise en déroute de ces groupes terroristes, la pression était permanente sur le MNLA, tant par la communauté internationale, ses parrains, etc. C’est le fusil sur la tempe que les rebelles touaregs ont entamé le dialogue avec Bamako à Ouagadougou. On comprend donc pourquoi dès leur arrivée à Ouagadougou, le porte-parole de la rébellion a fait savoir que son mouvement renonçait à toute partition du Mali pour donner naissance à un Etat indépendant « L’Azawad ». Le discours a vite changé, l’Azawad ne serait plus qu’une région comme les autres comme le Wassoulou, etc. Bref, le MNLA a décidé de revenir dans la République du Mali. Ouagadougou était une étape de ce retour. Tout accord qui lui permettrait de sauver la face est bon à prendre.

Un autre point dont on parle peu et qui suscitait le courroux à Bamako, c’est cette proposition d’amnistie pour ces rebelles à travers l’annulation des poursuites judiciaires contre les auteurs d’exactions diverses. Pour certains, le médiateur Blaise Compaoré et son équipe veulent imposer à Bamako une impunité des crimes commis par les hommes du MNLA en 2012, lors de leur offensive contre l’armée malienne ainsi que toutes exactions sur les populations civiles qui s’en sont suivies. Mais ce ne serait pas la première fois que la médiation de Blaise Compaoré prêche pour l’impunité des protagonistes de conflits armés. Cela a d’ailleurs contribué à relancer les hostilités dans certains pays comme la Côte d’Ivoire et aujourd’hui le Togo. Pour le cas du Mali, le compromis final ne fait pas cas de cette garantie d’impunité pour les rebelles qui ont exécuté de sang-froid, des soldats maliens, violé des Maliennes, pactisé avec les islamistes et autres groupes terroristes. Pour autant, la médiation n’y a pas renoncé et a sollicité l’intervention personnelle du Président Traoré pour obtenir cette annulation des poursuites. Pour sûr, cette fois, le médiateur ne sera pas entendu. Du reste, il se trompe lourdement en croyant résoudre les problèmes sans un minimum de justice. Les récentes médiations de Blaise Compaoré sont illustratives. Déjà à Bamako, certains candidats à la présidentielle ne cachent pas leur refus de l’impunité. Cet accord préliminaire ne pourrait donc s’imposer au futur Président malien. C’est toute la subtilité que Bamako a réussi à inscrire dans l’accord intérimaire. La seule contrainte qui pourrait s’imposer au prochain Président démocratiquement élu, c’est d’ouvrir un dialogue inclusif de l’ensemble des communautés du Mali, notamment celles du Nord. Il est peu probable que de ce dialogue inclusif, émerge une caution à l’impunité qui, du reste, semble être une motivation supplémentaire pour d’autres rebellions dans l’avenir.

Dans tous les cas, Bamako a cédé à la pression de la communauté internationale en revenant à la table de négociation qui a vu la signature d’un accord préliminaire. Certes, son souhait de voir le MNLA déposer immédiatement les armes pour entrer dans la république n’a pas été exaucé. Mais le drapeau flottera à nouveau à Kidal. Bamako va devoir se résoudre à accepter le redéploiement de son armée et de son administration à Kidal dans les conditions fixées par les médiateurs, du moins jusqu’à l’élection présidentielle. Les rebelles seront donc cantonnées avec armes et bagages sous la supervision des forces de la MISMA et de la MINUSMA. Mais, cet accord n’est que préliminaire. Ce qui veut dire que le véritable accord de paix définitif interviendra après la présidentielle avec un exécutif plus légitime.

Cependant, le plus dur sera la mise en œuvre de ce compromis. Comment les militaires maliens pourraient travailler dans la durée avec ces forces rebelles qui seront cantonnés avec leurs armes sur le dos ? Comment l’Etat pourrait déployer armée et administration dans un contexte d’urgence en ce sens que tout cela doit se faire dans la perspective de la présidentielle du 28 juillet prochain ? Le Mali a-t-il aujourd’hui, les moyens techniques et humains nécessaires pour organiser des élections dans moins d’un mois ? Pourra-t-on assurer la transparence, l’équité, la sincérité et la sécurité des votes ? Que restera-t-il du MNLA au terme du processus, étant entendu que depuis la signature de l’accord de Ouagadougou, bien de ses combattants désertent Kidal avec armes et bagages ?

Autant de questions que bien des Africains se posent légitimement. Pour bien des observateurs, c’est pari presqu’impossible. Certains proposent d’ailleurs que l’échéance soit repoussée d’au moins trois mois pour donner plus de chance au processus électoral de répondre aux normes minimales et acceptables par tous. Il faut espérer que ces élections qui s’organisent aux pas de course, dans un pays qui se relève difficilement de la déliquescence de son armée, de sa classe politique et même de l’Etat, ne soit le point de départ d’une nouvelle tension. Il faut donc espérer que tous ces efforts ne seront pas vains. Et que, comme en Côte d’Ivoire, le compromis de Ouagadougou ne donne lieu à une paix qui n’en est pas une, un boulevard vers des tensions permanentes, bref, une crise sociopolitique sans fin !

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